Chapitre 20

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Cassandre :

Je remercie Gaetano pour la soirée et surtout d'avoir accepté de jouer le jeu du rencard devant Tobias. Il me répond que c'est avec plaisir et rentre chez lui en m'embrassant délicatement sur la joue. Ce geste me paraît bien amical et j'en suis satisfaite. J'ouvre mon appartement et me débarrasse de tous mes vêtements, de sorte à me retrouver nue. Je me sers un café et déambule avec dans mon studio, il serait temps que j'achète des objets de décoration pour agrémenter l'appartement aux murs et aux meubles blancs. Tout ça me rappelle trop une salle d'attente d'un hôpital.

Me revient en mémoire cette nuit du 12 août 2006. Cette soirée je l'avais passé en tête à tête avec ma mère dans un fast-food pour parler d'un garçon qui me tournait autour au collège. Je lui avais exprimé mes craintes sur ce garçon qui ne me plaisait pas vraiment mais qui se faisait insistant avec moi. Émilie Swan avait ri et m'avait dit que les garçons, à cet âge-là, ne pensaient qu'à une chose et que je n'étais pas prête pour ça apparemment. On avait alors eu une grande conversation sur le sexe qui m'avait beaucoup intéressé, ma mère m'exposant ça comme quelque chose de formidable quand on était prête et qu'on avait l'âge bien sûr. Elle m'avait dit qu'à douze ans j'avais largement le temps de penser à ça et que je ne devais pas me laisser influencer par un garçon, quel qu'il soit. Ce soir-là nous sommes rentrés par un chemin peu fréquenté et une voiture nous a foncé dessus par-devant, ma mère, pour l'éviter, a foncé dans un arbre. Son airbag n'a pas fonctionné et elle est passée par-dessus le volant parce que sa ceinture de sécurité a lâché. Quand je me suis réveillé, il n'y avait personne aux alentours et je suis sortie de la voiture pour voir ma mère complètement enfoncée dans le pare-brise, du sang partout qui gémissait de douleur. J'ai pris son téléphone dans son sac et j'ai appelé le 911, quelques minutes plus tard les secours étaient là et nous emmenaient à l'hôpital. Elle est morte dans l'ambulance de nombreuse hémorragie et mon cauchemar a commencé quelques mois plus tard.

Je sens quelques larmes perler à mes yeux mais je les essuie avec rage. Je m'étais promis de ne plus repenser au passé avec cette nostalgie. Ma mère est morte il y a plus de onze ans, je devrais être blindée maintenant, pourtant ça fait toujours aussi mal quand j'y repense.

Ma mère, Émilie Vermont épouse Swan, était une femme brillante et douce, surtout envers sa fille unique qu'elle considérait comme la prunelle ses yeux. Elle a rencontré son mari à la FAC en France, ils faisaient le même cursus mais à l'envers. Dès qu'ils ont eu leur doctorat ils se sont mariés et sont partis vivre à Détroit où ils ont trouvé un emploi dans l'université de la ville. Quatre ans plus tard je venais au monde pour le plus grand bonheur de ma mère selon elle. À mes dix-huit ans j'ai hérité d'un petit pactole qu'elle avait mis de côté pour moi, ce qui m'a permis d'avoir un appartement à Paris sans avoir à travailler et ce qui permet de continuer à vire tranquillement sans avoir encore un salaire.

J'attrape une photo cachée dans mes livres et la regarde. C'est une photo de ma mère et moi quand j'avais dix ans lors d'un Halloween. J'étais déguisée en fée et elle en sorcière, nous avions fait toutes les maisons du quartier et le butin que j'avais ramassé était conséquent, tellement qu'il m'avait fallu des jours pour tout manger. Je soupire en remettant la photo dans le livre où elle habituellement cachée et pose ma tasse sur la table basse. J'allume une quatrième cigarette et la fume complètement, assez rapidement. Je l'écrase dans le cendrier qui est posé sur la table basse et me glisse dans mon lit pour tenter de dormir.

Je me réveille avec la sensation d'avoir fait des cauchemars cette nuit, j'ai beau essayer de me rappeler je n'y arrive pas. Je sors de sous la couette et vais me préparer un café que je sirote en fumant une clope. Je me sens moite alors je décide d'aller prendre un bon bain. Je mets du bain moussant à la myrtille de chez Sephora, ce qui me fait sentir les bonbons, et je me glisse dedans quand il est plein. Je profite de l'eau chaude et des bulles durant une bonne demi-heure puis je me shampooine et sors de la baignoire. J'entends on portable biper, je sors de la salle de bains en serviette et l'attrape sur ma table de nuit. C'est un message d'Elena : « Tu es libre aujourd'hui ? J'ai besoin de parler et de faire les boutiques. ». Je réponds de suite : « On se retrouve où ? ». J'attends la réponse qui ne se fait pas attendre : « A midi à l'entrée un du centre commercial de la Porta Romana. ». Je lui réponds que c'est ok et je repars à la salle de bains pour me maquiller et finir de me préparer. Je passe mon lait pour le corps à la myrtille, ma crème de jour et mon maquillage. Puis je pars dans ma penderie pour attraper un legging noir et un pull ample et long gris clair qui a un col bateau assez large de sorte qu'on me voit les épaules. Je me fais couler un autre café et la savoure pendant que je mets mes bottes noires plates. À onze heures et demie je pars en direction du centre commercial pour rejoindre Elena. À midi je suis devant l'entrée une et vois ma collègue qui m'attend.

Le patron de mes rêves - Saison 1 [Edité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant