Dix-neuvième Chapitre.

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[Lundi 24 Octobre. Heaven vient de terminer son dernier entraînement avant la guerre en battant Derek et Kali de manière spectaculaire, et a fait face à la fierté de Jorah.]

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Sans un mot, je me relève et sens mes jambes flageoler. Je ne quitte pas Jorah des yeux, mais aperçois Kali et Derek bouger un peu plus loin. Alors, j'arrache mon regard à celui du Sylphe et me précipite vers eux pour les aider à se redresser. J'attrape la main de chacun d'eux et ils me remercient en peinant à se mettre sur pieds. Lâchant des soupirs de fatigue, ils époussettent leurs pantalons et lèvent les yeux vers moi.

— Bravo, souffle Kali. Tu as réussi.

Je hoche la tête et adresse un regard à Derek, qui garde les sourcils haussés en signe d'une stupéfaction incessante. J'esquisse un bref sourire et suis mes deux entraîneurs jusqu'à Jorah, qui n'a pas bougé. En me retrouvant de nouveau face à lui, un énième frisson parcourt mon échine, et je serre mes poings encore douloureux. Le regard que nous échangeons à ce moment est lourd de sens, car il est vidé de tout défi. Jorah observe son oeuvre et j'observe mon créateur. Nous savons que nous avons tous deux atteint nos objectifs, et que la fin est proche. En un regard, nous signons la promesse d'un changement irréversible.

Un silence de mort règne dans la clairière, et même la forêt semble s'être tue pour observer ma confrontation avec Jorah. Pas un souffle de vent, pas un bruissement de feuille, pas un craquement de branche. Juste le silence.

— Frappe moi.

La voix de Jorah déchire l'atmosphère en un souffle, et je manque de sursauter tant ses mots me déroutent. La réaction de Derek et Kali est la même, ils le scrutent d'un air un peu ahuri.

— Pardon ? balbutié-je.

— Frappe moi, répète-t-il. Je veux sentir ta force.

Je fronce les sourcils, et le fixe pendant un court instant. Et il ne m'en faut pas plus pour obéir et lui asséner un violent coup de poing dans le visage. Je sens ma main trembler, et un spasme étrange longe mon dos. C'était de l'exaltation. Je n'avais jamais réussi à le frapper aussi nettement, parce qu'il m'en empêchait toujours. Mais là, j'en ai la possibilité. Et c'est délicieux.

Sans m'assurer qu'il me l'autorise, je frappe de nouveau, et il titube en arrière. Je vois le blanc de ses iris briller, sous ce que je sais être sa propre exaltation. Je peux apercevoir sa joue qui rougit, mais... il sourit. Jorah est en train de sourire. Sentir ma force... ça lui plaît.

Alors je frappe. Encore et encore, je donne des coups de pieds et de genoux dans son ventre, je lui fracasse la tête sur le sol, je me déchaîne sans parvenir à m'arrêter. Jorah ne riposte pas, il me laisse faire et lâche par moment un ricanement effroyable. Mon cœur bat à tout rompre et je pourrais m'effondrer sous la douleur qui triture tout mon corps, mais je n'arrive pas à me retenir. C'est comme si mes instincts ressurgissaient malgré moi, que ma réflexion s'était éteinte pour laisser exploser une bestialité qui ne me ressemble pas. Mais j'aime entendre son souffle se couper, j'aime voir ses membres se contracter, ses lèvres perler de sang, j'aime sentir son corps faiblir par ma faute. J'aime lui faire mal, et me rendre compte de ça me dégoûte autant que ça me donne envie de continuer. Je ne réponds plus de rien.

— Tu aimes ça, hein ? articule Jorah dans un souffle étranglé.

Il lève son visage meurtri vers moi, et je croise son regard pour la première fois depuis que j'ai commencé à le frapper. Dans ses yeux se reflètent les miens, et je peux voir la même lueur dans nos deux regards. Comment est-ce possible ? Comment suis-je capable d'une telle sauvagerie, et comment puis-je adorer ça ?

Différente - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant