Vingtième Chapitre.

11.5K 987 279
                                    

[Mardi 25 Octobre. Le jour J. La veille, Heaven a fait un pacte de sang avec Jorah, et a commencé la préparation mentale à sa fuite.]

_ _ _ _ _

Le son de ma lente respiration est le seul brisant le silence de ma cellule. Je m'habille sans un bruit, voyant la lumière du jour commençant à percer par l'embrasure de la porte. Je fais les cent pas dans ma chambre, ressassant tout ce que j'ai préparé. Hier soir, jusqu'à des heures tardives, j'ai médité, j'ai entraîné mon esprit et ai affiné mes sens. Sur le sol, j'ai plongé dans l'essence de ma magie que je sens vibrer en moi. Mes menottes agissent encore, mais à présent, je peux sentir la flamme de mon psychisme percer et grandir.

Après avoir passé de l'eau glacée sur mon visage, je masse mes tempes et ferme les yeux le temps de prendre une profonde inspiration. Puis, j'essuie mes joues et sors de la salle de bains. Lentement, je m'approche de la porte. Et je frappe. Comme prévu, le garde qui a été placé en surveillance cette nuit particulièrement me répond.

— Est-ce que vous savez l'heure, s'il vous plaît ? demandé-je.

— Bientôt huit heures, mademoiselle. Pourquoi ?

— Je dois sortir, indiqué-je, il faut que je voie Jorah.

— Il m'a donné l'ordre de l'attendre, vous devez rester ici.

— Eh bien, à moi il a dit que si j'avais besoin de lui, je pouvais sortir si vous m'accompagniez. Vous ne voudriez pas risquer de manquer à votre devoir, n'est-ce pas ?

Pendant un instant, un silence pesant règne. Puis, comme je l'avais prévu, le garde déverrouille la porte. Il passe la tête pour me regarder, gardant une main sur la poignée, comme pour s'assurer que je ne compte rien faire. Je lève les mains en signe de paix.

— J'ai vraiment besoin de lui parler.

— Alors ne bougez pas, ordonne-t-il en agitant son couteau sous mon nez.

— Croyez moi, je n'ai pas que ça à faire que me rebeller le jour de la guerre, répliqué-je.

Il me lance un regard perçant, puis ouvre enfin la porte. Il m'agrippe brutalement le bras et je sens tout de suite la pointe de son couteau dans le bas de mon dos. Mon cœur s'emballe, mais je maîtrise tant bien que mal l'angoisse qui tord mes membres et calme la frénésie qui pourrait me troubler.

— Marche, alors, souffle-t-il contre mon cou.

J'inspire doucement, sentant la tension augmenter. C'est la première étape, si je la rate, je ne pourrai pas partir en toute discrétion. Je fais un pas en avant, et une fois concentrée, il ne me faut pas plus d'une seconde pour me retourner et me défaire de son emprise en tordant son poignet. Je plaque le Banni contre le mur en empoignant son couteau, et pose la pointe de la lame sous sa gorge. Je plonge mon regard dans le sien, et sens un frisson d'excitation parcourir tous mes membres.

— Vous ne bougerez pas, et vous n'allez rien dire, parce que vous êtes obligé de m'obéir, articulé-je en l'obligeant à me regarder dans les yeux. Vous n'avez pas le droit de me faire du mal, pas vrai ? Alors essayez, et je vous tue. D'accord ?

Le garde n'hésite pas un instant avant de hocher la tête. Je sais qu'il lui serait facile de m'attaquer avec ses pouvoirs, étant donné que je suis privée des miens. Mais il ne fait pas un seul geste. J'ai réussi.

— Donnez moi les clés, ordonné-je.

Il s'exécute, et je serre fermement le trousseau avant de le tirer par le col et le guider vers ma cellule. Il n'émet aucune résistance. Alors, quand je le pousse dans la pièce, il se retourne vers moi et me considère en silence.

Différente - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant