Chapitre 28

19.5K 1.3K 60
                                    


J'ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort. Je sursaute et tombe sur les fesses. Je baisse la tête et remarque alors mon corps animal. Une fourrure au poil long et... rousse. Bien entendu, il faut que ça me suive jusqu'à la fin.

« Kaileen, ça va ? » tente à nouveau Thalion.

Je relève la tête et lui lance un regard de détresse.

« Pense à une phrase dans ta tête et je l'entendrais. »

C'est aussi simple que ça ? Bah c'est une bonne nouvelle.

« Je vais criser. »

L'Alpha penche sa tête sur le côté.

« Pourquoi cela ? »

Je me lève lentement et fais un tour sur moi-même sous son regard approbateur.

« Parce que j'ai les poils roux ! Qui a fait ça ? »

Il lève les yeux au ciel et j'ai envie de le taper. Il indique alors la forêt un peu plus loin de la tête.

« Viens. Je vais te faire découvrir pourquoi je trouve ça si merveilleux d'être un loup-garou. »

Je le suis en râlant intérieurement. Mais comment garder cette mauvaise humeur lorsque toutes ces odeurs m'assaillent ? Que le monde devient plus bruyant et que tout est décuplé ? Comment suis-je sensée réagir lorsque le monde semble être le même, mais en mieux ?

Thalion me montre alors l'étendue de la forêt et nous rejoignons une partie de la meute. Les loups se foncent dessus avant de bondir dans tous les sens, tentant d'attraper une proie qui aurait le malheur de passer par là.

Etrangement, je me sens complète. Comme si avant, sans même le savoir, je n'étais que la moitié de moi-même. C'est un sentiment étrange de se dire que j'étais dans le flou le plus total sans m'en être rendue compte.

Notre « petite » escapade dure quelques heures avant que je ne me fatigue. Thalion me raccompagne vers les 4x4 garés sur la plaine et le fait de quitter ce corps animal me rend triste, sans vraiment que je ne sache pourquoi.

Je me retrouve nue et je prends alors conscience que mes anciens vêtements sont partis en lambeaux. Thalion m'indique un sac contenant des t-shirts et des shorts. J'en prends à ma taille sans un mot et enfile ces derniers rapidement sous le regard brûlant de l'Alpha. Je tente de cacher mon bâillement, mais il le remarque. Il reprend forme humaine.

— Installe-toi dans la voiture. Je m'habille et je vais te ramener chez nous.

Sa nudité passe immédiatement à la trappe lorsque j'entends ses paroles. « Chez nous ». C'est si bizarre à entendre, mais c'est exactement ça. Chez Thalion, c'est aussi chez moi, à présent. Je prends place sur le siège passager et avant même d'avoir pu prononcer « Loup-garou », je m'endors.

Je ne suis réveillée que le lendemain dans le lit de Thalion. Enfin, notre lit. Ce dernier n'est pas là, mais je ne me fais pas de soucis, il doit sûrement s'occuper de trucs importants. Le soleil est déjà haut dans le ciel, et je prends mon temps pour me lever, me doucher et enlever des traces de terre sur mes jambes et mes bras. Je suis étonnée que Thalion m'ait laissé dormir dans son lit dans un état pareil.

Une fois habillée, je me décide à descendre. Je retrouve dans la cuisine Phoebe qui discute joyeusement avec Wes. Une pensée fugace s'imprime un instant dans mon esprit : dommage que ma meilleure amie ne soit pas l'âme-soeur du Bêta, car nous aurions pu vivre ensemble, comme deux soeurs. Soeurs que nous sommes, par le coeur.

— La belle au bois dormant est enfin réveillée, m'accueille Wes.

Je lui réponds par une grimace. Je me sens encore un peu courbaturée. J'espère sincèrement que les futures transformations seront moins douloureuses. Mais je ne veux pas trop avoir d'espoir.

The Cursed Wolf ✔︎Où les histoires vivent. Découvrez maintenant