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— Lyka ?

— Quoi encore ?! m'écrié-je en me retournant, exaspérée.

Martin se fige et répond d'une petite voix, les yeux rivés au sol.

— Je voulais savoir si tu accepterais de venir au ciné avec mes potes et moi...

Non.

— Écoute Martin, je... Je ne connais pas tes amis.

— Oh, ils sont super sympas ! explique-t-il en souriant un peu, relevant son regard soudainement. Et puis, je leur ai parlé de toi et...

— Tu as fait quoi ?! crié-je en le poussant contre le casier.

Ma main s'écrase contre le métal fin et fragile. Encore une petite poussée et je le traverse comme du papier.

Les yeux effrayés de Martin me fixent et il bredouille.

— Écoute, si tu es sur les nerfs on peut en rediscuter plus tard...

Je crispe mes doigts contre le casier d'une jaune criard. Mes pupilles doivent briller car Martin me lance :

— Euh, tu pourrais me laisser partir ?

Je pousse sur le casier pour m'en éloigner. Martin se décolle du métal canari et prend son sac, puis s'éloigne en lançant :

— Rendez-vous après la pause de midi !

Je manque de lui crier d'aller se faire voir, prise d'une soudain envie de lui faire mordre la poussière. Morrigan doit avoir beaucoup d'influence sur mes nerfs en ce moment pour que de telles pulsions me viennent à l'esprit.

Le stress. Ce doit être ça. L'impatience de partir d'ici. La joie de retourner dans ma Meute. Ou alors l'anxiété que les loups de Rorgan ne me trouvent. Si Martin parle de moi à tout le monde...

Mais je pense que les émotions exacerbées de Morrigan n'aident pas non plus.

Ne me proclame pas coupable de toutes tes sautes d'humeur. Avant que je ne vienne réellement, tu étais déjà exécrable.

Pas faux, reconnais-je avec un sourire. Mais je pensais que j'avais un peu changé, sur ce point-là.

Alors désolée de te décevoir, mais t'es toujours une peste asociale.

Eh bien merci, ça fait toujours plaisir !

Je me dirige vers la cour de récréation en soufflant. Sur mon passage, les élèves s'éloignent, me regardent passer avec suspicion ou crainte, voire mépris. Je les balaie d'un regard froid et ils s'empressent de déguerpir.

Tu vois ? jubile Morrigan.

Je soupire. Évidemment, je ne suis pas la plus avenante des filles.

Je mange dans un coin, en paix, puis attends la sonnerie avec lassitude, les yeux plongés dans les équations de fonctions. J'abandonne assez vite pourtant et me mets à dévisager ouvertement tous les élèves qui passent devant le banc sur lequel je suis assise. Leurs yeux étonnés et méprisants me font sourire d'un air carnassier. On dirait une tueuse en série. En même temps, je suis entourée de proies !

Le brusque bruit de la sonnerie me perce les tympans et je me lève pour repartir en cours. Seulement, sur le chemin, un certain blondinet agaçant me fait signe de la main et s'approche.

— Lyka !

Je soupire et lève les yeux au ciel.

— Alors, tu as réfléchi ? me lance-t-il avec un sourire gêné.

Prédation, L.2 : Le Sanctuaire [FINIE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant