Stone On Fire | The Journey of Nuliette

Début février 2015

Le ciel en Australie était rempli de nuages en ce matin de Février. Le petit réveil sur le bord de la table de chevet indiquait trois heures du matin et le tic-tac de l'horloge dans le salon de sa suite d'hôtel commençait à rendre le blond complètement fou. Il s'était déjà tourné plusieurs fois dans son lit et avait même réussi à faire sortir la couette de sa housse, en bougeant comme un petit diable en boîte. Tout cela était ridicule et pour la première fois depuis son départ de Londres, Niall ressentit réellement le vide qu'il y avait à côté de lui dans ce grand lit. Pour la première fois, la petite pointe dans son cœur se transformait en grosse pointe de côté et lui faisait monter les larmes aux yeux. Il était parti de Londres il y a déjà un mois et plus le temps passait, plus ce grand vide en forme de Juliette s'élargissait dans sa vie. Tout ce qu'il voyait, c'était qu'il lui manquait sa petite-amie à ses côtés pour être totalement comblé et il n'en pouvait tout simplement plus. Il aurait pu prendre le premier vol pour l'Angleterre mais il était coincé en Australie avec des shows quasiment tous les soirs. Il savait qu'il devait attendre encore quelques semaines, ce n'était plus qu'une question de jours. Juliette serait de retour dans ses bras d'ici la fin de la semaine suivante et ce n'était plus qu'un peu de patience à trouver. Mais ce soir, tout cela était compliqué à gérer et il ne se doutait pas qu'il n'était pas le seul membre du groupe à tourner dans son lit, regrettant que Juliette ne soit pas plus proche de lui.

De l'autre côté de l'hôtel, Zayn tournait dans son lit également, mais à la différence de Niall, il n'avait pas attendu pour composer le numéro de la ballerine. Depuis son départ pour l'Australie, l'Anglo-Pakistanais tenait sa promesse à cœur et n'hésitait plus à sortir son portable de sa poche quand il ne se sentait pas au top de la forme. Cela arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps et si Juliette ne lui répondait pas à cause du décalage horaire, il patientait simplement sa réponse en se plongeant dans un dessin.

Cette nuit-là, il avait rapidement fait le calcul de l'heure londonienne et n'avait vu aucune gêne à appeler sa meilleure amie, sortant ses écouteurs de son sac à dos et posant son portable sur sa table de chevet. Il laissa la sonnerie habituelle des appels longue distance résonner dans son crâne et quand enfin la tonalité se stoppa pour signifier que l'appel avait été accepté, il fut accueilli par les bruits de la ville de Londres. Juliette était visiblement en ville et elle venait de lui dire de patienter quelques secondes avant de pouvoir parler.

- Hey ? Désolée, j'étais en train de payer pour mon Starbucks et je pouvais pas faire les deux en même temps, s'excusa-t-elle.

- Pas de soucis, sourit-il doucement, même si elle ne pouvait pas le voir. Comment tu vas ?

- Je suis fatiguée, soupira-t-elle. Et toi ?

- Bof, marmonna-t-il. Comment ça s'arrange ton rhume ?

- Je ne tousse plus, si ça peut te rassurer, rit-elle. Mon nez est toujours pris, par contre, c'est assez chiant pour danser parce que du coup j'ai aucun souffle et aucune endurance.

- Tu es allée chez le médecin ?

- Si tu crois que Niall n'a pas booké le rendez-vous lui-même, tu te fous le doigt dans l'œil mon grand. J'ai même pas eu le temps de le faire moi-même, j'ai juste reçu un SMS de confirmation du rendez-vous et un autre pour me rappeler qu'il était dans genre une heure.

- Ca m'étonnait aussi, plaisanta-t-il.

-Qu'est-ce qui t'arrive, Zee ?

Le soupir à l'autre bout du combiné finit de convaincre Juliette que Zayn n'allait effectivement pas très bien. Depuis quelques semaines maintenant, il lui disait qu'il était fatigué et que sa famille lui manquait. Il se sentait même coupable vis-à-vis des autres parce qu'il ne mettait pas entièrement son cœur à la tâche et ça le terrorisait de se voir peu à peu perdre de l'intérêt dans ce groupe qui voulait pourtant tout dire pour lui l'année précédente. C'était comme s'il faisait constamment une liste de pour et de contre et que la deuxième colonne prenait une place de plus en plus importante. Depuis maintenant plus de quatre ans, sa vie complète tournait autour du groupe et maintenant, il ne savait plus vraiment dans quel sens elle tournait, finalement. Il était étourdi en permanence, dans un brouillard sans fin et il ne retrouvait plus son chemin. Ca n'avait aucun sens à ses yeux et son esprit se perdait un peu plus chaque jour. Ce n'était pas soudain, ça durait depuis plusieurs mois maintenant, mais ce qui était soudain, c'était cette amplification brusque qui le rendait totalement hagard. Cela ressemblait au mal de la maison, seulement il avait l'impression que c'était le mal de mer, tellement tout semblait tanguer autour de lui, tout le temps.

- Je sais pas ce qu'il m'arrive mais j'étouffe là, admit-il à mi-voix. Je trouve plus ma place ici, je trouve plus ma place sur scène, je crois plus en ce que je chante, c'est un enfer, Jul' ...

- Ecoute, je suis avec vous dans moins de deux semaines, vous avez encore une dizaine de shows à faire avant que je n'arrive. Tu tiens le coup jusqu'alors et ensuite on verra tous les deux. Peut-être que tu as simplement besoin de parler avec les autres et de dire ce qu'il se passe. De prendre un peu de recul, peut-être ?

- Jul', je prends du recul chaque fois que je suis sur scène. Je sais pas ce que je fous ici, souffla-t-il, la voix cassée par les sanglots qui menaçaient de sortir.

- Zayn, tu es plus fort que ça, tu es plus fort que moi en tout cas. Je te promets qu'on trouvera une solution quand je serais là, d'ici là, tu dois juste maintenir la tête hors de l'eau et je t'aiderais à rejoindre la rive quand j'arrive, je te le jure.

- Je sais pas ce que je ferais sans toi, pleura-t-il soudainement.

- Oh, Zee, chuchota-t-elle. Je suis là, je te le promets. On trouvera un moyen d'arranger les choses, d'accord ? Tu ne peux pas rester comme ça.

- J'ose même pas en parler aux autres. Ils sont tous tellement heureux de faire cette tournée et moi je suis là, à broyer du noir comme un imbécile. Je comprends pas ce qu'il m'arrive !

- Ne panique pas, c'est la dernière chose dont tu as besoin, d'accord ? Continue sur ta lancée et dès que je vous rejoins à Osaka, on étudiera tes options. Ça marche pour toi ?

- Okay, soupira-t-il en s'essuyant les yeux avec le dos de son poignet. J'aimerais vraiment que tu sois là maintenant.

- Je voudrais être là pour toi, aussi.

- Tu crois que je vais m'en sortir ?

- Tu es Zayn Malik, tu es mon meilleur ami et oui, tu vas t'en sortir. Je te promets que je t'aiderais à être heureux, Zee.

- Je t'aime tellement, Jul'.

- Moi aussi je t'aime, Zayn, sourit-elle. Je dois te laisser, je vais entrer dans le Tube et je vais perdre le réseau. Tu veux que je te rappelle quand je rentre à la maison ?

- Non, ne t'en fais pas, je vais me recoucher, murmura-t-il.

- Bonne nuit, dans ce cas. Tiens-moi au courant et rappelle-moi si ça ne va pas.

- Promis.

Ce petit mot était très souvent lancé dans l'air, sans jamais vraiment promettre quoique ce soit. Dans le cas de Zayn, il savait qu'il ne briserait pas sa promesse.

Qu'il le veuille ou non, il savait parfaitement qu'il rappellerait Juliette parce que ses idées noires allaient revenir.

Ce n'était qu'une question de temps.