Palais de la province du diamant –
Le grand chancelier était toujours au courant des derniers développements d'intrigues de la cour.
Son réseau d'espions avait ses entrées partout : esclaves tenus par la terreur de voir leur anim'âme dévoré dans la nuit, petite bourgeoisie en quête de montée dans l'échelle sociale, gardes amateurs de vins et de chair (vivante ou morte), courtisans désireux d'évincer un rival...
Il était passé maître dans l'art de manier le bâton et la carotte et savait dispenser faveurs et menaces parfois dans la même conversation. Ce talent inégalé lui valait en partie sa longévité hors norme à son poste.
Personne ne pénétrait en ville sans qu'il en soit informé, pas une liaison coupable, pas un complot ne lui échappait...
Aussi il arpentait les couloirs du palais d'un pas agacé.
L'esclave, qui l'avait tiré de son lit pour le prévenir qu'il était demandé dans les cachots du palais sans délai, avait fait les frais de sa mauvaise humeur et porterait désormais à vie la trace de son châtiment.
Toujours s'en prendre au messager. Sauf si celui-ci avait encore une quelconque utilité.
Ses bottes à bout métalliques claquaient sur le marbre avec brutalité. Les lumières de la lune à travers les hautes fenêtres jetaient des ombres inquiétantes sur le visage rubicond du grand chancelier et des éclairs rougeâtres dans les yeux de son ours polaire.
Les rares courtisans présents à cette heure tardive se détournèrent sur son passage. Il était toujours surprenant de voir ce corps gras se mouvoir aussi rapidement et ce comportement inhabituel était porteur de destin funeste pour un habitant du palais.
Les gardes s'écartèrent de la porte des cachots. Dans l'escalier vers les sous-sols, le grand chancelier s'arrêta : avant de continuer, il devait se recomposer un visage calme et rassembler ses idées.
À sa connaissance, personne n'avait été mis aux oubliettes, enfin personne qui vaille la peine de déclencher une audience au milieu de la nuit.
Depuis sa petite pirouette avec la fille Voluris qui s'était avérée une source d'information non négligeable concernant la porteuse d'âmes. L'empereur s'était montré satisfait et il était donc peu probable que cette entrevue lui soit défavorable. Cependant... Il fallait être prêt à tout. Sous son manteau, le grand chancelier gardait sa dague de cristal, plus effilé que n'importe quel métal. Il les faisait confectionné spécialement pour lui et était sa marque de fabrique officieuse.
La vue de cette lame dans un corps sans vie suffisait à arrêter sur place toute investigation.
Personne n'aurait osé s'aliéner le puissant personnage.
Non décidément, il ne comprenait pas pourquoi il était convoqué et cela le mettait en rage.
Il reprit sa descente et passa devant une cellule crasseuse : une petite forme recroquevillée geignait faiblement dans son sommeil : la sœur aînée des Bascaris avait fait les frais de l'annonce du statut d'âme multiple de sa cadette. Son père, pour avoir caché cela, avait reçu l'oreille de sa fille dans une boîte d'ivoire. À la prochaine incartade, il recevrait le reste de la tête.
Pour faire bonne mesure, la concubine avait été condamnée à dix jours de cachots en prime.
La cellule suivante contenait Demeria, qui malgré ses informations, avait également été sévèrement punie pour avoir produit des armes. Nul ne savait si elle pourrait remarcher après le traitement que lui avaient réservé les bourreaux de l'empereur. En dépit de cela, le grand chancelier n'entendit aucune plainte dans sa cellule, seulement un silence de mort.
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Symbiose - Les parangons
FantasySyrah n'a plus le choix : pourchassée par les Jazaris , elle va devoir rassembler les parangons pour espérer vaincre le plus vicieux de leur limier. Privée des précieux conseils de Yuraïa elle devra discerner les signes de Gaïa sans tomber dans le p...