CHAPITRE 10 : Photos

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< NDA >

Merci à tous les lecteurs de cette fiction. Bonnes vacances pour commencer !
Je voulais juste prévenir que ce chapitre ne contient aucune action, j'espère qu'il n'est pas trop « chiant » mais sachez qu'il est important.
Voilà ! Bonne lecture et n'hésitez pas à voter, commenter !














Je regarde le carton perplexe en éclairant ce dernier de la lampe que je replace correctement dans ma main.
Je m'assoie par terre en tailleur et pose le carton devant moi. J'en sors un gros livre à la couverture rigide et épaisse toute effritée. J'ai l'impression que si j'appuie trop fort elle va se réduire en poussière. En tous cas, sur cette couverture de la poussière pas de doute il y en a, elle en est même recouverte. Je passe ma main dessus avant de l'essuyer sur mon pantalon, laissant alors une marque du passage de ma paume sur le film gris. Je pince le bord de la couverture du bout de mes doigts et la fait tourner, faisant résonner un craquement révélateur du temps que cet album avait passé fermé.

Une photo se trouve au centre de la première page, mon père et ma mère y reposent, tout jeunes, sûrement au début de leur relation peut-être même peu après leur rencontre. Je fais défiler quelques pages plastifiées, où se trouvent beaucoup mes parents et leurs amis que je ne reconnais même pas.
Je m'arrête alors quand une dominance de blanc se fait voir, quelques pages sont consacrées au mariage à leurs mariage. Ils ont l'air si heureux, sereins sur ces images.
Un peu plus loin, le ventre de ma mère s'arrondit, puis mon frère, bébé apparaît. Je m'attarde sur une photo de mon père les yeux brillants de bonheur portant dans ses bras le nourrisson endormi vêtu de bleu. Quelques pages plus loin et 3 ans et demi plus tard, c'est un autre nouveau né, cette fois-ci vêtu de rose, qui fait son apparition. Je retrouve la même image que la précédente avec mon père, mais cette fois-ci je ne retrouve pas la même étincelle dans le regard de ce dernier.

J'ai toujours eu l'impression d'être éloignée de mon père. Son absence récurrente m'a souvent fait croire que lui aussi cherchait à s'éloigner, et quand il rentrait, alors qu'il était ravi de retrouver sa femme et son fils, il semblait seulement heureux de retrouver sa fille.
Je n'ai pas de souvenirs de moments passés avec lui, entre père et fille.

Notre distance a fini par me faire croire qu'il ne m'aimait pas, et à l'inverse je me suis aussi reproché de ne pas l'aimer.
Je m'en suis voulu et j'ai alors rejeté mon père mais aussi ma mère. Seul mon frère a su échapper à mon isolement. Je me suis renfermée sur moi-même, je me sentais de trop dans cette famille, je me sentais mal d'être là, au point de me le reprocher. J'ai perdu toute confiance en moi, en qui j'étais.

Je ne parlais point de mon attitude jusqu'à ce que ma mère décide enfin de prendre les choses en main et de m'emmener voir et parler à « quelqu'un » comme on a tendance à dire. Mais ne faisons plus d'euphémisme. Je suis allée voir un psy. Au fur et à mesure des discussions et non pas seulement avec ce médecin mais aussi avec mon père car il nous a contraints à nous parler, j'ai fini par comprendre, car c'est tout ce dont il s'agissait, de la compréhension...

Déjà, de ma mère à mon père. Il venait tout juste d'être promu à un nouveau poste qui allait le contraindre à partir régulièrement, alors qu'ils essayaient d'avoir un nouvel enfant avec ma mère. Sachant qu'il serait souvent absent mon père avait préféré arrêter, il ne voulait pas d'autre enfant et préférait se concentrer sur son fils unique. Seulement, ma mère ne l'a pas écouté, elle n'a pas repris la pilule et est tombée enceinte de nouveau.
Le manque d'étincelle dans les yeux de mon père sur cette photo là, se justifiait donc par la tristesse qu'il avait, car il savait déjà qu'il verrait peu sa fille, et cela le rendait profondément triste. Mais en aucun cas, il ne s'agissait d'un rejet d'un enfant qu'il n'avait pas voulu, comme j'en ai longtemps eu l'impression.

En effet, mon père avait eu raison, il n'a pas réussi à créer de lien, trop souvent absent et pas assez présent.
Trop naïve pour le croire au début, je ne voyais rien, puis adolescente je suis allée jusqu'à mal interpréter cette situation et l'extrapoler, en pensant qu'il ne m'aimait même pas.
En réalité, mon père m'aime, maintenant j'en suis consciente, et je sais aussi, qu'à cause du temps trop minime passé ensemble, il ne me connaissait en fait pas, et ne savait pas comment être avec moi, comment créer le moindre lien ou montrer son amour.
Je m'en étais terriblement voulu, à moi-même, car je ne pensais pas aimer mon père non plus, puis j'ai compris que moi aussi je souffrais de la même ignorance que mon père, je ne savais pas non plus comment l'aimer.

Désormais, nos relations au sein de la famille se sont considérablement améliorées. J'ai renoué avec ma mère, et comme il nous l'a été conseillé, nous essayions de passer du temps ensemble, mon père et moi.
Ça a été difficile mais pas à pas, nous avons finalement réussi à créer une vraie relation.
On a commencé pas des activités où l'on était pas obligé de se parler, tel que le cinéma, puis nous avons commencé à nous ouvrir, nous intéresser à l'autre, à parler et à échanger. Mon père s'intéresse même aux poèmes que j'écris. Il en a lu quelques uns. Peut-être que pour lui ce n'est pas grand chose, je n'en sais rien, mais pour moi, cela représente beaucoup.
J'ai commencé à prendre du plaisir dans ces petits moments rien que nous deux. Et je crois que mon père aussi, surtout quand je voyais les grands sourires qu'il m'adressait parfois. À présent, je suis heureuse de le voir rentrer car je sais que je vais passer un moment rien qu'avec lui, et que ce sera super.

Néanmoins, je n'ai pas retrouvé toute ma confiance en moi, j'ai encore du mal, surtout maintenant que mon frère sur lequel je me suis toujours appuyée quand j'en avais besoin n'est plus là. Ainsi, je continue d'aller voir le psy. J'ai dit à ma mère que maintenant que ça allait mieux avec mon père je me sentais moi aussi mieux et que je voulais arrêter de le consulter, cependant il a étrangement insisté pour que je continue à le voir, comme quoi j'en avais toujours besoin, mais je n'ai pourtant pas l'impression qu'il m'ait beaucoup aidée ou d'avoir beaucoup avancé, du moins grâce à lui. C'est plutôt le soutient d'une famille renouée qui m'a aidée à me relever et me reconstruire.

Et si je veux retrouver ma famille, je dois me relever et sortir d'ici !

***

Le contexte familiale de Lucie pourrait-il avoir un quelconque lien avec la situation dans laquelle elle se trouve désormais ?
Comment cette épreuve va-t'elle affecter la jeune fille encore fragile ?

La cave [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant