Interlude : Enfance d'Hanae

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Le gouffre se tenait sous ses pieds et dans ses bras le nourrisson gesticulait en silence.

Il fallait faire vite, sa mère ne resterait pas inconsciente indéfiniment.

Oui, c'était la meilleure solution... La seule ! On dirait que l'enfant était mort peu de temps après la naissance... Ils avaient déjà une fille après tout... Même si celle-ci avait eu tant de mal à venir et que la première née était destinée au harem impérial...
Non ! Il ne pouvait pas se permettre de prendre le risque !

Il imagina un instant sa femme en larmes à l'annonce de cette nouvelle tragédie familiale... Son serpent siffla d'agacement.

Son esprit s'égara dans les limbes des souvenirs. Il se rappela cette lointaine cousine effacée qu'on lui avait un jour présentée alors qu'il revenait de la chasse... Comme il avait détesté cette petite mijaurée qui sonnait la fin de ses frasques publiques dans les maisons de plaisir de la cité de Jade...

Puis il se remémora comment elle avait fini par ravir son cœur. Doucement et sans bruit au point de lui faire renoncer à toutes ses maîtresses. Il avait appris à aimer cette force tranquille qui, loin du caractère effacé qu'elle présentait au monde, savait sans heurts obtenir de chacun ce qu'elle voulait. Ce petit bout de femme au sourire mutin ne faisait pas la moitié de la taille de son époux, mais elle était sans conteste le véritable maître des lieux dans le palais de Jade.

Alors, imaginer ses beaux yeux emplis de larmes par sa faute...

L'enfant émit un vagissement et Lord Bascaris baissa le regard vers lui : ses grands yeux vairons mangeaient la partie haute de son visage, mais on y devinait déjà la délicatesse des traits de sa mère...

Si un des membres de l'ordre apprenait qu'elle... Mais après tout, c'était peut-être une coïncidence... On avait déjà vu des enfants aux yeux vairons sans qu'ils ne soient... Mais l'aura dorée ne pouvait pas se tromper... Il jeta un coup d'œil en contrebas où le corps désarticulé du prêtre de Gaïa gisait déjà : celui-là ne pourrait plus le trahir.

Il sentit une rage incontrôlable monter en lui : Gaïa ! Toujours elle ! Cette déesse versatile qui leur avait donné le pouvoir, mais planifiait dans l'ombre de le leur reprendre ! Et bien, il ne le permettrait pas ! Il allait battre Gaïa à son propre jeu !

Il pourrait faire surveiller les abords de la ville, si un second anim'âme paraissait... Oui, voilà ! Il allait promulguer une loi ! Chaque anim'âme qui s'approcherait sans homme à ses côtés serait mis aux fers jusqu'à ce que son humain vienne le récupérer... Moyennant amende ! Et si un jour celui de sa petite Hanae se montrait... Et bien... Il le conserverait au secret.
Mais cela ne suffisait pas... Non. Il devait faire en sorte de protéger sa fille de l'influence de Gaïa coûte que coûte... Il l'élèverait comme la plus redoutable des prédatrices...

– Sergent !

Un garde en retrait sursauta et accourut près de son maître :

– Oui Lord Bascaris.

– Combien y a-t-il de prêtres de Gaïa dans la province de Jade ?

– Je dirai une trentaine, Sire. Peut-être un peu plus.

– Envoyez vos gardes dans chaque village. Je veux que chaque prêtre de Gaïa soit tué sur l'heure.

– Tous ?

– Tous.

– Sauf votre respect votre majesté... Les prêtres et prêtresses de Gaïa sont les seuls à savoir lire les auras... Sans leur concours... Ils nous seraient impossible de connaître l'anim'âme du nouveau-né...

Symbiose - Les parangons Où les histoires vivent. Découvrez maintenant