Prunelles écarlates (TOME 1)

Chapitre 10

            Les rayons de la lune caressent ma peau nue. Je papillonne des yeux et me redresse. Je suis allongée au beau milieu d'une clairière verdoyante. La pleine lune brille majestueusement dans ce ciel sombre rempli d'étoiles.

Je devrais avoir peur, je devrais éprouver de l'inquiétude dans ce lieu inconnu mais bizarrement, je me sens en sécurité. Comme si c'était le lieu dans lequel je devais me trouver à ce moment. J'ai quelque chose à y faire, je le sais. Quelque chose d'important... de nécessaire... Je ne sais pas ce que c'est mais je pense que je vais bientôt le découvrir.

Je scrute les alentours mais rien ne m'apparaît. La clairière est entourée de grands pins qui obstruent totalement la vue. Après ce qui me semble être une éternité, j'entends des pas venir de derrière moi. Je me retourne rapidement et scrute le buisson à l'origine de ces bruits.

Une grande femme élancée s'avance vers moi d'une démarche élégante et assurée. Elle me regarde avec tendresse. Bien qu'elle m'inspire confiance, je reste sur la défensive car je ne la connais pas. Malgré tout et comprenant qu'elle saura m'apporter des réponses ma présence ici, je suis curieuse de savoir ce que cette magnifique dame me veut.

Elle porte une longue robe aux couleurs de la nuit qui brille sous la lumière de la lune. Ses longs cheveux blancs rappellent la couleur de ce même astre et ses deux grands yeux dans lesquels semblent danser mille et une couleurs me scrutent.

Elle comble les derniers mètres qui nous séparent et s'agenouille face à moi. Je la regarde avec curiosité mais je sens que je ne dois pas prendre la parole. Elle va le faire le moment venu. Et je ne me trompais pas ! Après m'avoir observée sous toutes mes coutures, elle passe une main douce et tendre dans ma chevelure et s'exprime ainsi :

- Bonjour Zoeh. Je suis contente d'enfin pouvoir te rencontrer. Vingt-cinq ans que j'attends cela. Tu nous auras bien fait attendre, plaisante-t-elle.

Face à mes yeux écarquillés, elle sourit chaleureusement.

- Oh mais, je manque à tous mes devoirs ! Je ne me suis pas présentée. Je suis Luna, déesse de la Lune et mère des loups. J'attends depuis tellement longtemps de pouvoir discuter avec toi, ma fille. Je me demandais quand est-ce que tu allais enfin découvrir ta vraie nature.

Mon cerveau fonctionne à la vitesse grand V, des milliers de questions me passent par la tête mais je ne sais pas par où commencer.

- Je suppose que nous n'avons pas beaucoup de temps, dis-je déçue.

La déesse me sourit.

- Au contraire jeune fille, je suis tout à toi. Nous ne sommes pas dans les films ou dans les livres. Ici, nous disposons du temps qu'il nous faut.

Je hoche la tête en signe de compréhension.

- Tant mieux, parce que j'ai beaucoup de questions, m'enthousiasmé-je en me grattant le haut du crâne.

La déesse s'installe plus confortablement sur l'herbe. Une fois prête, elle m'invite à me lancer.

- Par où commencer... Ah, je sais ! Mes parents sont-ils des loups ?

Elle bouge la tête à la négative.

- Dans ce cas, d'où me viennent mes gènes de loup ?

- Tu as été adoptée. J'ai conseillé à tes véritables parents de te confier à cette famille humaine pour te protéger.

Mes yeux s'écarquillent de stupeur. Comment ça mes parents ne sont pas mes parents ? Je la regarde un instant avec suspicion, peinant à y croire, mais déjà une larme coule sur ma joue, puis une autre. Dans un silence complet, je laisse ma peine s'exprimer. C'est tout bonnement impossible, tant de gens disaient que je ressemblais à maman lorsqu'elle était jeune. De longues minutes passent sans que je ne parvienne à reprendre la parole, la gorge nouée. Pourtant, ce ne sont pas les questions qui manquent. La déesse ne dit rien, puis me caresse la joue tendrement. Je sèche alors tant bien que mal mes larmes et tente de me calmer en inspirant profondément. Je finis par me lancer, essayant de dérouler un peu mieux cette pelote emmêlée qu'est devenu mon esprit.