The Cursed Wolf ✔︎

Chapitre 22

Je n'ai jamais remarqué à quel point la nuit peut être effrayante. Le noir m'a toujours effrayé depuis toute petite : la crainte de voir sortir le monstre de mes songes, l'inconnu, ce que je ne peux voir. Mais j'étais à l'abri durant tout ce temps. Les lumières de la ville chassaient les monstres, les peurs, et me confrontaient à une réalité que je voulais voir.

Puis Thalion est entré dans ma vie, mettant à mal tout ce que je pensais être vrai. En fait, j'ai remarqué que les lumières que je trouvais si rassurantes n'éclairaient que moi. J'étais tant sous leur emprise qu'en fait, je n'ai pas remarqué que j'étais seulement aveuglée.

Les monstres étaient bien là, tapis dans l'ombre, à quelques centimètres de moi. Leur souffle se mêlait avec la chaleur des lumières, trompant mes sens. Alors je ne me suis pas méfiée. Puis le grand méchant loup a réussi à se glisser sous les lumières à mes côtés.

— Tout va bien, Kaileen. Je suis là.

Je jette un coup d'oeil à l'entrepôt dont la silhouette se découpe dans la nuit noire. Une peur sourde s'insinue dans mes veines. Là, le vide s'étend autour de moi. Autour de nous, il n'y a que des buissons éparpillés où Dogon aurait pu poster ses hommes. Et ça en serait terminé de nous.

Je capte les yeux de Thalion et toute cette peur disparaît. Il semble aspirer tout ce qu'il y a de mauvais en moi et j'ai l'impression de pouvoir enfin respirer. Je prends une grande inspiration et tout de suite, tout va mieux. Il a raison, tant qu'il est avec moi, tout ira bien.

Il prend ensuite ma main et me fait signe de le suivre. Nous avançons assez rapidement et les murs de l'entrepôt m'apparaissent très clairement à présent. Je regarde devant moi, faisant abstraction de tout ce qui se trouve autour de moi et focalise mon attention sur cet homme devant moi qui m'est devenu indispensable en l'espace de quelques jours.

Son dos musclé se contracte à chacun de ses pas, tendant le t-shirt noir à l'extrême. Le noir se tient à distance tant le fil invisible qui me lie à Thalion est lumineux. Nous allons tout droit dans la gueule du loup, mais nous sommes tous les deux. Même en fermant les yeux, je n'arrive pas à avoir peur. Est-il magicien ? Je ne serais pas surprise.

— Ah, enfin, j'ai failli attendre.

La voix de Dogon agit comme un électrochoc sur moi et les poils de mes avant-bras se hérissent. De peur ? De colère ? Sûrement un peu des deux. J'ouvre alors les yeux et remarque que Dogon a eu la délicatesse d'installer des projecteurs aux quatre coins d'une large zone au centre de l'entrepôt. Ou peut-être était-ce déjà là avant qu'il ne vienne.

Le sol poussiéreux contient quelques traces de pas, de grandes empreintes et d'autres, plus petites. Je remarque alors Phoebe un peu en retrait. Ma voix reste coincée dans ma gorge et j'esquisse un geste en sa direction. Elle paraît étrange. Elle ne semble pas avoir été maltraitée, mais quelque chose dans son regard me dérange.

— Il me semblait t'avoir demandé de venir seul. Je suis déçu que tu aies amené ta meute avec toi, Thalion.

Dogon ne me jette même pas un regard. Il semble être totalement fasciné par Thalion. Je comprends alors qu'il n'a pas remarqué que je fais partie de la même espèce qu'eux. Serait-ce là le plan de mon âme-soeur ? Jouer sur l'impatience de Dogon afin de le duper ?

— Kaileen, tu es là, semble se réveiller Phoebe.

Je relève la tête et j'ai tout juste le temps d'ouvrir mes bras avant qu'elle ne s'y jette. Je l'enlace fort et les larmes me montent aux yeux. J'ai eu si peur de la perdre. Qui sait ce que ce psychopathe aurait pu lui faire. Je n'imagine pas ma vie sans elle. Elle est comme ma soeur, une partie de moi. Kaileen sans Phoebe et Phoebe sans Kaileen c'est tout bonnement impossible.

— Tu vas bien ? Il ne t'a rien fait ? Je chuchote à son oreille.

Elle secoue la tête avant de se détacher de moi. Dogon ne parle plus et nous regarde d'un air amusé.

— Non, il a été vraiment... parfait. Kaileen, je crois que j'ai enfin trouvé la personne qui me faut...

Je reste abasourdi un instant. Elle est devenue folle, c'est ça ? En fait, il l'a tellement torturé qu'elle est devenue tarée. Je vais buter ce gars, lycan ou pas.

— Mais de quoi tu parles ?

Phoebe m'adresse un énorme sourire en m'affirmant qu'il est l'homme de sa vie.

— Tu l'as ensorcelé, s'énerve Thalion. Qui est la sorcière qui a fait ça ?

— Tu ne penses pas qu'elle puisse réellement m'aimer ?

Un grognement agacé sort de la poitrine de Thalion et Dogon lui intime de se calmer, car ici, il n'a pas l'avantage.

— Concernant notre accord...

— Je t'arrête tout de suite, je le coupe. Tant que Phoebe est sous l'emprise de ton... truc, l'échange est caduc.

Dogon ne me lance qu'un bref coup d'oeil avant de revenir sur Thalion.

— Ce n'est pas ce qui était prévu, dit-il en s'avançant vers l'Alpha.

— Tu ne devais rien lui faire, répond Thalion en s'avançant également.

Ils se tournent autour à présent en position d'attaque, le visage fermé. Malgré moi, je ne peux m'empêcher d'être impressionnée. Il émane des deux loups tant de puissance que je suis tentée de me soumettre, mais je ne dois pas.

En les voyant agir de la sorte, je remarque alors qu'il ne font plus du tout attention à nous. C'est le meilleur moment pour moi d'emmener Phoebe à l'abri. Je la tire, mais bien entendu, elle tente de résister en me sommant de la laisser avec son futur mari.

Totalement désemparée, je ne sais pas quoi faire. J'observe alors Thalion et j'hésite à attirer son attention en tirant sur le fil invisible qui nous lie. J'ai peur que cela puisse le perturber et qu'il soit en mauvaise posture à cause de moi. Que faire ?

Laisse-moi le contrôle, m'intime la voix dans ma tête.

Je ne veux pas, et si elle faisait du mal à Phoebe ? Je ne pourrais me le pardonner. Je secoue alors la tête et approche ma main du fil.

Non ! Laisse-moi gérer ça.

À l'intérieur de mon crâne, je ressens comme une sorte de combat entre moi et moi. Je n'ai pas assez confiance en cette partie de moi pour la laisser gérer ça. Mais en même temps, je n'ai pas de solution.

— Laisse-moi, Kaileen. Tu ne peux pas m'emmener de force loin de lui, alors lâche l'affaire, O.K ?

Ses paroles allument une ampoule dans ma tête et j'attrape son bras avant de frapper le dessus de son crâne avec force. À ma plus grande surprise, elle s'évanouit dans mes bras.

Heureusement que je sais jauger la force, sinon tu l'aurais tué, s'énerve la voix.

Je ne réponds pas et tire Phoebe en dehors de l'entrepôt, priant de toutes mes forces pour que les choses se passent bien pour Thalion. 

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À samedi mes petits loups !