🐺Prologue🐺

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La lune, froide, solitaire et pure. Cette lune qu'il a l'habitude d'observer longuement chaque nuit, lorsque l'insomnie le prend dans ses filets.

Le ciel noir, insondable, piqueté d'étoiles brillantes et lumineuses, qu'il guette souvent à la recherche de quelque réponse à ses questions innombrables.

Assis là, devant la porte de son logis de bois, éclairé par un astre d'argent, l'homme soupire. Il laisse ses yeux retomber sur terre et murmure pour lui-même des mots que l'herbe seule devait entendre.

— Je les ai vus. C'est encore flou, mais ils vont arriver. Les deux espoirs des loups, les derniers qui pourront mettre fin à une série de génocides.

Il ferme les paupières et inspire l'air pur nocturne.

— Oui, la fille aux yeux de glace, je la vois nettement à présent. L'autre est plus nébuleux, mais sa puissance n'a d'égale que celle de l'autre.

Il rouvre les paupières sur ce Sanctuaire où il veille depuis si longtemps. L'herbe ondule sous la brise, un discret murmure de grillons provient d'un étang dissimulé dans la pénombre. L'homme sourit.

— Bientôt... Bientôt.

***

Loin, loin de là, plus près de la civilisation, un autre homme fixe les étoiles. Ses soucis rident son front et ses yeux brillent. Il réfléchit. Les branches des arbres craquent dans la nuit, le vent souffle entre les troncs mais lui ne frémit pas. Les doutes et les interrogations ne lui laissent aucun repos.

Un bruit léger, si léger qu'il ne l'aurait pas entendu s'il n'avait prêté l'oreille, résonne derrière lui.

— Père.

L'homme se retourne. Une forme sort d'un buisson agilement, sans faire bruisser la moindre feuille. Son fils lève ses yeux d'argent sur lui et parle d'une voix basse.

— C'est dans un peu plus de deux semaines, n'est-ce pas ?

L'homme hoche la tête sans mot dire et reporte son attention sur le ciel. Ses yeux couleur charbon ne quittent plus la voûte étoilée.

— Je sais que tu répugnes à nous laisser partir, reprend le fils.

— Je sais pourtant que c'est la seule solution. Pour son bien à elle, et pour le tien, Kelian.

L'intéressé se poste à la hauteur de son père et lève le visage vers la lune.

— Tu ne l'as encore dit à personne, n'est-ce pas ? s'enquiert le père.

— Non. Je ne sais même pas si je le dirai un jour à quelqu'un, souffle le loup aux yeux gris.

L'Alpha se tourne vers lui et déclame, les yeux brillants :

— Mon fils... Le passé ne doit pas peser lourd sur tes jeunes épaules. Le présent et l'avenir seuls doivent compter, sans pour autant oublier tes racines. N'oublie pas ton histoire, mais ne la laisse pas diriger tes pas en dépit de ta volonté.

L'autre hoche lentement la tête. Son père reprend d'une voix plus douce.

— Un jour, tu le diras à quelqu'un en qui tu auras confiance.

— Peut-être...











Prédation, L.2 : Le Sanctuaire [FINIE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant