Chapitre 20

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                                                                                                                                                            DAVINA

   Alors que je suis dans ma chambre, j'entends un bruit sourd, suivi du fracas de plusieurs objets qui tombent au sol.

- Mais qu'est-ce que tu as encore foutu ?! crié-je.

   Me précipitant au salon, je me rends compte qu'il a sûrement abattu son poing contre le bois de la bibliothèque, en voyant ses phalanges rougis. Plusieurs livres sont tombés au sol, mais son attention est retenue par autre chose. Il est accroupi au sol, ramassant le contenu de mon faux livre dont la serrure s'est lamentablement brisée au contact du sol. Je le regarde horrifiée une fraction de seconde, le cœur battant à tout rompre. Non, ce n'est pas possible !

- Pourquoi il y a mon nom sur toutes ces lettres ?

   Mon sang ne fait qu'un tour, la rage m'assaille et je lui arrache les lettres des mains pour les regarder de plus près. Je fulmine plus que jamais. Je crois bien que toute la colère que j'ai gardée contre lui ces dernières années explose enfin. J'en tremblerais presque. Mes mains serrent le papier, les écrasant dans ma poigne jusqu'à ce qu'elles ne soient plus qu'une boule informe.

- Pourquoi ?? répété-je la mâchoire serrée.

   Soham me regarde sans réellement comprendre mon état. À cet instant, il me fait penser à un pauvre petite agneau tombé entre les griffes du grand méchant loup et qui s'apprête à se faire dévorer. Et ma colère est si grande désormais que c'est exactement ce qu'il va lui arriver.

- Parce qu'il y a eu une lettre pour chaque fois que tu m'as manqué ! Une lettre pour chaque fois où j'ai eu envie de revenir vers toi !! Une pour chaque fois où cela devenait insoutenable de vivre ma vie, en sachant que tu n'en ferais plus partie !!!

   Ma voix se fait plus forte à mesure que je lui crache ces mots pleins de rage. Et sans prévenir, je lui balance toutes ces maudites lettres au visage. Il brandit son avant-bras devant ce dernier, juste à temps pour se protéger. Je ne fais même plus attention à mes larmes. Elles ont coulé et qu'il les voit ne me fait plus rien. Regagnant ma chambre, je claque la porte avec force derrière moi. Lorsque j'ai quitté le salon, il y en avait des centaines au sol. Ces lettres, je ne les ai jamais ouvertes. Ce n'était qu'un exutoire, une manière de faire mon deuil et de m'empêcher de revenir.

   Je crachais ma peine sur le papier, pliais le tout, pour les enfourner dans des enveloppes que je scellais pour les ranger dans cette cache, sans jamais plus y toucher. Je souhaitais seulement me soulager d'une manière ou d'une autre, pour ne pas garder mes sentiments enfouis jusqu'à m'en faire mal. Je lui disais tout ce qu'il refusait d'entendre, ce que je n'avais pu lui dire, ou qui était devenu inutile de dire après certaines de ses paroles. Mais surtout, ce qui ne comptait plus désormais : l'amour débile dont je n'ai jamais pu me défaire.

   Vidée de toute énergie, je me laisse tomber sur le lit en regardant le plafond et je le hais de me mettre dans cet état lamentable. Je le déteste de me faire verser des larmes encore et toujours. Personne ne devait les lire. Ce devait être un moyen d'exorciser mes peines, de supporter l'absence et me faire à l'idée qu'il ne restait rien. Assise contre mon oreiller, je l'entends ranger les livres sur les étagères. Il va sûrement les lire ces lettres. Au bout d'un moment, on toque à ma porte sans entrer. Je ne veux même pas le voir en sachant qu'il les a vu.

- Est-ce que je peux les lire ? me demande-t-il doucement.

   Prenant une peluche qui traîne, je la balance violemment contre la porte.

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