La Mascarade des Damnés - Tome. 1 L'enfant sans père [Terminé]

Premiers pas - Partie 1

Hamet enjamba l'un des tabourets du comptoir, se signalant au serveur d'un simple signe de la main. 

Il fallait bien avouer qu'avec ses mèches rousses flamboyantes et son costume bleue nuit, le vampire ne passait pas inaperçu. Ajouter à cela son flegme ainsi que ses manières léchées, en toutes circonstances, afin de parfaire le portrait du parfait gentleman mort-vivant.

- Un bar, s'étonna Ambre, sérieusement, « Sire », vous n'avez rien trouvé de moins caricaturale ? Je vous préviens, si vous me dites que vous en êtes le propriétaire je hurle au cliché.

La nouvelle-née posa un regard dédaigneux sur la pièce principale du débit de boissons ; on aura dit un décor de teen movie. Un mauvais teen movie. Elle avait dit son dernier mot sur un ton tellement grinçant qu'Hamet fut surprit que ses dents tiennent bon.

- Je signalerais à mon aimable progéniture qu'il s'agit d'un des lieux les plus sure de la ville pour les gens comme nous. Il s'amusa de son attitude de défi et la toisa pour mieux l'irriter. Pleins de témoins innocents pour nous protéger des attaques inopportunes, ignorant ce qui se cache parmis eux... Goûteux à souhait. Pas de lumière du jour irritante et de l'alcool à profusion, c'est un vrai paradis.

Comme pour illustrer son propos il commanda deux verres à l'homme qui tenait le bar, tout en échangeant amicale poignée de main et liquidité.

Hamet porta une peinte à ses lèvres en soupirant.

- Au lieu de critiquer tu ferrais mieux d'ouvrir grand tes oreilles jeune padawan... Tu vas en avoir besoin, vu comment ta deuxième vie commence...

Elle haussa un sourcil de surprise devant cette référence aussi moderne qu'inattendue, ce qui le coupa dans son discours.

- Hé bien quoi ? Fit le vampire en tapotant le siège à son coté pour l'inviter à le rejoindre. Moi aussi j'ai le droit de regarder de bon films pour me détendre.

Ambre leva les yeux au ciel et finie par céder aux regards insistant et incitateurs du « Maitre vampire ».

- Bien... Fit celui ci en lui offrant la seconde peinte de bière. La première chose que tu te dois d'apprendre si tu veux survivre, jeune fille, c'est à repérer les endroit comme celui ci. C'est idéal pour ce cacher, pour réfléchir, ou bien simplement pour repérer une proie pas farouche.

- Et par « endroit » vous voulez dire les bar miteux servant, sous le manteau, de l'alcool hors de prix aux jeunes pas encore majeurs ?

- Entre autre... Surtout animé, voir bondé, bruyant et... Il laissa longuement courir son regard sur la mini jupe d'une étudiante qui les dépassaient. Bien approvisionné en chair fraîche...

Ambre s'avachit à moitié sur le bar devant se spectacle navrant, heureusement qu'elle ne comptait pas rester plus longtemps dans cet état de mort-vivant harceleurs de gamines.

- J'espère que vous savez à quel point vous êtes pathétique ? Piqua elle en descendant une lampé de bière. Réduit à chasser les étudiantes pour...Groff.

Ambre se mit soudain à suffoquer sous une pression invisible qui lui écrasait le sternum. Cela était d'autant plus déroutant qu'elle était sure de ne plus avoir besoin de respirer depuis sa transformation.

- Surveilles ton langage. Fit simplement Hamet en la gratifiant d'un regard doré sous ses boucles rousses.

La jeune femme donnait l'air d'avoir mal avalé une gorgée, aussi, à part quelques regards, personne ne prit la peine de s'intéresser à elle.

- Je pense être un Sire plutôt sympathique Ambre. Continua le vampire d'une voix neutre. Mais s'il y a bien deux choses que je déteste, c'est l'impolitesse et la musique country, dans cet ordre.

Ambre commença à se sentir partir dans les limbes, sans que rien de ce qu'elle tente ne l'aide.

- Je ne te demanderais jamais de m'appeler « Maître » ou « Seigneur », de ployer le genoux ou de faire ce que tu ne veux pas, mais j'exige de te part un minimum de respect. C'est bien normal après que je t'ai offert la vie, tu en conviendras ?

La nouvelle-née hocha la tête nerveusement en signe d'acceptation et la pression diminua immédiatement. Elle toussota au dessus de sa chope alors qu'Hamet lui tapota le dos pour donner le change face aux humains.

- Bien, fit ce dernier, maintenant si nous repartions sur des bases saines, qu'en dis tu ?

Ambre resta un instant à contempler le bois du bar, le temps que la sensation disparaisse et qu'elle retrouve le contrôle de son corps. Puis, elle prit son ton le plus irritant avant de déclamer aussi lentement que distinctement :

- Je tiens à vous signaler, de manière absolument courtoise, que vous pouvez, cher Sire, aller gracieusement copuler en enfer avec votre génitrice.

Il rit bruyamment, ce qui contrastait avec sa retenue toute anglaise, devant cette témérité juvénile. Les nouveaux nés avec du punch se faisaient trop rares de nos jours, Hamet était ravie que sa progéniture fasse mentir cette règle.

- La bonne heure, je sens qu'on va bien s'entendre toi et moi ! Il la gratifia d'une grande tape amicale dans le dos. Bon, reprenons, où est ce que j'en étais déjà ?

- A la mini jupe de l'adolescente... Fit Ambre en attrapant une olive d'apéritif sur le bar.

- Ah oui ! La chasse. Il sera important que tu te limites à des proies sans grande résistance au début, histoire de te faire la main. Les adolescents en plein puberté font d'excellent candidat, surtout depuis la sortie de tous ces livres qui nous vont paraître pour des gentlemans à paillettes.

Il a stoppa d'une main quand elle voulut porter le légume à sa bouche, lui faisant comprendre d'un regard que ce type d'expérience était déconseillée. Alcool : ok. Nourriture : pas ok.

La nouvelle-née lui lança un regard neutre, elle ne voyait absolument pas à quel livre il voulait faire référence.

- Mais si, insista son Sire, avec la fille insignifiante, le loup-garou beaucoup trop beau gosse et le vampire qui scintille comme une boule à facette... Aah, il y a un « light » dedans je crois. Les gamines en était folle et mouillaient les culottes à chaque séances.

- Twilights ? Tenta Ambre sans vraiment d'entrain.

- Oui, c'est ça ! Qu'elle aubaine ces bouquins, tu n'imagines même pas le nombre de filles et de garçons dont j'ai pu me nourrir rien qu'avec un regard appuyé et un air mystérieux. Tous fous du mystérieux inconnu du bar... Enfin, jusqu'à ce que je montre les crocs.

Il eut un rire satisfait en avisant la salle.

- Et ca, c'est sans compter sur cet autre roman avec des fouets et de menottes. Depuis le premier film, c'est à croire que les relations malsaines sont devenus un standard à la mode. Plus personne ne dit rien quand il se fait jeter comme un vieux mouchoir, puis visité de temps en temps avec un : « J'ai beau tout essayer pour me détacher de toi, mais tu m'obsèdes, darling. ».

Hamet rit de plus belle.

- Aah, soupira t il une fois calmé, c'est crétins...

- Qu'elle magnifique vision du monde vous avez, Sire... soupira Ambre.

- Sous peu tu auras la même, fille. Ils n'existent que pour nous nourrir. User de leur faiblesse d'esprit contre eux fait parti de l'ordre des choses pour nous. Manger ou être manger... Ça n'empêche pas de s'amuser.

- Je ne suis pas du genre à jouer avec les gens. Conclut simplement la nouvelle-née.

Je doute d'être un jour aussi misérable que vous. Pensa-t-elle autant pour lui que pour se convaincre.

- Nous verrons cela, Ambre, nous verrons cela. La Mascarade nous prend tous, les Damnés, un jour, il n'y a pas d'exception à cette règle.