« Panne de neige » (texte court)

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Un silence profond régnait dans la salle, l'impression de malaise accentuée par un éclairage artificiel d'un blanc bleuâtre. Cette lumière crue, violente, accentuait le moindre défaut du mobilier et des visages... Chacun des participants à la réunion avait été amené par des itinéraires différents. Le lieu, tenu secret, était un véritable dédale situé au cœur d'une forteresse moderne toute de pierre et de métal.

L'heure était grave. Très grave. Et c'est pourquoi tous avaient été réunis ici.

Seuls trois manquaient encore à l'appel, mais ils étaient en chemin, cela avait été confirmé : quand la porte s'ouvrit, nul ne fut surpris. Enfin... nul ne fut surpris par l'identité des dirigeants entrant dans la pièce. Le fait qu'un des trois titube un peu n'était par contre pas prévu au programme. C'est qu'il avait une allure assez piteuse, le pauvre, avec son unique mèche noire qui lui pendait devant les yeux, bien loin de son style capillaire habituel. Il était soutenu par un rouquin hilare et par un presque chauve à l'air martial, qui lui semblait parfaitement résister à l'alcool. Leurs gardes du corps restaient un peu en retrait ; visiblement, on leur avait intimé l'ordre de ne pas intervenir...

Le chef Parker sembla à deux tout petits doigts d'en avaler sa jolie cravate...

― Bordel... ils ne devaient pas arriver séparément ? Quel est le con qui a amené ces trois là avec le même convoi ?

― Heu... C'était une demande expresse du président T***, chef... Si je m'en souviens bien, il a dit « J'vais chercher mes potos Vlad et Kim moi-même, dans la famille T*** on a le sens de l'accueil chevillé au corps ! ça et une grosse *bip*, bwahahaha ! »

― 'tain, pas si fort ! ce con va t'entendre, et tu feras traverser des chiards jusqu'à ta retraite !

La rencontre portait sur la problématique du climat, et tous avaient à cœur de s'accorder sur un point crucial : comment allait-on faire avaler la catastrophe imminente au bon peuple ? Car là était la vraie question, la seule qui importait... Les pauvres couleraient corps et biens, les riches crouleraient sous leurs ordures, et tous ici s'en foutaient. Ce serait le problème des générations futures. Sauf que ça n'attendrait probablement pas jusque là, en fait...

― Et « Panne de neige ? », proposa soudain le président M***, c'est parlant, la neige...

― Moi je n'en manque pourtant pas, hein Manu ! rétorqua D***, tout sourire.

L'agent Smith se pencha vers son chef pour lui murmurer à l'oreille :

― Heu... Y'à de la neige en Colombie, chef ?

― Pas cette neige-là, crétin... lui répondit Parker, entre ses dents. Ferme-là maintenant, on va finir par avoir des ennuis !

Quatre heures d'échanges intenses furent nécessaires pour arracher un premier consensus : l'opération porterait bien le nom de code « Panne de neige », une vraie victoire diplomatique du pays proposant.

M*** était fier comme Artaban, puis il se rappela qu'il s'agissait d'une opération secrète...

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© Clelia Maria CASANOVA – 02 mars 2019


Texte écrit dans le cadre des Fast joutes organisées par l'EidolonJouteur, dont le sujet était devinez quoi ? Panne de neige !  😋

(500 mots tout rond avec Word : je suis au max, sans surprise... 😅)

Edit : ce texte a reçu la mention spéciale "plus gros fou rire" 😁 :

Edit : ce texte a reçu la mention spéciale "plus gros fou rire" 😁 :

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