Chapitre 3

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- Bonjour Monsieur Pazos, vous venez tôt aujourd'hui ! Francisco est dans son bureau.

- Merci Julio, répondit l'homme d'un ton bourru. Retourne donc à ton travail.

Le serveur sourit: sous ses airs durs et ses cheveux grisonnants, Marcos Pazos était sincèrement attaché à chacun des employés du Baccardi et c'était bien normal, il avait été leur patron. Ce n'était alors qu'un modeste petit bar de Madrid. Et puis il avait laissé la direction à celui qu'il avait un peu considéré comme son fils, à Francisco, et le succès était venu.
Julio traversa la salle. Il avait besoin d'une échelle et un autre serveur, Adrian sans doute, avait du la laisser dans la cour. Il sortit dehors, empoigna la fameuse échelle, allait rentrer lorsque...

- Pss, Julio ! Julio !

Il fit volte face.

- Qui est là ?

- Pas de panique, ce n'est que moi.

La cour était ouverte sur la rue par un large porche. Sous celui-ci, la jolie demoiselle de la veille, vêtue d'un élégant manteau beige, le regardait d'un oeil suppliant. Elle s'approcha :

- Que s'est-il passé hier ? Pourquoi me suis-je réveillée dans un taxi ? Vous aviez promis que s'il revenait...

Julio eut l'air ennuyé mais resta silencieux.

- Comme vous voudrez. Peu importe. Mais si vous voulez vous faire pardonner, aidez moi.

- À quoi ?

- Francisco est-il là ? Cette fois je lui parlerai.

Elle semblait aussi déterminée à le voir que lui à l'éviter !
Le serveur soupira. Mais il n'avait jamais su résister à un joli visage.

- Vous ne pourrez pas passer par l'intérieur. Il vous fermerait sa porte. Mais je peux entrer dans son bureau et vous ouvrir la fenêtre. Allez, ne me remerciez pas et cachez vous plutôt. Je vous ferai signe lorsqu'il sera seul.

Cecilia lui sauta au cou dans un élan d'enthousiasme vite réfréné.
Tout allait s'arranger ! Elle pourrait parler à Francisco. Enfin...
Elle se posta dans un renfoncement et attendit. Il devait être trois heures de l'après midi mais le soleil ne pénétrait pas entièrement dans la cour qui était restée fraîche. Au bout de quelques minutes, ce ne fut pas Julio mais Francisco lui même qui ouvrit la fenêtre et passa la tête dehors.

- Tu as raison, il faut faire sortir toute cette fumée, l'entendit dire Cecilia.

Elle l'observa: un rayon de soleil faisait se plisser les yeux du jeune homme et ses cheveux n'étaient pas aussi bien coiffés qu'hier. Il ne portait ni veste ni cravate mais une chemise immaculée et il fumait.
Lorsqu'il fut rentré dans la pièce, la jeune femme se glissa le long du mur. Jetant un coup d'oeil à l'intérieur elle observa que Julio occupait son patron dans le couloir. Elle escalada rapidement le rebord, se glissa à l'intérieur et referma les vitres au moment où :

- Sors d'ici.

Elle respira profondément sans se retourner.

- Pas avant que tu m'ai reconnue, Francisco Gonzalez.

Elle lui fit face. Le jeune homme la vit s'avancer de quelques pas mais demeura imperturbable, son éternelle cigarette entre les doigts.

- Ose prétendre maintenant que tu ne sais pas qui je suis ?

Il sourit.

- Tu prends un ton un peu trop solennel je trouve. Tu sais, j'avais imaginé comment ce moment se passerait, ajouta t'il d'un ton léger. Mais jamais je n'aurais pensé à ça. À empêcher ton baiser avec un autre, Blanca Riveros.

Francisco I " Que toda la vida es sueño... "#Wattys2019Où les histoires vivent. Découvrez maintenant