Julien est interpellé devant le lycée ce matin, avant même d'avoir pu pénétrer dans l'enceinte de l'établissement. Quelqu'un lui agrippe l'épaule sans prévenir, et il se retourne donc brusquement, sentant une vague de panique monter instantanément en lui. Il se met par réflexe en position de défense, comme s'il s'attendait à recevoir un coup. Mais lorsqu'il regarde la personne qui l'a interpelée, il se calme immédiatement puisqu'il s'aperçoit qu'il ne s'agit que d'Alexandre qui vient lui dire bonjour, comme tous les matins.
"Salut, dit Alexandre. Comment tu vas ?
- Salut... La prochaine fois si tu pouvais prévenir avant de surgir derrière moi ça pourrait être pas mal... Sinon, bien et toi ?
- Ah, désolé, j'essaierai d'y penser... J'ai pas envie d'aller en cours. Mais je peux pas sécher, c'est des maths et on a un contrôle. Il faut absolument que je remonte ma moyenne, je dois tout donner...
- Ouais, et moi si je sèche encore, ils vont clairement appeler ma mère et je serai mort...
- Pas cool non plus, ça. Bon, viens, en attendant, il faut que je te présente à mes potes.
- Ah mais t'étais sérieux ?
- Bah oui. Je suis toujours très sérieux, moi."
Ils gloussent tous les deux, tandis qu'Alexandre entraine déjà Julien près d'un groupe de lycéens, sans même que ce dernier aie eu le temps de donner son avis.
Alexandre les interpelle et ils se retournent tous d'un même mouvement vers eux deux, leur regard étant rapidement attiré par Julien. Celui-ci, gêné, rougit légèrement. Heureusement, Alexandre le remarque, et prend les devants en commençant à parler, comprenant qu'il n'osera pas se présenter de lui-même.
"Les gars, j'vous présente Julien, autrement appelé Juju. Il est un peu timide mais il est sympa, j'vous promets ! Vous pouvez lui faire une petite place ?
- Yep bien sûr ! répond l'un d'eux, se décalant pour permettre à Alexandre et Julien de s'assoir.
- Salut, Julien, lance un autre.
- Bon bah Julien, je te présente ta nouvelle famille. Tu vas vite les adopter, tu verras, reprend Alexandre en souriant.
- Euh bah... Merci... répond Julien, souriant à son tour, ne sachant pas vraiment quoi dire."
Très vite, la conversation va bon train, divaguant de sujet en sujet, très animée. Chacun parle et rigole, même Julien réussit à échanger quelques mots. Chacun se présente à lui, et il se sent curieusement tout de suite à l'aise avec eux. Alexandre disait vrai : il se sent déjà comme chez lui. Il sent que ces gens dégagent quelque-chose. La même chose qu'Alexandre. Quelque-chose qui fait qu'il a immédiatement envie de leur faire confiance, malgré toutes ses insécurités. Ils sont pleins de bonne humeur et de bienveillance, il l'a tout de suite senti. C'est grisant, pour lui, ce sentiment d'être accepté et aimé si facilement, de se sentir bien si rapidement avec des gens qui sont pourtant initialement des inconnus absolus. C'est exactement ce qu'il s'est passé, avec Alexandre. Lorsque ce dernier s'approchait pour lui parler, au début, Julien voulait se méfier, et reculer. Il voulait se protéger. Mais son inconscient lui disait sans cesse de lui laisser sa chance. Alexandre a tout de suite su le mettre en confiance, et Julien a doucement baissé sa garde. Cette peur d'être blessé est toujours là, ce n'est pas le genre de peurs qu'on efface en quelques mois. Mais avec lui, elle s'est atténuée. Il trouve ça presque magique...
Julien est sorti de ses pensées par la sonnerie annonçant le début des cours. Chacun se lève donc, partant dans la direction de sa salle respective. La motivation n'est pas spécialement présente chez les autres, et chez lui encore moins. Mais ce n'est pas comme s'il avait le choix...
Il passe sa matinée de cours à somnoler, regarder par la fenêtre, dessiner... Bref, tout, sauf écouter. Le cours de physique est au troisième étage, et il est assis contre la fenêtre, ce qui lui offre une vue sur tout le lycée, et même, si il plonge son regard au loin, sur toute la ville. Après une rapide lecture du paysage, il peut localiser le skate park qui se dessine au loin, avec les grands peupliers qui l'encerclent. Il aperçoit également le centre-ville, avec tous ses arrêts de bus, son rond-point engorgé de voitures, et sa foule constante. C'est incroyable, cet endroit est toujours bondé. Pour pouvoir l'observer presque vide, il faut être là à une heure du matin, et encore, même à cette heure, il y a toujours quelques personnes qui circulent. Il se plaît à observer cette foule de loin, du haut de la salle de classe. Il imagine la vie de chacun : que fait-il ici, dans cette rue, où va-t-il, que fait-il dans la vie ? Toutes ces questions qu'il se pose sur la vie des autres l'aident en quelque-sorte à s'échapper de sa vie à lui... Elles lui font oublier pour un instant combien sa vie est compliquée et en bordel face à la petite vie simple et ordonnée de la plupart des gens.
La sonnerie annonçant midi retentit en même temps qu'un gargouillement de son ventre. Il remballe donc rapidement ses affaires et sort de la classe. Il dévale les escaliers du bâtiment, pressé d'aller manger. A sa surprise, Alexandre l'attend devant la cantine, avec tous ses potes. C'est bizarre, il n'a pas l'habitude de ne pas manger seul, et encore moins en groupe. C'est vrai qu'Alexandre mange régulièrement avec lui, mais la plupart du temps, il rejoint ses amis. Il se met soudainement à appréhender un peu ce repas...
"Juju t'es là ! Y'a tout le monde ? On va manger ? J'ai faim ! S'exclame Alexandre.
- Toujours la dalle, toi."
Julien ricane à la remarque de l'ami d'Alexandre. Mathieu, s'il se souvient bien. C'est bien vrai qu'Alexandre a toujours faim. Ils entrent donc dans la cantine, chacun attrapant un plateau. Alors Paul l'interpelle pour lui dire :
"Au fait, il y a une règle de base très importante, avec nous.
- Ah..?
- Rien de dramatique, t'inquiète, poursuit Paul, voyant la mine légèrement inquiète de Julien. Chacun prend de tout, genre tu prends un dessert, un plat, une entrée, et après, ce que tu veux pas, tu le passe aux autres. Enfin tu vois, quoi.
- Ah, d'acc..."
Julien sourit. Il sent déjà que ce principe est surtout profitable à Alexandre, lui qui a toujours faim et qui mange tout et n'importe quoi.
"Enfin bon, c'est surtout Alexandre qui gratte la bouffe, ajoute Paul.
- Je m'en doutais, bizarrement..."
Il s'exécute donc et suit les autres pour aller s'assoir à une table. Ils sont une bonne dizaine, donc ils occupent toute la longueur de la table. Pendant le repas, la discussion est animée, chacun goûte et échange sa nourriture tout en bavardant, et Julien en apprend un peu plus sur chacun d'eux, en particulier sur Alexandre. Ses amis lui racontent qu'au départ, il était tout seul, un peu isolé. C'était un être solitaire, un peu comme lui. Il était nouveau au collège, seul, et Ethan, de qui Alexandre a l'air très proche aujourd'hui, a été son premier ami. Il l'a présenté au reste du groupe, qui était encore petit à l'époque, ils n'étaient que 3 ou 4, et il s'est rapidement intégré. Aujourd'hui dans leur bande, c'est le blagueur. C'est celui qui apporte la bonne humeur le matin, qui fait sourire même lorsqu'on est au plus profond. C'est la description qu'Ethan fait de lui, ce qui a pour conséquence de faire rougir Alexandre, qui envoie un coup de poing dans son épaule en lâchant :
"Aller, c'est bon... Assez parlé de moi !"
Julien reconnait parfaitement Alexandre dans cette description : depuis qu'il le connaît, ce dernier a toujours réussi à le faire sourire, sans exception, même dans des situations où il en avait tout sauf envie. Et il se fait peut-être passer pour un simple blagueur, mais en vérité, Alexandre a un cœur en or.
NDA : Sorry sorry, j'ai mis énormément de temps à poster depuis le dernier chapitre. J'essaye de faire au mieux pour trouver le temps mais c'est pas facile !! En tout cas même si je mets plus de temps, je compte à tout prix essayer de poster cette histoire jusqu'au bout :)
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Seul, perdu et anxieux
Ficțiune adolescenți/// ALLEZ LIRE LE GRONDEMENT DU TONNERRE, c'est la NOUVELLE VERSION de cette histoire :)) /// Derrière les plus solides armures se cachent les cœurs les plus tendres. Un adolescent rempli de timidité, peur, incertitudes, insécurité, confusion, méfia...