Chapitre 6

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- Écoutez ça Inspecteur !
Mario Hazas, qui avait été arrêté par hasard il y a quelques semaines et que le tribunal a condamné pour les meurtres de sa femme et de son beau-frère, a finalement été exécuté ce matin.
Cela ne vous fait pas plaisir ?

- Depuis le temps que nous courrions après ce type, c'est surtout un soulagement Fernando. Quelle heure est-il ?

- Presque dix heures. On pourrait peut-être s'en aller non ?

L'inspecteur Luna ne répond rien mais tire une nouvelle bouffée de sa pipe. Ce n'est pas l'homme mort ce matin qui occupe ses pensées mais plutôt celui qui l'a fait arrêter, ce Francisco Espina.
Luna n'arrive pas à croire que cela ait été un hasard. Le patron du Baccardi en sait sûrement plus qu'il ne le prétend et pourtant il n'a rien dit à la police. Par peur de représailles peut-être ? Mario Hazas était un homme dangereux que ses amis ne tarderont pas à vouloir venger. Espina n'est pas en sécurité. Ces hommes l'ont peut-être déjà menacé.
Il va falloir régler cette affaire.
Le téléphone sonne. Fernando traverse la pièce.

- Allô ? Oui, je vous le passe. Ne vous énervez pas, enfin !

L'inspecteur arrache impatiemment le combiné des mains de son subordonné.

- Allô ? Vous êtes bien un inspecteur de la police ? Je viens de voir quelque chose de très grave.

- Je vous écoute Mademoiselle .

- J'ai vu un homme se faire tirer dessus il y a quelques minutes, au parc du Retiro, près de la statue de l'ange dechu et ... je crois qu'il est mort !

-Avez vous vu le tireur ?

- Oui. Je l'ai reconnu. C'était le patron du Baccardi.

- Comment ? Vous en êtes sûre ? Qui êtes vous ?

...

- Elle a raccroché. Allons voir cela nous même ! Allez Fernando, bougez vous !

Neuf heures plus tôt

Julio réussit à rattraper Francisco au moment même où celui-ci passait la porte. Il tenta avec force gestes de lui expliquer quelque chose mais son patron le coupa gentiment pour l'entraîner vers sa voiture.

- Je ne supporte plus ce bureau ! J'ai besoin de prendre l'air et toi aussi visiblement. Viens !

Il démarra en trombe, slaloma entre les autres véhicules si bien qu'en peu de temps ils se trouvèrent aux premiers abords de la campagne madrilène. Des sourires renaissaient sur leurs visages, enivrés de vitesse, décoiffés par le vent, criant pour se comprendre mutuellement. Enfin, Francisco ralentit, les pneus crissèrent sur les graviers au bord de la route et l'automobile s'arrêta parmi les arbres. Devançant son ami, Julio sortit des cigarettes et un léger nuage de fumée se forma bientôt au dessus de leurs têtes.

- Je me souviens lorsque je suis arrivé au Baccardi, tu m'avais affirmé que bientôt tu aurais, toi aussi, une voiture. Et plus belle que celle de Marcos !

- J'ai dit cela ? Quelle prétention !

- Non, tu n'as jamais été prétentieux, seulement réaliste, constata Julio en riant. Marcos n'aurait laissé à personne d'autre que toi la direction de ce bar, tu le sais bien.

- Pourtant je lui en ai fait voir avec toutes nos histoires... D'ailleurs, quelle bêtise essayais tu de m'avouer tout à l'heure ?

Francisco I " Que toda la vida es sueño... "#Wattys2019Où les histoires vivent. Découvrez maintenant