Prunelles écarlates (TOME 1)

Chapitre 20

          Louis est reparti de la chambre après avoir désinfecté et pansé la plaie. Je suis maintenant seule dans la pièce avec Ethan. Celui-ci n'a toujours pas dit un mot, il reste prostré dans son mutisme. Il est debout à plusieurs mètres du lit et refuse de me regarder dans les yeux. La distance qu'il met entre nous me serre le cœur. J'ai besoin de lui contre moi, pas à vingt mètres.

- Ethan..., commencé-je.

Il détourne la tête et fixe la porte. Ce qu'il peut être tétu ! Je déteste qu'on ne me regarde pas dans les yeux quand je parle à quelqu'un.

- Ne t'en veux pas, s'il te plait. On le savait que ça pouvait arriver... Moi, je ne t'en veux pas, pour rien.

Il pose enfin ses prunelles, devenues glaciales, sur moi. Je frissonne. Je n'aime pas du tout ce que j'y lis, cela me désole. J'y perçois toute la déception qu'il ressent envers lui-même et toute sa tristesse.

- Tu ne comprends pas... Pour une histoire de marque, j'ai tenté de tuer mon meilleur ami et au final, je t'ai blessée. Tout ça parce que je suis incapable de contrôler Black.

Je lui fais signe de venir près de moi mais il refuse. Décidée à combler le manque que je ressens, je me lève difficilement pour aller jusqu'à lui. La blessure tire un peu mais Louis avait raison : ça cicatrise vite. Dans quelques heures, je n'aurais quasiment plus rien et demain, on n'en parlera plus.

Je boite pour rejoindre Ethan et attrape sa tête de mes mains pour le forcer à me regarder dans les yeux. Il me fuit et ça m'est insupportable. Je ne lui en veux absolument pas et ma louve non plus. Tout comme moi, elle souffre bien plus du refus de mon âme-sœur de me faire face. J'ai agi par instinct pour protéger quelqu'un qui compte pour moi et lui, a agi sous l'influence de son loup qui souffre de ne pas pouvoir marquer sa compagne depuis deux semaines.

Je dépose délicatement mes lèvres sur les siennes et presse mon corps contre le sien. Le contact de sa peau contre la mienne nous apaise Kayla et moi. Il ne répond d'abord pas à mon étreinte mais finit par y participer en passant une main dans mes cheveux et l'autre sur ma taille. Mais cela ne suffit pas : je sens au plus profond de moi que même s'il a accepté le contact, dans sa tête, rien n'a changé.

Je me décolle de lui. Cette fois, il ne fuit plus mon regard mais je peux voir dans ses yeux les émotions négatives qu'il ressent envers lui-même.

- Ne t'en veux pas, s'il te plaît Ethan... Pense au positif, je me suis transformée ! Je suis presque prête pour la pleine lune et j'avance vite dans mon apprentissage. Je marque une pause avant de reprendre avec un petit sourire aguicheur. Et puis... Je me sens bien avec toi.

Ses yeux se mettent à pétiller à l'entente de la fin de ma phrase. Il m'attrape par les hanches et me rapproche de lui pour mon plus grand plaisir. Il penche son visage vers le mien et colle nos fronts.

- Moi aussi, je me sens bien avec toi... Je ne me suis jamais senti aussi complet et à ma place avec personne. J'ai envie de passer chaque seconde de ma vie avec toi.

Je rougis et mon cœur s'emballe. Le beau jeune homme face à moi rit. Enfin, c'est déjà ça ! Il arrête de penser qu'il est coupable et que c'est de sa faute.

- Je vais aller me reposer un peu, tu restes avec moi ou tu dois finir de travailler ? demandé-je avec l'espoir secret qu'il reste auprès de moi.

Il réfléchit quelques secondes avant de prendre une triste mine et de baisser légèrement la tête.

- Malheureusement, j'ai encore de la paperasse à régler... Tu vas devoir te passer de moi encore quelques heures. Ça va aller ? questionne-t-il.