... Ah, elle a remarqué. Pff, qu'est-ce que je dis, bien sûr qu'elle a remarqué, rien ne lui échappe, ou presque. Ah ah je suis un peu gêné maintenant – en fait... je n'ai jamais vraiment tutoyé personne d'autre que mon père, ma fiancée, mes quelques conquêtes avant elle... et c'est tout. Entre soldat, on se devait le respect mutuel, qui passe par le vouvoiement - idem pour le reste de mon personnel, mon équipe, bref... tout le monde sur la base quoi. J'ai grandi comme ça... si pardon, j'ai tutoyé des infirmiers et des infirmières, plus jeune.
Mais à cette époque, c'était surtout parce que c'étaient mes seuls amis... même quand j'ai pu commencer à prendre des cours, je ne m'étais pas vraiment intégré, d'abord à cause de mes greffes, encore très contraignantes à l'époque, et ensuite parce que j'arrivais comme un chien dans un jeu de quilles - des amitiés étaient formées depuis des années, des groupes déjà bien soudés... qui n'avaient plus la place pour accueillir un étudiant mystérieux, trop jeune pour être amplifié, placé sous secret militaire depuis sa jeunesse. Le seul qui aurait pu être mon ami, c'était mon scribe, à l'époque... mais à cause de la douleur, et du fait que j'étais jaloux de sa mobilité, je l'avais traité comme un moins que rien pendant des mois. J'avais été... odieux avec lui. Comme je l'étais avec mon père, ou avec tout mon personnel médical. Mais si eux étaient habitués et comprenaient mes humeurs, justifiées par tout ce que j'endurais à l'époque... mon scribe lui était juste là pour m'aider.
Lui aussi tient, il faudrait que je voie si je pouvais trouver un moyen de retrouver ses coordonnées. Pour lui rendre visite, le remercier... et m'excuser. Bref. Changeons de sujet. Quand je m'interpose entre elle et McTavish... miss Barns me renvoie gentiment, mais fermement dans mes but. J'incline la tête avec patience - livrer soi-même ses propres batailles... c'est quelque chose que je peux largement comprendre. Et respecter. Je n'ajoute donc rien, et me sors du chemin - elle a son petit caractère quand même, la demoiselle. Je ne dois pas l'oublier...
- Oui bon, d'accord pour le morse, lui accordais-je en souriant. mais la langue des signes... vraiment ?... C'est votre seul argument ?... Je suis déçu, m'amusais-je.
Pour une fois que c'est moi qui la fait tourner en bourrique !!
- Et le hollandais... bon d'accord, je veux bien admettre que ce n'est pas un dialecte très courant par-ici, soupirais-je, vaincu.
A mon grand regret, mais bon... Quand elle me répond qu'elle me trouve gentil, mes lèvres s'étirent en un sourire un peu de travers - je me sens gêné... mais elle joue le jeu et ne cherche pas à m'enfoncer plus. Et maintenant que je me suis décidé à le lui donner, j'ai de plus en plus hâte qu'elle le voie.
- Bon... par-ici alors...
Je l'entraîne hors de la salle principale pour reprendre un couloir au hasard - j'ouvre une porte un peu plus loin, sur ce qui est visiblement une salle de conférence tout ce qu'on fait de plus basique. J'entends encore parfaitement la musique pulser en bruit de fond, mais je me demande si pour une ouïe normale nous sommes assez loin pour que la pièce soit silencieuse. Je referme néanmoins la porte derrière nous - bon allez... l'épreuve du feu. Je sors de ma poche de pantalon une petite boite plate et rectangulaire - je l'ai récupéré dans mon manteau tant que j'étais dehors, pour être certain de pas encore l'oublier au vestiaire.
- Bon... euh... j'espère qu'il vous plaira, bafouais-je en lui tendant la boite, un peu nerveux.
Le petit écrin, griffé des armoiries d'une prestigieuse et ancienne bijouterie, contient un bracelet en or blanc finement ciselé, serti de trois rangées de pierres fines. C'est une création unique, que j'ai été chercher dans une bijouterie du côté du quartier Est. Après coup, j'avais regretté mon achat - pas à cause du coût, concrètement ça n'avait pas représenté grand-chose pour moi... je l'avais juste vu en vitrine, trouvé joli, et acheté. Mais en y repensant, je n'avais pas vu la jeune femme porter beaucoup de bijoux, et je m'étais dit que mon cadeau était sans doute complètement à côté de la plaque. Mais en même temps il avait immédiatement attiré mon regard dans la vitrine... je ne savais pas vraiment encore ce que je cherchais à ce moment là... mais en le voyant, je l'avais trouvé fin, élégant. J'avais pensé qu'il irait bien à la jeune femme. Bon, maintenant, ça passe ou ça casse.
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Heart's Mechanic - New Year Eve
RomanceElle, « pas féminine » ??! Caliane Barns fulmine suite à la dernière réflexion peu galante du commandant rustre. Bien que l'essentiel de ses tenues se compose de pantalons cargo et de débardeurs sombres, elle reste une femme, non mais ! Qui a dit qu...