ÉPILOGUE : Famille

75 6 7
                                    

<NDA>

Voici enfin le dernier chapitre, 28h de bus vers le Danemark, j'ai tout mon temps pour écrire !
Je vous souhaite une bonne lecture.



« Papa ?!! »

Mon père apparaît devant moi, une valise à la main, tout en déchantant alors qu'il commence à prendre conscience que la situation devant lui est tout sauf normale.

D'un côté, je suis tellement surprise de le voir devant moi, au point que j'en lâche le porte manteau entre mes mains. Mais d'un autre côté, je suis si heureuse de le voir là, devant moi. Le moment ne pouvait être plus opportun et je m'élance sur lui, l'entourant de mes bras, réveillant une douleur que j'avais oubliée. Il m'enlace à son tour et je souris la tête contre son pull de cachemire. Enfin, je ne suis plus seule. Enfin, je pourrai avoir de l'aide, enfin une porte ouverte se dresse juste devant moi. Je meurs d'envie de me précipiter dehors par cette dernière, mais je préférais d'abord me jeter sur celui qui l'a ouverte.

« Qu'est-ce... que... » bégaye-t'il d'incompréhension.

Je le lâche et dis tout en restant à ses côtés et loin du psy :
« Alors... je te fais un résumé... Cet homme qui s'avère être mon psy est rentré chez nous par effraction et m'a enfermée dans la cave avec un jeu de piste pour m'en faire ressortir en pensant que ce serait bien pour mon "rétablissement". » tout en mimant les guillemets à la fin de mon résumé. On peut entendre la colère qui impreigne ma voix, mais un soupçon de peur subsiste et laisse un léger tremblement à la fin de ma phrase.

- Non monsieur, ce n'est pas de cette façon que je présenterais les choses... Laissez moi vous expliquer comme je l'ai fait avec votre fille même si elle n'a pas l'air de comprendre ; dit-il tout en me jetant un regard de travers, peu rassurant, à tel point que je sens un frisson se frayer un chemin tout le long de ma colonne jusqu'à ma nuque. Mais ce n'est pas moi qui devrait trembler, ce devrait être lui. Néanmoins, je vois bien qu'il ne reste pas impassible face à cette situation, car dans son regard, non seulement, je pouvais y voir de la haine mais aussi, une lueur m'indiquait qu'il n'était pas à l'aise, mais plutôt stressé. »

Je profite du fait qu'il ne contrôle pas la situation, pour aller encore plus loin :
« Oh mais non ! Ne vous donnez pas cette peine ! » dis-je en colère.

Je sors mon téléphone de la poche.

« J'ai tout enregistré ! dis-je un grand sourire au lèvres tout en lui montrant l'écran de mon téléphone où s'affiche le Dictaphone ainsi que 20:18 et 16%.

- Je... euh...

- Excusez moi de ne pas vous avoir prévenu de mon arrivée, je voulais faire la surprise de ma venue en avance à ma femme et ma fille. » dit ironiquement mon père tout en sortant son téléphone sans attendre, et compose déjà le numéro des forces de l'ordre.

« Police nationale, bonjour. » grésille une voix dans l'appareil.

- Oui bonjour, un homme est entré par effraction chez nous, et a séquestré ma fille. Il est encore ici.

- Votre adresse je vous prie, nous vous envoyons immédiatement une patrouille.

- 12 rue des fanées. Merci. »

Jamais je n'ai vu quelqu'un d'aussi désemparé que le psy en face de moi. Il semble éberlué. Son plan était tellement parfait ou du moins, il aurait dû l'être. C'est vrai que jusque là, tout avait plus ou moins bien fonctionné mais il n'avait pas prévu cela, du tout. Tout est désormais réduit à néant. Tout est tombé à l'eau. Tout est fini.

La bouche légèrement entre-ouverte, il ne bouge plus. J'ai cette envie de le pousser du doigt, j'ai l'impression qu'il tomberait si je le faisais. Il reste planté là, immobile. Il sait. Il sait qu'il est fini, que tout est terminé.

J'entends déjà les sirènes.
20:33.
Ils sont quatre hommes en uniforme, ils menottent le psy et l'emmènent dans une des deux voitures.

Un d'eux me prend soudainement par le bras et me sors de la torpeur dans laquelle j'étais rentrée. Surprise, je sursaute légèrement, et il m'interroge du regard. Encore sonnée, je hoche vivement la tête, plutôt que de prononcer un mot. Je suis l'homme à l'extérieur, un peu à part de sorte qu'il prenne mon témoignage. Je reprends mes moyens, et récupère mon langage afin de restituer du mieux que je le peux les évènements qui viennent d'avoir lieu.

Cela me semble durer une éternité. J'en ai marre de ressasser tout cela, j'aimerais juste me retrouver. J'allume mon téléphone pour envoyer l'enregistrement à la fin de mon audition, 20:45 et 12%.

Un camion du SAMU est arrivé entre-temps, un médecin affirme que je dois avoir une côte fêlée mais rien de bien grave.

« Tu aimerais qu'on te guide vers quelqu'un ? À qui tu pourrais parler de tout ça ? me demande-t'il à la fin de l'examen physique, soucieux de ma santé mentale.

- Non ! je m'empresse de répondre
Surtout pas ! »

Il me regarde d'un air étonné, en haussant les sourcils.

Je désigne la voiture de police en train de partir :
« C'était mon psy.

- Ah ... dit-il maintenant au courant, sûrement gêné et incapable d'en dire plus dans un premier temps.
Je vois... mais n'hésite tout de même pas à en parler, ne te referme surtout pas. me conseille-t'il en se voulant réconfortant.

- Ne vous inquiétez pas, je suis bien entourée. le rassuré-je.
Merci ; lui dis-je avec un sourire en me relevant du bord du camion, juste impatiente d'en finir.

Je vois alors arriver en courant une femme affolée vers moi, que je reconnais être ma mère.

« Oh Lucie !! s'exclame-t'elle en me prenant dans ses bras.
Je suis tellement désolée, tellement ... J'aurais dû t'écouter... Je... Je n'aurais pas dû le laisser... Je n'aurais pas dû l'écouter ... Je m'en veux tellement !! dit-elle en essayant de contrôler les larmes qui perlent au bord de ses yeux, mais les sanglots de sa voix restent perceptibles.

- Non maman... Ce n'est pas ta faute... Tu ne pouvais pas savoir... Toi aussi tu as été manipulée, tu n'y peux rien, mais le principal, c'est que maintenant tout va bien. »

Je la prends dans mes bras, alors que des larmes coulent sur mes joues.
Mon père se joint à nous et nous étreint. Nous sommes tous trois enlacés, sans rien nous dire, à moitié en train de pleurer, et souvent en train de renifler. Et moi, je suis au milieu, entre mes deux parents, qui me protègent. A ce moment là, pour moi, tout disparaît... Les lumières, les gens, la police, les médecins, les voisins... Il n'y a plus rien autour de nous, rien que nous, et à ce moment là je sais que rien ne pourra plus nous briser.

Riiiiiiing !!!!

Mon téléphone sonne. 21:00 et 9%. La photo de mon frère s'affiche sur l'écran en uniforme militaire.

« Hey p'tite sœur ! »

Je souris.
Rien ne pourra plus nous briser. Nous sommes quatre et nous sommes une famille.

***

Et voila, c'est terminé, c'est une courte histoire, mais j'espère qu'elle vous aura plu jusqu'au bout, et que la fin vous plaît !

La cave [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant