Chapitre 8

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DAVINA

   Yann a dormi à la maison cette nuit. Nous avons passé la soirée tous les deux, devant Netflix à se faire un marathon La Casa De Papel. Je n'avais jamais pris la peine de regarder cette série, mais Yann a insisté. Autant dire que nous avons fini par nous endormir sur le canapé, vers 3 heures 30 du matin. Si bien que ce matin, je me réveille avec les membres ankylosés et m'extirpe difficilement du canapé pour nous préparer un petit-déjeuner convenable. Ouvrant le réfrigérateur, j'en sors quelques oeufs, du bacon, du jus d'orange et entreprends de mettre mes tranches de pain de mie à toaster.

   Allumant les plaques chauffantes, je me mets à faire mes œufs brouillés et à cuire mon bacon. Très vite de nombreuses effluves embaument tout l'appartement. Sûrement attiré par l'odeur alléchante du bacon en pleine cuisson, mon invité quitte enfin le monde des songes pour la dure réalité. Bâillant à s'en décrocher la mâchoire, Yann se lève et part se rafraîchir dans la salle d'eau avant de revenir dans le salon, un peu plus frais. Il finit par me rejoindre dans le coin cuisine et s'accoude à l'îlot central, près de mon smartphone.

- Qu'est-ce que c'est ? me demande-t-il en faisant un signe de tête vers mon téléphone.

   Je hausse les épaules en continuant de brouiller mes œufs. Je ne veux rien faire brûler par inadvertance.

- Regarde pour moi, s'il te plaît.

   Un silence suit ma demande et je relève les yeux vers Yann. Il arbore une abominable mine renfrognée.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

   Lorsqu'il me répond, sa voix se fait plus distante, presque plus dure.

- Tu devrais regarder par toi-même.

   Éteignant les plaques de cuisson une fois la nourriture prête, je m'approche de lui pour prendre mon bien. Le message s'affiche clairement sur l'écran verrouillé, qui continue d'émettre sa lumière.

De : + 33 6 62 87 97 07

Bonjour, excuse-moi d'avance de te déranger si tôt. Demain, il faudrait que tu me retrouves à cette adresse, pour que nous visitions l'appartement dans lequel nous emménagerons. Si ça ne nous plaît pas, ton éditeur a mentionné le fait qu'on pourrait en changer. À demain, 9 heures.

- Tu devrais le nommer maintenant que vous allez emménager ensemble.

   Je soupire, exaspérée par son comportement. Qu'est-ce qui lui prend ?

- Oui, peut-être.

   Déposant mon smartphone sur l'îlot, je prends deux assiettes et lui en tends une. Yann s'en saisit et nous nous servons pour petit-déjeuner. Je meurs littéralement de faim et m'empiffre plus que je ne mange réellement. Mon invité n'a pas l'air de décolérer et je ne sais pas quoi faire ou dire pour qu'il cesse, alors autant le laisser bouder tant qu'il le souhaite. Il finira bien par se lasser à la longue. La contrepartie est qu'un silence pesant commence à s'installer.

- J'aimerais que tu le rencontre.

- Bien sûr que je vais le rencontrer, me répond-il en levant les yeux au ciel.

- Mais pas maintenant.

   Il me regarde interloqué, se demandant sûrement pourquoi est-ce que je souhaite attendre.

- Laisse-nous emménager et tu le rencontreras.

- Je n'arrive pas à croire que tu vas vraiment emménager avec un homme. Tu ne t'es jamais mise en ménage avec quelqu'un ! lâche finalement Yann agacé.

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