Les disparus de la nuit

Nuit étouffante

Je me réveille en sursaut et me cogne violemment la tête sur le lit superposé au mien. Sa propriétaire grogne et me dit :
- Merde à la fin Danaé, arrêtes de balancer ta tête contre mon matelas, j'arrive pas a dormir !
- C'est bon, Katia, tu sais très bien que ton lit est beaucoup trop bas, du coup je me le prend systématiquement. Après les prochaines vacances, c'est moi qui le prends !
- Alors ça ma fille, essaye un peu pour voir.
Je monte dans le lit du haut et tente d'y extraire mon amie mais elle se débat et m'assène un coup dans la figure.
- Aïe !!
- Je suis désolée, ça va ?
- Je viens de me prendre ton pied, quoi.
Elle pouffe de rire et je redescends pour aller dans la salle de bain.
Le carrelage est gelé et je me maudis de ne pas avoir mis mes chaussons.
Je me rince la figure et repense à mon rêve, ou plutôt mon cauchemar.
Ça fait maintenant un an que je n'ai pas revu mon frère. Il est censé être mon faux jumeau mais on ne se ressemble pas tellement, a part les mêmes yeux vert émeraude. Je regarde alors mon reflet dans le miroir en face de moi.
Des cheveux allants entre le blond et le châtain et plutôt longs, mais emmêlés.
Je vois un visage fatigué, les yeux souligné de deux larges cernes.
Je suis insomniaque, et quand je dors, je fais des cauchemars !
Je me sèche la figure et me dirige vers la fenêtre, que j'ouvre en grand. Voilà d'où venait la chaleur !
Je regagne alors mon lit sans faire de bruit pour ne pas déranger les filles de la chambre, et j'écoute la respiration de Katia qui s'est rendormie.
Je suis en pension dans ce lycée depuis un an et demi et j'ai toujours peine à m'y sentir chez moi.
J'entends dehors des gens qui chantent faux, d'autres qui hurlent, ce que je devine être des insultes et puis les bruits habituels de voitures qui passent, parfois.
La lune dépose un petit rayon de lumière sur ma couette et je m'endors avec ce léger courant d'air.