Je m'étirai dans mon lit, encore tendue par une nuit de réflexions. J'entrepris une séance de Pilates, mais mes muscles refusaient d'entendre raison. Entre leur rébellion et mon impossibilité d'utiliser la magie comme bon me semblait, j'allais atteindre un seuil critique. À ce stade, la solution consistait en une intense dépense physique. Je m'habillai d'une tenue confortable et courus jusqu'à la boutique, un sac sur le dos. J'étais ruisselante et à peine apaisée quand l'artisan ébéniste m'ouvrit.
— Eh ben, vous êtes motivée, ce matin ! soupira-t-il, exténué à ma place.
— J'ai besoin de me défouler.
Je m'épongeai le front avec une serviette que j'avais apportée.
— Que cherchez-vous ?
— J'ai fait le tour de la ville, mais je n'ai pas vu de salle de sport digne de ce nom.
— J'en connais une où va mon fils. Elle est un peu avant d'entrer à Rodez, sur la gauche. Il y a un coiffeur et un bar sur le côté, et la salle se trouve juste après. En plus, il y a un parking, vous pourrez surveiller votre moto.
— C'est une zone qui craint ?
— Oh non, ce n'est pas ce que je voulais dire ! C'est que les autres clubs n'ont pas de places devant, répliqua-t-il, les mains levées.
— J'irai voir dès que nous aurons fini. Avec l'inauguration qui approche, je suis aussi tendue que la corde d'un arc.
Il s'avança vers moi et ses doigts enserrèrent mes épaules. J'avais horreur de cette position ! Mon corps se contracta.
— Vous êtes une femme courageuse et une belle personne, Marion ! (Je titubai sous le choc. Celle-là, je ne l'attendais pas.) Vous possédez la détermination de poursuivre votre rêve et de vous investir pour le réaliser. Ce n'est pas donné à n'importe qui...
Sous son air campagnard et son style d'un autre temps, le papi m'avait bien cernée. Bon, sauf la « belle personne », où il se trompait complètement. J'étais venue à Montbazin dans un but précis et il avait raison, je mettrais tout en œuvre pour venger la mort de ma mère. J'y parviendrais coûte que coûte. Il me serra contre lui. Je n'osai pas le repousser et fis de mon mieux en lui tapotant le dos de mes paumes ouvertes.
— Merci pour ces compliments, répondis-je en m'extrayant de son emprise.
— Je suis sincère.
Je lançai ma bouée de sauvetage.
— Je vais nous chercher un rafraîchissement.
— Si cela ne vous dérange pas, moi, je préfère un café avec du lait et...
— Deux sucres, conclus-je.
Il hocha le menton en rigolant.
Une fois dehors, je respirai profondément. Je n'avais pas l'habitude de côtoyer aussi longtemps les mêmes personnes et maintenir une façade sociale était plus rude que ce à quoi je m'attendais. Finalement, tuer les gens sans leur parler me convenait mieux.
La nuit était tombée quand l'ébéniste termina la pose du dernier meuble. Je lui signai son chèque et le remerciai. Je pivotai sur moi-même, satisfaite du rendu. La boutique ne resterait pas ouverte longtemps, mais elle aurait fière allure. Je verrouillai la porte avant de rentrer récupérer la moto en bas de mon immeuble. J'allais tester la salle de sport qu'il m'avait recommandée. J'avais vraiment besoin de me dépenser pour baisser la pression avant d'affronter les macchabées.
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1 - Dissonance
FantasíaJe suis Siobhan, une sorcière Fille d'Odin, le Fléau. Tueuse à gages froide et insensible, personne n'a envie de croiser mon chemin. On me paye cher pour débarrasser la Terre des monstres. Et je ne boude pas mon plaisir, surtout quand ce sont des va...