De retour à la maison

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Je m'écroule de soulagement et puis Katia me dit d'un ton dégoûté :
- Danaé, je crois que tu t'es assise sur une tombe.
Je me relève précipitamment et m'adresse à cette pierre tombale :
- Veuillez m'excuser, Albert Denivier 1948 - 1992. Mon intention n'était pas de poser mon postérieur sur les restes décomposés de votre corps humain.
Cela fait rire mes amies et Dylan esquisse un sourire, un peu dans la pâtée. On dirait qu'il sort d'un rêve.
- Oh alors toi...
Je me dirige vers lui et attrape le col de son sweet.
- Tu peux me dire ce  que tu foutais et pourquoi tu l'a insulté comme ça ?! Non mais tu cherche vraiment les embrouilles, toi !
Sur le coup, je me suis peut-être un peu emportée, et il me regarde bouche-bée. Cela me soûle quand même.
- Je suis sincèrement heureuse de t'avoir retrouvé et que tu sois en vie mais il va falloir que tu contrôle tes pulsions animales !
- Dit-elle en l'agressant, rapplique Cléa.
Je me tourne vers elle et la fusille du regard. Elle semble tout à coup regretter de s'être interposée.
Dylan lui me regarde et je n'arrive pas à comprendre ce à quoi il pense. En même temps j'ai l'impression qu'il n'a pas trop conscience de ce qu'il a fait mais qu'il comprend quand même pourquoi je le brutalise.
Ce gars est vraiment un mystère à part entière.
Oh et puis je laisse tomber, j'en ai ma claque, des personnes incompréhensibles.
Je le lâche et retourne m'adosser à un mur sur lequel est appuyé une tombe où il est écrit :
« Vincent J. , décédé en 2019 »
Mon cœur s'arrête, je titube et ne respire plus jusqu'à voir la date de naissance :
« Né en 1957 »
J'ai eu la peur de ma vie même si maintenant que j'y pense, il est peu probable qu'il aurait été enterré ici en une nuit et je ne crois même pas que son nom de famille commence par la lettre J. Je crois que la fatigue me fait perdre mes moyens.
Et cet endroit me paraît tout de même très glauque, à présent. Je ne tient pas à me retrouver face à Annabelle comme dans les films d'horreur, surgissant d'une tombe et me sautant à la gorge.
- On ferait mieux de rentrer. On verra demain pour Vincent, leur dis-je.
Ils confirment mes paroles. Et Katia ajoute :
- Tes décisions sont toujours emplies de sagesses.
Sur ces belles paroles, nous rentrons et Dylan repart de son côté, avec un air de chien battu.
Nous arrivons finalement devant la maison sans trop de difficulté et entrons discrètement. Je referme derrière nous.
- C'est très silencieux, nous murmure Katia. Elle n'est pas censée ronfler quand elle dort ?
Soudain, la lumière s'allume brusquement et Josiane se tient devant nous, son visage ridé déformé par la colère.
- Si, sauf si je dort pas, mais je crois que je ne suis pas la seule à être éveillée.
Rageusement, elle nous fait signe d'avancer et nous la suivons tête baissée jusqu'au salon, où elle nous ordonne de nous assoir.
- Vous avez intérêt à m'expliquer pourquoi vous êtes parties et pourquoi j'ai retrouvée la porte de mon bureau ouverte !
On se regarde déconcertées. Alors je répond :
- Je suis désolée mais il y a un malentendu.
- Ah oui, alors expliquez-moi ce que vous faites au rez-de-chaussée, ce que je vous avait interdit pendant la nuit !
Je lui répond avec douceur, pour ne pas l'énerver davantage.
- Oui, nous sommes parties pour voir un ami disparu depuis deux semaines, vous pouvez comprendre ?
Je ne me rend compte qu'après que ma réponse est un peu absurde.
Pourtant, elle ne semble ne pas donner d'importance à notre sortie, mais très préoccupée pour son bureau.
Elle me répond avec raideur :
- Je m'en fiche que vous soyez sorties, à la limite ça ne concerne que vous, mais pourquoi avez-vous ouvert le bureau, et comment ?! C'est la seule porte de la maison qui est fermée à clé ! Il y a des dossiers de la plus haute importance, et qui ne vous concerne absolument pas !
C'est la porte que j'ai tentée d'ouvrir tout à l'heure ! Mes amies me regarde d'un air désespéré et je répond :
-  Nous n'avons pas touché à cette porte. De toute façon on ne peut pas savoir où est la clé. Ce que nous avons dit est la pure vérité, et je vous prie d'y réfléchir.
Elle me regarde, perplexe. Son visage n'exprime plus tellement de colère mais plutôt du souci.
- Très bien, je peux décider de vous croire. Dans ce cas là, vous devriez retourner immédiatement vous coucher et faire profil bas. J'enquêterai dessus et faites attention à vous car si quelqu'un a réussi à entrer... À présent, la porte d'entrée sera automatiquement fermée après le repas du soir et plus de sorties la nuit, c'est clair.
Nous avons acquiesçons et nous exécutons en montant les escaliers deux par deux. Nous retrouvons nos lit et avant même d'envisager une conversation, nos yeux se ferment et la fatigue l'emporte.

Les disparus de la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant