Quelques secondes plus tard, quatre brigadiers entrèrent en hurlant. On se serait cru dans un mauvais remake d'une série policière des années soixante-dix.
— Les civils, à terre ! À terre ! crièrent-ils, les armes aux poings oscillant dans tous les sens.
Comme je m'y attendais, un des flics se prit pour un héros. Je m'en serais moquée si ce zélé ne m'avait pas mise en joue. Pour une fois que je me promenais légère et désarmée, à l'exception d'un poignard qui longeait ma colonne vertébrale, j'avais réussi à rester cool jusqu'à présent, mais il ne fallait pas exagérer. Les deux mains enserrant son pistolet, il ne bougeait pas d'un millimètre. Un vrai malade...
— Pouvez-vous baisser votre arme ? articulai-je avec aplomb.
Non, mais c'était qui, ce bouseux, comme si j'avais la tête d'une criminelle !
— Elle nous a tous sauvés ! s'écria la cliente qui les avait prévenus.
J'avais misé sur le bon cheval. Brave femme ! Je lui souris et hochai le menton.
— Vous êtes sûre ? ajouta l'agent sans me quitter des yeux.
— Je rêve ! soupirai-je, agacée.
C'était sorti tout seul. Bien entendu, vu le comportement du flic, mon attitude ne lui plut pas des masses. Il s'avança et pointa l'arme sur ma poitrine.
— À genoux, et les mains sur la tête. Immédiatement ! Nous réglerons tout ça à la gendarmerie. En attendant, je vous arrête pour braquage avec possession d'armes de catégories A et D ! énuméra-t-il sans reprendre son souffle.
— Vous rigolez ? m'offusquai-je.
La moutarde me montait sérieusement au nez. La manche de sa chemise était remontée sur son avant-bras, et je découvris une partie du tatouage des partisans de la Confrérie AntiMonstres. Et merde, le mec devait s'être rendu compte de ma différence. Son regard me foudroyait. Ma mission commençait bien... La CAM regroupait des humains qui avaient découvert l'existence d'espèces surnaturelles et qui les craignaient à juste titre. Ils avaient formé des groupuscules autour du globe, mais leurs attaques se résumaient à des coups d'épée dans l'eau. Les chefs des différentes factions s'étaient concertés afin de s'associer pour obtenir plus de force et de meilleurs résultats. Ce fut le début de la guerre, d'une lutte invisible à l'œil du commun des mortels, trop obnubilés par leur sempiternelle routine métro-boulot-dodo. Ces femmes et ces hommes de tous horizons s'étaient unis pour assurer la survie de la race humaine. Malheureusement, ils ignoraient bon nombre des règles qui régissaient la cohabitation interraciale sur leur planète. Au fur et à mesure, la Confrérie avait prospéré comme une entité à part entière et percé un trou dans la sérénité de ses prédateurs. Pour s'assurer du succès de ses actions, la CAM avait fait appel à des professionnels comme moi. J'avais effectué ma première mission pour eux un peu plus d'un an auparavant grâce à la recommandation d'un de mes piliers. Eddy était un hacker de premier ordre qui leur avait parlé de mes talents de tueuse et de mon aversion pour les vampires. Toutes les communications avec la CAM se déroulaient de manière virtuelle. J'exécutais les collaborateurs ou les monstres eux-mêmes. Eddy les contactait pour confirmer la conclusion des contrats et suivait les transactions bancaires. Je ne connaissais aucun membre en particulier, mais je les avais assez étudiés pour les repérer. « Sois proche de tes amis, et encore plus de tes ennemis », avais-je lu quelque part. Cette phrase était devenue un mantra que je suivrais d'autant plus à Montbazin. L'exercice venait de débuter...
— À genoux ou j'emploie la manière forte !
— Vous vous trompez, elle nous a aidés ! protestèrent plusieurs victimes en nous encerclant.
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1 - Dissonance
FantasyJe suis Siobhan, une sorcière Fille d'Odin, le Fléau. Tueuse à gages froide et insensible, personne n'a envie de croiser mon chemin. On me paye cher pour débarrasser la Terre des monstres. Et je ne boude pas mon plaisir, surtout quand ce sont des va...