Chapitre 4

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Si quelqu'un avait voulu représenter une figure de l'incompréhension, le reflet de Cecilia au bout du couloir, interdite, tandis que la porte claquait, lui aurait fourni un modèle idéal. Elle ne pouvait bouger et malgré la détresse qui criait dans son coeur, les larmes ne voulaient pas couler.
Elle allait sans doute se réveiller de ce cauchemar, se retrouver la petite Blanca dans les bras de son Francisco. Mais non, il ne voulait plus d'elle. Il ne l'aimait plus.

- J'ai peut être tant changé... Je ne suis plus Blanca et Cecilia ne lui plaît pas, pensa t'elle à haute voix. Mais moi je sais que je l'aime ! Et qu'est ce que je vais faire d'Ignazio ?

Elle interrompit là sa réflexion lorsqu'un bruit de voix lui fit prendre conscience qu'elle n'avait plus rien à faire en cet endroit. Elle s'enfuit, traversa la cour, désormais familière, en courant pour cacher ses larmes et disparut dans la rue.

Francisco l'avait suivi des yeux par la fenêtre et il souriait, d'une espèce de rictus étrange qui se moquait de lui même.
Héros ou lâche ? Avait-il bien agi ?
Si seulement il avait pu la prendre dans ses bras et répéter toutes ses promesses, ses serments d'enfant qu'il aurait donné n'importe quoi pour tenir.
N'importe quoi, sauf la vie de Blanca. Or, c'était le risque qu'il lui ferait courir en la laissant s'introduire dans la sienne.
Il pensa à cet autre avec lequel elle était. Cet autre qui avait le droit de l'embrasser, de la tenir par la main, de l'aimer. Non, Francisco pensait n'avoir même pas le droit de l'aimer. Il fallait l'oublier et espérer qu'elle oublie, elle aussi.
Même si cela semblait impossible...

La porte s'entrouvrit.

- Qu'est ce qu'il y a encore ?

- C'est comme cela que tu reçois tes amis ? questionna une voix paternellement rieuse.

- Pardonne-moi Marcos. C'est que rien ne va aujourd'hui !

- Tiens, assieds-toi, sers nous un whisky et explique moi en détails où en sont les choses.

Il lui posa la main sur l'épaule. C'était étrange sa façon d'être si dur pour les autres et de s'adoucir devant Francisco.

- Voilà : ce matin les fournisseurs sont passés avec deux bonnes heures de retard il a fallu tout décaler ! J'ai appris qu'une des filles était malade, je dois la remplacer et je n'ai toujours personne !

- Tu es habitué à tout ça enfin. Parle moi des vrais problèmes.

Le jeune homme hésita, sortit une feuille de sa poche. Marcos la prit, la parcourut.

-" Tu vas payer, vendu à la police. " lu t'il à haute voix. Une lettre anonyme de plus, moins agressive que les autres tout de même. Sois sur tes gardes Francisco. Contre ces gens, un simple revolver ne suffit pas. Tu devrais plus te protéger.

- Et leur montrer que j'ai peur ? C'est hors de question. Après tout je ne suis pas le premier à avoir aider à arrêter un mafieux, et les autres à l'avoir fait sont toujours en vie que je sache !

- Justement, on ne sait jamais tout mon garçon. Prends garde. Mais puisque cela te préoccupe si peu, quel est le vrai problème ?

Francisco ne semblait pas écouter mais arpentait la pièce d'un pas nerveux, allant de la porte à la fenêtre sans même s'en rendre compte. Marcos le vit s'effondrer sur la chaise et plonger sa tête dans ses mains.
Un tel moment de faiblesse avait tout d'inhabituel.

- Francisco, regarde moi, ordonna t'il. Il y a longtemps que je ne t'ai pas vu dans cet état. Calme toi et explique moi ce qui...

- T'expliquer quoi ? le coupa brutalement Francisco. Quand tu m'as ramassé il y a huit ans, errant dans les rues, j'étais dans le même état qu' aujourd'hui !

Francisco I " Que toda la vida es sueño... "#Wattys2019Où les histoires vivent. Découvrez maintenant