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La douleur est omniprésente. J'ignore si je dors, si je suis réveillée ou si je me trouve dans un entre-deux... Je ne vois rien, tout est noir, mais j'ai mal, tellement mal...

Je n'entends rien, c'est atroce.. Je suis complètement coupée du monde, c'est le vide intégral. Et ça m'effraie. J'ai besoin de quelqu'un, d'une personne à mes côtés...

Si je pouvais étendre mes bras, je pense que mes mains se refermeraient sur le néant. Il faut que je me réveille, je dois me réveiller, retourner dans le Sanctuaire.

Douleur. J'essaie de respirer à fond, mais j'ai mal, ma gorge me brûle. Douleur, douleur, douleur...

Lumière.

J'ouvre enfin les yeux sur un plafond de planches en bois. Le soleil entre timidement au travers du verre de la fenêtre, me laissant penser que la matinée est déjà entamée depuis un petit moment. Je devrais me lever. Où sont Sorgin et Kelian ? Je ne les vois pas...

Après ce qui s'est passé... je dois des excuses, je crois. J'ai été trop loin. Et ne t'avise pas de me contredire, Morrigan, parce que la douleur dans ses yeux était aussi réelle que toi dans ma tête.

Je n'ai encore rien dit...

Je soupire et essaie de me lever. Des vertiges m'en empêchent durant de longues secondes, mais je finis sur mes pieds, le souffle un peu trop rapide. Purée, on dirait que j'ai bu pendant toute la nuit !

J'atteins la porte du cabanon et sors à la lumière du soleil, cillant un peu. Puis, je fais quelques pas, alors que le souffle discret du vent frais m'effleure, ce qui achève de me réveiller entièrement. J'entends des voix provenir d'un côté du Sanctuaire, alors je me dirige dans leur direction, le pas encore mal assuré et les yeux plissés. J'ai un affreux mal de crâne, mais le pire reste ma gorge, sèche et brûlante. A chaque inspiration, elle me tiraille, alors je respire par petites portions. C'est vraiment désagréable. J'y porte deux doigts et sens une discrète cicatrice sur ma peau, traversant ma gorge de gauche à droite, la barrant d'une légère ligne boursouflée. Je ne retiens pas une grimace. Je ne peux m'y prendre qu'à moi-même, ce coup-ci.

Je contourne quelques troncs, traverse un ruisseau, puis me retrouve face aux deux Loups Supérieurs du Sanctuaire. Kelian s'interrompt à ma vue et son visage se ferme brutalement. Je ne peux lire aucune émotion, je ne sais pas du tout ce qu'il pense et ça m'angoisse, étonnamment. Sorgin, quant à lui, me fait signe d'approcher, et me fait asseoir sur une chaise, sous son regard attentif.

— Lyka... Ça va mieux ?

— No...

Je tousse violemment et sens une souffrance intense se propager depuis ma gorge blessée. Le seul son que j'ai réussi à produire ressemble à un râle d'agonie étouffé... Pas très glorieux.

— Ne parle pas plus, Lyka. Tes cordes vocales ont été touchées, visiblement. Je vais te donner quelque chose pour te soulager, je reviens.

Le loup blanc se détourne, puis se dirige vers son logement et me laisse seule face à Kelian. Qui me fusille à présent de ses yeux argent. Il serre les poings si fort que ses jointures sont blanches.

— Bon, Lyka, puisque pour l'instant tu ne peux pas me répondre, je vais en profiter ! s'exclame-t-il brutalement, me faisant sursauter.

Il se lève, s'approche et me saisit brusquement le menton pour que je le regarde dans les yeux. Le feu dans ses yeux est tellement tangible que je n'ose pas trop bouger...

Eh, oh ! Il va redescendre le petit ! gronde Morrigan dans mon esprit.

Mais là, je sais que c'est de ma faute si tout se passe comme ça, alors je ne dis rien et l'écoute, un peu inquiète devant la colère qu'il semble contenir à grand peine.

Prédation, L.2 : Le Sanctuaire [FINIE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant