The Cursed Wolf ✔︎

Chapitre 6

À travers mes larmes de désespoir, Phoebe tente de me tirer les vers du nez.

— Explique-moi, bordel ! Je ne comprends pas pourquoi tu es dans cet état et ça me rend dingue.

Je m'essuie le nez et me blottie un peu plus sur la chaise du Starbucks, notre Starbucks.

— Il m'a embrassé, je souffle.

— Et c'est une raison pour pleurer ? Il puait de la gueule ou quoi ?

Je secoue la tête, car ce n'était pas le cas. J'aurais peut-être préféré, au moins j'aurais pu m'enfuir pour cette raison et pas une pire. Phoebe m'incite à continuer. Je sais qu'elle perd patience et je me sens comme une imbécile à faire autant de chichis pour lui avouer tout ce qui s'est passé. Mais ça me paraît tellement dingue !

— Hier lorsqu'on est allé en boîte, j'ai dansé avec un homme. J'ai même espéré coucher avec lui, comme ça, sans rien attendre après.

— Mais c'est génial, on progresse vers ta guérison !

J'ignore sa remarque pour ne pas m'énerver. Je n'ai pas besoin de guérir, je ne suis plus amoureuse de Patrick. C'était un connard fini et il ne mérite pas que je m'attarde sur lui. J'explique ensuite à Phoebe que j'étais tellement bourrée que je ne me souvenais plus de la veille.

— Attends, tu as dormi chez lui ? Sans coucher avec lui ? Kaileen, mais... T'es vraiment pas douée, ma parole !

— C'est ça que tu retiens ? J'étais chez mon patron ! Le Vice Président m'a servi de chauffeur et ce soir Thalion m'a embrassé. Ils sont timbrés dans cette entreprise ! Tu ne vois pas que le soleil les a rendu complètement toqués ?

Ma meilleure amie éclate de rire avant de boire quelques gorgées de son café pour se calmer. Je lui fais part de mes soupçons, comme quoi le PDG fait exprès de me rendre dingue pour que je démissionne. Il ne voulait pas de moi quand je suis arrivée. Il a explicitement dit à Wes devant moi.

— S'il fait ça pour te dégager... Tu sais quoi ? Demain je vais avec toi le voir, je vais lui montrer de quel bois je me chauffe ! Tu pourrais porter plainte pour agression sexuelle !

Je lève les yeux au ciel. Il est certain que ça rembourserait la dette de mon père, mais est-ce vraiment une agression lorsque la personne est consentante ? Car il est clair que je l'étais et s'il s'aviser de recommencer, je le serais tout autant.

Nous nous quittons rapidement et elle insiste sur le fait qu'elle va venir le lendemain pour le sermonner, mais je ne prends pas ses paroles au sérieux. Je remarque le lendemain à quel point j'ai eu tord. Je la retrouve garée devant chez moi à m'attendre. Lorsqu'elle m'aperçoit, elle me fait des grands signes et je monte dans sa voiture avec une tête d'enterrement. Il est possible qu'au final, ça soit lui qui me vire.

— Bon, c'est à quel étage, demande-t-elle en garant la voiture au parking sous-terrain.

— Le dernier, sans grande surprise.

Elle me traîne jusque dans le bâtiment et est choquée par la richesse des lieux.

— Bah dit-donc, il y en a qui se font plaisir !

Elle louche sur un tableau abstrait accroché au mur et sous verre.

— Kaileen ! M'interpelle une voix masculine.

Je me retourne en même temps que Phoebe et aperçois Wes trottiner vers nous. Il nous adresse un sourire et ses yeux bloquent sur mon amie. Je ne suis pas surprise, elle fait souvent cet effet-là aux hommes. Aussi séduisant que soit Wes, il ne peut y résister malgré tout.