Vitae Vampiris - Partie 1

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Ambre atterrie sur le bitume de la ruelle dans un nuage de verre brisé. 

Ni le froid de la pluie, ni le choc d'un saut de deux étages, ni le verre planté dans sa peau ne lui causaient la moindre douleur. De même, le fait de s'être jetté par une fenêtre de bar ne lui possait pas la moindre problématique. Son esprit était absent.

Seul le cri perçant de la femme lui venait aux oreilles tout comme les palpitations de son cœur affolé.

- Non mais ca ne va pas ? Haleta le femme morte de peur. Vous m'avez fait une peur bleue ! Vous êtes tombée de quel étage ? Ca va ?

La femme, une trentenaire enroulée dans trench beige, semblait hésiter dans son attitude entre courrir le plus loin possible et porter secours à la malheurese défenestrée.

Finalement, sa bonté d'âme l'emporta :
- Vous avez besoin que j'appelle une ambulance ?

La vampire, sourde aux babillages, se tourna vers celle qui était devenue sa proie. Elle avait faim et les veines juteuses qui parcouraient son cou étaient devenues sa seule obsession.

Ambre se releva et fit un pas vers elle, ses crocs se déployèrent immédiatement. En une seconde, elle immobilisa la femme contre un mur, une main sur sa bouche pour quelle ne puisse crier et l'autre pour dégager la voie, pour mordre. Sa victime tenta de se débattre, surprise puis choquée, mais rien n'y fit, la prise était trop puissante. Au moment où les crocs allait percer la chair, la nouvelle-née ce sentie violemment tirée en arrière sans pouvoir réagir. Hamet se revéla, aussi furieux que puissant, et jeta sa fille loin dans la ruelle.

- Partez, rentrez chez vous, oubliez ce que vous avez vu ! Ordonna le vampire à l'humaine.

- Oui, Sire... Dit la femme comme hypnotisée.

Il la poussa sans ménagement dans la direction opposée à sa progéniture. En un instant, la femme prit la fuite vers la grande rue et ses lampadaires. Ambre, toujours hors de contrôle, sauta sur ses pieds pour la poursuivre, mais elle prit le poing violent de son père vampire dans l'estomac. Bien qu'elle n'ai plus besoin de respirer, le choc la stoppa dans son élan et la força à se plier en deux. Hamet lui prit les épaules et la plaqua contre le mur sale et humide, au mépris de tout confort.

- Ambre, réveilles toi ! Tonna-t-il plus inquiet qu'en colère. Reprends le dessus ! Ce n'est vraiment pas le moment, ni le lieu pour entrer en frénésie !

La jeune femme était encore loin de lui. Tous crocs dehors elle tenta de le mordre, se débattis comme une possédée et jura plus de malédictions qu'elle pensait en connaître. Tout cela sans grand succès, le vampire la maintenait en place avec une facilité vexante.

- Ambre ! Tonna-t-il.

La voix d'Hamet perça enfin le nuage qui avait envahit l'esprit de l'ancienne sorcière. Elle eut besoin de quelques secondes supplémentaires pour reprendre le contrôle, mais c'était bel et bien fini. La soif de sang, le bruit tentateur du sang qui court sous la peau, tout cela s'évanouit avec le brouillard.

- Je... je suis là. Enfin je crois.

Son sire la relâcha et elle se laissa tomber sur les genoux. La pluie lui coulait dans le cou et sur les cheveux mais elle n'en ressentie aucun inconfort.

- Que...Qu'est ce qui vient de se passer ? Balbutia elle. Je me voyais faire des choses... mais je ne contrôlais plus rien. J'étais comme ... Possédée.

Le vampire se mit à sa hauteur, passa un doigt sous son menton et lui releva le visage de manière à pouvoir la regarder dans les yeux. Ambre le vit alors plus paternel que prédateur. Pourtant, tout les écrits et récits sur les vampires s'accordaient à dire qu'avec la mort, ceux frappés de cette condition perdaient leur humanité, ou leur capacité à ressentir quoi que ce soit. Mais ici, dans cette ruelle derrière un bar minable, Hamet semblait vraiment inquiet pour elle.

- La frénésie, dit il doucement, cela arrive parfois. Quand nous ne nous nourrissons peu ou pas assez, ou sommes en danger, la Bête s'agite. Elle se débat jusqu'à ce que le vampire ne soit plus assez fort pour lui opposer sa volonté. A ce moment, elle prend le contrôle.

Il toucha l'emplacement de son cœur du bout de son index.

- Elle est là, et ne demande que ton inattention et l'occasion pour sortir.

Hamet avait raison, au fond d'elle, dans ce trou noir qui ne faisait que grandir quelque chose s'agitait. 

Le Sire fouilla dans les pans de sa veste et un bruit de zip se fit entendre. Il prit quelque secondes, puis lui tendit une petit tube de plastique, pareil à ceux qui contiennent les sérum pour les yeux, à ceci prêt qu'un liquide rouge ondulait dedans. Ambre  trouvait le sang froid toujours aussi peu ragoutante mais elle l'accepta sans rechigner. D'instinct, elle planta un croc à travers le plastique. La sensation du sang sur sa langue était merveilleuse et lui arracha un soupir d'aise. Chaque succussion lui apportait force et calme, déjà la nouvelle-née se sentait revivre. Sa peau retrouva une couleur rosée et ses traits devinrent plus doux.

- Le sang est notre source de vie, Ambre. La Bête le désir plus que tout, surtout quand tu es fragile. Donne-lui-en fréquemment et de bonne qualité, où elle s'agitera.

- Cette chose, que c'est il passé ? Interrogea Ambre entre deux gorgées.

- C'est notre lot à tous, fille. La Bête et toi, vous êtes les deux faces d'une même pièce. Plus tu deviendras forte, plus elle le sera aussi, mais tu gagneras en contrôle avec le temps. C'est le prix que tout vampire doit payer pour ses pouvoirs et son éternité... S'élever à toujours un prix. Il y en a toujours un...

Hamet sembla perdu dans ces pensées un instant, comme s'il méditait ses dernières paroles.

Ainsi va le monde, se dit Ambre, il n'est pas pouvoir qui ne demande une rétribution. Mais combien de temps serait-elle capable de le payer ? Et comment allait elle tenir le monstee en cage ? Ça, elle l'ignorait.

La Mascarade des Damnés - Tome. 1 L'enfant sans père [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant