Mi-Février 2015

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Dire que Juliette avait eu chaud serait un euphémisme. Si Charlie avait ses trois drôles de dames, Juliette avait définitivement ses trois drôles de mecs, qu'elle avait rappelés en pleurs dès qu'elle avait posé un pied dans la maison qu'elle partageait avec l'un d'entre eux. Tous avaient pris sur eux et sur leurs horaires différents pour rassurer Juliette et pour la consoler mais chacun d'entre eux bouillait intérieurement, prêt à raccrocher le téléphone pour appeler la doyenne en urgence et demander des comptes.

Heureusement pour elle, la réponse qu'elle attendait était tombée assez vite et la doyenne l'avait convoquée dans son bureau pour lui annoncer qu'elle était officiellement assignée au ballet de Cendrillon et qu'elle y aurait le rôle principal. Les couloirs jasaient pas mal de cette nomination express et du fait que Juliette avait décroché le rôle phare d'un des ballets, justement quand elle n'avait pas été sur les listes, la semaine précédente. Déjà plusieurs personnes commençaient à maugréer que tout était plus facile quand son nom était étalé dans les magazines à côté de ceux des popstars les plus influentes du pays, ces dernières années.

A la plus grande surprise de Juliette, le seul qui avait pris sa défense dans les couloirs, sans savoir qu'elle s'y trouvait, était Elliott qui avait rabattu le clapet d'Ekaterina, en lui rappelant les notes que chacune avait eues au semestre précédent.

Juliette n'avait pas osé lui dire merci mais elle lui avait quand même souri, quand le jeune homme avait levé les yeux et s'était rendu compte de sa présence.

Cela faisait donc trois jours que Juliette passait ses journées à commencer à apprendre la chorégraphie et à faire connaissance avec ses camarades de ballet. Bien sûr, dans toute cette troupe, la moitié ne supportait pas sa présence, pour la simple raison qu'ils pensaient qu'elle avait été pistonnée pour arriver jusque-là, mais l'autre moitié tolérait la ballerine et une petite partie comprenait même pourquoi elle avait été choisie. Elle avait décidé que sa priorité serait de persuader tout le monde qu'elle avait sa place dans ce rôle et qu'il y avait une raison pour ce choix, autre que le nom de ses amis et de son petit-ami mais tout ce travail pesait sur la petite ballerine et quand elle rentrait le soir, elle était épuisée. Elle prenait seulement quelques minutes pour s'asseoir au bureau de Niall et pour allumer le Mac qui y trônait pour pouvoir enclencher un appel Skype.

Souvent, Niall arborait la même mine fatiguée que la petite brune assise à son bureau. Elle baillait, couvrait sa bouche au dernier moment et posait sa joue sur le bureau, laissant apparaître seulement le haut de son visage et son crâne, où ses cheveux s'échappaient de son chignon dans tous les sens. Tous les soirs, Niall lui disait qu'elle était courageuse pour se battre comme elle le faisait et ils faisaient tous les deux le décompte des jours qui restaient avant qu'ils ne se retrouvent. Ils n'auraient que deux semaines ensemble, ils avaient bien l'intention d'en profiter au maximum avant de passer plusieurs semaines éloignés l'un de l'autre, de nouveau.

Leurs conversations se contentaient bien souvent de leur quotidien puisque la dernière fois qu'ils avaient parlé d'eux, Juliette avait fondue en larmes pour finir par expliquer qu'elle avait froid dans leur lit et qu'elle dormait mal sans lui, qu'elle était épuisée et qu'il lui manquait terriblement. Le cœur de Niall s'était tellement serré qu'il avait prétexté qu'il devait quitter la conversation pour rejoindre leur tour manager en catastrophe. En réalité, il était allé se coucher en serrant le pull qu'il avait imprégné du parfum de Juliette avant de partir et qu'il gardait dans son sac « en cas d'extrême urgence ». Il était possible qu'il ait versé une petite larme, lui aussi.

Depuis ce soir de gros breakdown, ils avaient passé l'accord implicite de ne pas mentionner le manque permanent qui teintait leur relation.

Ce soir-là, quand Juliette était rentrée, elle avait jeté son sac sur le canapé et avait allumé son ordinateur portable avant de monter pour s'installer dans son lit. Skype s'était ouvert automatiquement, comme toujours et elle avait cliqué sur le pseudo de Niall avant de laisser la tonalité sonner pendant qu'elle retirait ses chaussures.

Très vite, le visage du blond s'était imprimé sur son écran et elle lui avait indiqué qu'elle serait là dans deux secondes, le temps de ranger ses chaussures.

- Comment s'est passé ta journée ?

- J'en suis au deuxième tableau, annonça-t-elle. C'est fatiguant, je suis exténuée, souffla-t-elle.

- Tu devrais dormir un peu plus, Babe. Je vois tes cernes de là et pourtant il fait déjà presque nuit à Londres ...

- Je sais ... Ce soir, je suis trop fatiguée pour travailler et j'ai mal partout alors je compte bien me reposer.

- Ça tombe bien, je suis en off aujourd'hui, donc on va pouvoir passer du temps ensemble, sourit-il.

- Je risque de m'endormir, juste au cas où, grimaça-t-elle.

- Ce ne sera pas la première fois, rit-il. La dernière fois, c'était moi !

- C'est vrai ! Tu t'es endormi comme un bébé, on aurait dit Theo face à moi.

- J'en pouvais plus, j'avais enchaîné toute la journée, se défendit le blond.

- Je n'ai pas dit que tu n'avais pas le droit d'être fatigué, ricana-t-elle. Raconte-moi ce que tu fais en ce moment, soupira-t-elle en s'installant plus confortablement sur le lit.

Alors Niall se lança dans son récit, expliqua la tournée et les dernières nouvelles de tout le monde. Il ne manqua pas d'expliquer les dernières plaisanteries de Louis et les dernières frasques d'Harry qui s'était mangé un poteau en coulisses parce qu'il envoyait un SMS à Rose et qu'il ne regardait pas où il allait. Il y avait la fois où les lacets de Liam s'étaient défaits et il s'était gaufré de tout son long dans un couloir d'hôtel et aussi la fois où Zayn avait trouvé hilarant de faire du skate sur un chariot d'équipement, poussé par Louis. Ils s'étaient tous les deux rétamés comme des crêpes. Il expliqua les divers paysages qu'ils avaient vus, même si c'était souvent depuis leurs fenêtres. Il raconta les concerts, les foules, les pancartes et mêmes les rares chanceux ou chanceuses qui l'avaient croisé au détour d'une rue. Souvent, ils ne mentionnaient pas Juliette mais quelques-uns prenaient le temps de demander de ses nouvelles et Niall était toujours agréablement surpris, alors il expliquait qu'elle était fatiguée mais qu'elle travaillait dur.

- Du coup, les filles avec qui j'étais m'ont dit qu'elles étudiaient la danse aussi et elles m'ont donné leur pseudos pour que tu les suives sur Twitter. Elles ont dit qu'elles avaient des questions pour toi, parce qu'elles ne savent pas trop quoi faire l'année prochaine. Si tu es d'accord pour le job, je te les enverrais mais là ils sont perdus dans les notes sur mon portable.

-Pas de soucis, sourit-elle. Envoie-les moi dès que tu les retrouves !

- Le lit me manque, finit-il par soupirer. Les lits d'hôtels, c'est nul, j'ai mal partout.

- Aww, Babe, tu en as encore pour un petit moment de suites d'hôtel, là, grimaça-t-elle.

- Pour être tout à fait honnête, y a pas que le matelas qui me manque, susurra-t-il. Ce qu'on y fait, c'est pas mal aussi ...

- Tu veux vraiment jouer à ce jeu, Mr Horan ? murmura-t-elle en faisant glisser la bretelle de son débardeur sur son épaule.

- Il paraît que je suis très fort à ce jeu, tu sais ?

Le rictus en coin qu'il arborait finit par sceller la fin de leur soirée. Si Niall aimait jouer, Juliette était pire que lui.

Et elle n'aimait pas perdre.    

Stone On Fire | The Journey of NulietteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant