Chapitre 23

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Cassandre :

Je suis rentré chez moi cette après-midi-là, il n'était pas encore rentré, c'était parfait, j'allais avoir le temps de faire ce j'avais en tête. Deux jours auparavant mon médecin m'avait prescrit des somnifères car je lui avais dit que j'avais des insomnies de plus en plus fréquentes. J'ai posé mon sac de cour dans ma chambre et je suis allée chercher la bouteille de bourbon de mon père dans le bar. Je me souviens qu'il faisait chaud ce jour-là, ce qui était étrange pour une journée banale de mai à Détroit. Je suis remonté dans ma chambre, je me suis mise en pyjama et j'ai avalé la boîte entière de somnifères avec la bouteille de bourbon. Tout s'était mis à tanguer autour de moi, j'avais beau être couché sur mon lit j'avais l'impression que tout bougeait. Et puis ça a été le noir complet jusqu'à ce que je me réveille à l'hôpital deux jours plus tard. Le docteur m'a dit qu'on m'avait fait un lavage d'estomac et que si mon père ne m'avait pas trouvé si vite je serais morte à l'heure qu'il était. Je me souviens avoir pleuré de rage contre la providence qui ne me laissait pas m'échapper de cette vie atroce. Le docteur a cru que je pleurais de soulagement mais c'était plutôt de colère et de déception. On m'a laissé voir mon père et mon oncle, j'avais peur, peur qu'ils m'en veuillent d'avoir fait ce geste, surtout quelques années à peine après la mort de ma mère. Et puis le lendemain je suis partie pour l'hôpital psychiatrique pour mineur de Détroit où j'ai passé les deux mois les plus reposants de toute mon adolescence. Quand le psychiatre a dit à mon père que je pouvais rentrer chez moi, j'étais la fille la plus triste de la terre. Je suis rentré chez moi pendant les grandes vacances d'été et je me souviens avoir replongé de suite dans la drogue avec mon tortionnaire Carter Noise, à qui j'avais beaucoup manqué. Cet été-là a été le pire de toute ma vie.

Je ne sais pas pourquoi je me souviens de ça ce matin. Peut-être parce que j'ai enfin avoué à quelqu'un ce qui m'était arrivé durant mon adolescence. Quoi qu'il en soit c'est un souvenir malheureux que je préférerais oublier à l'avenir mais depuis que je me suis confessé à Tobias, tous les mauvais souvenirs refont surfaces. J'aurais préféré que ces souvenirs restent enfouis au plus profond de mon être mais non, ils reviennent par vagues de plus en plus intenses.

Je sirote mon café en réfléchissant à comment faire pour oublier tout ça mais je ne vois aucune autre solution que celle que j'avais quand j'étais plus jeune. Mais ai-je vraiment envie de retomber dans les affres de la drogue ? Je laisse tout ça de côté pour aller prendre une bonne douche froide histoire de me réveiller un peu mieux. Je laisse l'eau fraîche ruisseler sur mon corps et me sortir de ma léthargie. Ma nuit a vraiment été pourrie ! Espérons que ma journée soit plus agréable. Je sors de la salle de bains, maquillée et plus fraîche, et opte pour une robe cache-cœur en dentelle bordeaux assez courte et mes escarpins noirs à talons aiguilles. Je ferme mon appartement et rejoins la Vasco Trasporto.

Quand j'arrive au boulot je trouve Elena dans la salle de pause, elle me fait un grand sourire en me voyant entrer.

- Comment vas-tu Cassandre ? Me demande-t-elle.

- Je dors mal mais ça va... (Je préfère mentir.)

- Écoute ce soir je me suis dit qu'on pouvait se commander une pizza, c'est moi qui régale, comme ça, on pourra papoter et pas se saouler cette fois, me dit la jeune femme.

- Comme tu veux. (Je ris en repensant à notre dernière soirée.)

- Tu as vraiment l'air fatiguée ma belle, tu devrais prendre quelques jours de repos, ajoute Elena inquiète.

- On est en pleine période de bilan et je vais déjà demander une semaine en février pour aller au mariage d'une amie en France alors ce n'est pas le moment.

Le patron de mes rêves - Saison 1 [Edité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant