Heart's Mechanic - New Year Eve

28 - LEONHARD

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle développe autant... mais c'est vrai que quand on pose une question aux gens, en général, ils répondent. C'est moi le cas social sur ce coup là... et j'ai été isolé si longtemps que j'ai presque failli l'oublier. Elle m'explique donc qu'elle traînait souvent du côté de la section médicale sur la base... avec son grand-père. Bien sûr, ça tombe sous le sens. Son père... j'ai déjà entendu son nom, c'est aussi un officier supérieur il me semble. Un commandant, ou un colonel, je ne suis pas certain mais quelque chose comme ça. Sauf que lui est plus un homme de stratégie, alors que moi, j'ai toujours été sur le terrain en tant que chef d'artillerie lourde.

- Mmhh je vois, répondis-je, un peu distraitement.

Le Dr Barns... je ne l'avais jamais recroisé après qu'il ai quitté mon équipe médicale. Je n'ai jamais vraiment su pourquoi il était parti... mais je suppose qu'il avait dû arriver au bout de ce que son éthique pouvait supporter. J'avais regretté son absence... et en même temps, je respectais et admirais son choix - si tous les médecins étaient comme lui... je serais juste mort des suites de mes blessures, injustement et beaucoup trop jeune, certes, mais en paix. Sa question suivante offre un changement de sujet bienvenu, et j'échappe un petit rire un peu gêné.

- Ouais... j'ai fait quelques conneries. Je n'ai jamais vraiment été un cadet... pour plusieurs raisons, et j'ai obtenu très jeune le grade de commandant. Enfin, de chef d'escadron artillerie lourde, mais c'est pareil. Certains membres de mon unité étaient aussi jeunes que moi... et on a pas mal fait tourner en bourrique les plus anciens, confessais-je, un peu honteux.

J'étais censé être leur chef, mais bien souvent, une fois hors mission, je redevenais un jeune homme un peu con con. Enfin, tout le monde a un passé... Je la regarde, un peu surpris alors qu'elle me demande si je pourrais lui apprendre le néerlandais.

- Euh... je suppose que je pourrais essayer, si vous y tenez vraiment, répondis-je, un peu pris au dépourvu. Mais sans vouloir vous décourager, c'est une vraie vacherie à côté de l'anglais...

C'est pour ça qu'apprendre l'anglais pour nous c'est un peu du gâteau. Et je suppose que pour les japonais c'est la même chose... Enfin, elle a pas peur de mes qualités pédagogiques en tout cas... pourtant, ça pourrait vite tourner au carnage, connaissant notre historique entre elle et moi. Bien vite nous changeons de sujet pour un autre beaucoup plus stressant pour moi - le temps qu'elle se décide à ouvrir mon paquet, je suis au bord de l'hyperventilation. En tout cas, je suis profondément soulagé qu'il lui plaise - c'était maladroit comme cadeau, mais au moins elle l'a accepté, c'est le principal. Je l'aide tant bien que mal à l'attacher à son poignet - il lui va à ravir, et pour le coup, je suis assez content de moi.

Elle-même, passé les premiers instants de surprise, semble franchement ravie - elle a le sourire jusqu'aux oreilles, les joues toutes roses, les yeux brillant - je suis vraiment content. Je me fige alors qu'elle s'accroche à mon bras - je sens ses lèvres effleurer ma joue... et un sourire franchement gêné étire mes lèvres alors que je me frotte machinalement la nuque - il lui plaît à ce point ?...

- De... de rien, bafouais-je, de plus en plus gêné. Bon, euh... vous voulez retourner danser ?... lançais-je pour faire diversion.

Si elle continue, je vais vraiment finir par rougir... et je me suis assez ridiculisé devant elle pour ce soir.