Les disparus de la nuit

La bibliothèque

Après avoir expliqué à Cléa ma découverte et notre raisonnement, bien qu'elle l'ai trouvé un peu absurde, nous partons en direction de la bibliothèque du village, à quelques pas de l'église.
C'est un grand bâtiment datant de deux siècles, soutenu par deux colonnes sculptées, et nous y entrons émerveillées.
Nous montons à l'étage et je me plonge dans mes recherches pendant que les deux autres entreprennent des recherches personnelles.
Je me retrouve coincée dans d'innombrables rangées de livres.
C'est parti. En fait, je ne sais même pas où  chercher, et quoi.
Alors je m'aventure parmi les différents sujets et après avoir traversée les parties « philosophie », « histoire », et « Agatha Christie », je me retrouve dans « géographie de France ».
Ça peut m'intéresser, bien qu'il va falloir chercher un peu..
- Je peux t'aider ?
Je me retourne surprise et regarde la personne qui s'est exprimée d'une voix mélodieuse.
C'est une femme qui doit avoir la trentaine, mais qui a gardé l'éclat de ses vingt ans. Ses cheveux blonds virant sur le châtain légèrement ondulés retombent sur ses épaules.
Son visage est fin et elle me dévisage de ses yeux bleus océans, où repose une paire de lunettes rondes.
Elle n'est pas très grande mais ses gestes sont précis et vifs.
- Pardon ? lui dis-je, désorientée.
- Je te demandais si je pouvait t'être d'une quelconque utilité.
- Euh, je... En fait je recherche une adresse, je crois. Vous travaillez ici ?
Elle commence à chercher un ouvrage dans les différentes rangées.
- Non, je ne suis pas d'ici, mais seulement en vacances. Par contre je connais cette bibliothèque comme ma poche, parce que j'y viens tous les ans.
Je la regarde fureter parmi les rayons.
- D'accord.
Je suis perplexe, ou plutôt impressionnée. Elle semble reconnaître la plupart des livres, et semble en chercher un en particulier.
- Où est-il ? Je suis quasiment sûr de l'avoir vu par ici...
Soudain, son visage s'éclaire et elle retire délicatement un vieux livre à la tranche abîmée. Elle me lit le titre, avec un sourire satisfait.
- Toutes les rues de France. Elles sont rangées dans l'ordre alphabétique, tu devrais trouver.
Elle me tend le livre et me dit soudainement :
- Je te raconte ma vie mais je ne me suis même pas présentée ! s'exclame-t-elle. Je suis Margaux, à ton service, me dit-elle en me souriant. Et toi ?
- Danaé, enchantée. Et merci beaucoup pour le livre, désolée de vous avoir dérangée.
Je le prend et elle rajuste ses lunettes mais ne me lâche pas des yeux
- Tu n'est pas très bavarde, toi. Tu peux me tutoyer, tu sais. Comme tu as pu le voir, je suis quelqu'un d'assez familier.
- Très bien, je suis désolée mais je dois faire une recherche, c'est important, lui dis-je honnêtement.
Je m'éloigne et m'assied à une table et ouvre le livre.
En effet, j'y retrouves plein de noms de rues qui me sont inconnues. Alors je feuillète et trouve la tranche des f.
Mon regard parcours plusieurs pages avant de trouver des noms commençant par les mêmes lettres.
Rue des foudres, rue de Foutaise etc...
Rue du fou ! Oui, enfin. Je regarde sur la carte. Cette rue n'est pas dans la région. Plusieurs dizaines de kilomètres la sépare d'ici. Maintenant que j'y pense, ça me sert à quoi ? C'est trop loin. Je sort mon portable et prend la page des rues et la carte en photo.
Alors que je me lève et reviens à l'emplacement d'origine du livre, j'aperçois Margaux qui s'est plongée dans un ouvrage science-fiction, rien à voir avec la géographie.
- Salut, lui dis-je.
Elle lève les yeux vers moi.
- Hey, tu as trouvé ce que tu cherchais ?
- Plus ou moins...
Elle se lève et prend mon livre pour le replacer entre d'autres.
- N'hésite pas à me demander de l'aide, si tu as besoin. Je ne fais pas grand chose pendant les vacances. Tiens, voilà mon numéro. Ça peut servir.
Elle me tend un petit papier.
- Merci, lui dis-je en souriant.
Elle s'en va et je fais de même de mon côté. Je commence vraiment à l'apprécier.
Je marche jusqu'à trouver Katia et Cléa qui m'attendait finalement à l'entrée.
Après un rapide briefing de mes trouvaille et de ma rencontre, nous partons de cet endroit trop silencieux à mon goût.
Dehors, l'air est chaud. Nous  marchons un peu et entrons dans l'église de la place, qui a la qualité d'avoir de la fraîcheur.