Blaize vit dans un monde de magie. Certains l'ont, d'autres ne l'ont pas, et elle se trouve fermement dans la deuxième catégorie. Pourtant, une mission exceptionnelle voit le jour, et pour une raison inconnue elle fait partie de l'escouade des plus...
Dans une forêt sombre une silhouette solitaire avançait rapidement dans la nuit. Elle était agile, sautait habilement au dessus des racines noires et des buissons qu'on distinguait à peine au clair de lune. C'était une chasseuse expérimentée ; elle ne faisait aucun bruit sur les feuilles mortes. Le silence était complet. Même le doux vent d'automne n'osait la déranger dans sa poursuite. Elle jeta un regard à droite puis gauche, tout en guettant l'odeur de sa proie, écoutant attentivement chaque battement de son cœur fragile.
Elle la trouva enfin, assise sur une bûche dans une petite clairière. La victime se retourna. Elle se doutait de quelque chose ; elle se sentait observée. Tapie dans la végétation, deux prunelles écarlates s'étaient fixées sur elle. La respiration de la chasseuse s'accéléra. Soudain elle s'élança et dans un éclat éblouissant de métal la nuit se tacha de rouge.
Un peu plus tôt dans la journée, de l'autre côté du continent dans une École bien particulière, roupillait une adolescente. Bras croisés sur sa table de travail, menton posé sur ses manches de couleur violette, ses paupières fermés paisiblement, son sommeil était bercé par le monologue monocorde du professeur de philosophie. Ses longs cheveux rouges attachés en queue-de-cheval cascadaient sur ses épaules et une mèche solitaire faisait des aller-retours au rythme de sa douce respiration.
- Blaize Céléstra ! hurla le professeur d'un coup. Mon cours ne serait-il pas assez important pour vous ?! Combien de fois dois-je vous punir pour que vous reteniez le message ? Ne dormez pas pendant mon cours, ou ce sera la onzième colle de ce mois-ci ! Ou alors je vous transformerai en tapis, vous pourrez dormir autant que vous voudrez !
Le professeur faisait référence à la fourrure orange rayée de noir de la jeune fille : en effet, Blaize n'était pas humaine. Cela n'avait rien de spécial, la moitié de sa classe ne l'était pas non plus. Cependant, contrairement à cette moitié, elle était une félinienne, une espèce descendant du félin archaïque, le tigre, qui avait pris une forme bipède et avait gagné une intelligence humaine en plus d'avoir conservé sa vue nocturne et son ouïe exceptionnelle. Ses oreilles de chat positionnées en haut de son crâne étaient couchés et ses yeux émeraudes grand ouverts de surprise, mais ils ne tardèrent pas à se plisser pour jeter un regard noir à celui qui avait dérangé son sommeil. Sa queue rousse touffue fouettait l'air furieusement. Sans y prêter attention, le maître lui fit un très long discours sur l'importance de la philosophie qui manqua de la renvoyer dans le coma. Soudain, la sonnerie retentit, et Blaize fila sans demander son reste.
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Une fois dans la cour pleine de végétation du Parc des Chevaliers -l'école de Blaize-, elle se mit à chercher son grand frère Théophile, enfin revenu de mission. Elle passa devant une foule d'élèves qui se chamaillaient devant le tableau d'annonces ; souvent, il n'y avait que les élèves diplômés qui consultaient ce tableau pour y trouver du travail, mais ce jour-là on avait affiché les résultats des examens. Blaize n'avait pas besoin de se joindre à ses pairs : elle savait qu'elle n'avait pas eu son diplôme... Tout comme l'année passé. À chaque fois sa note de Maîtrise Magique la faisait échouer, tout simplement parce qu'elle n'avait pas de magie. Elle observa avec envie les étudiants jubiler devant leur note, puis se reconcentra sur sa recherche.