ellE T4 : La Chanson Du Corbeau (En Rééctiture)

Jour 238, soirée

Je n'ai aucun mal à retrouver les Pirie, les empreintes qu'ils ont laissées derrière eux sont tellement visibles que c'en est risible et les pister s'avère affreusement simple. Ils l'ont sûrement fait exprès pour que je puisse les retrouver, mais c'est presque vexant, à croire qu'ils me croient incapable de suivre les traces d'un éléphant.

Quand ils me voient arrivée environ une heure avant la tombée de la nuit, ils ne sont absolument pas surpris, je ne doute pas une seconde qu'Eyia ou Oyau ont déjà prévu mon arrivée depuis longtemps. Ils ont déjà monté un petit campement pour dormir et semblent finis leur repas. Par contre, ils sont étonneamment silencieux en me voyant, ne semblant pas savoir quoi dire et comment agir face à moi.

— Il faut retrouver Pandora, annoncé-je en décidant d'arracher le pansement maintenant.

Yiao soupire de soulagement comme si je lui avais enfin enlevé un poids.

— Merci... Je ne suis pas le seul à penser que leurs visions ne sont pas fiables et qu'il y a peut-être une petite chance... affirme-t-il la voix tremblante.

— Yiao, hésite Eyia presque sur le ton d'excuse. La dernière fois que tu l'as eu au téléphone, elle savait que quelqu'un la recherchait et qu'elle était en danger.

— Et on l'a tous les trois vue... On ne te l'aura jamais dit si on n'était pas certain... insiste Oyau tout aussi délicatement.

— N in... Nolan influence vos visions, lâché-je.

Oyau et Eyia me lancent un regard noir, ne semblant déjà pas apprécier que je me mêle de ça et encore plus que je donne de possible faux espoir à leur frère. Je n'ai jamais vu les membres de la triplette être protecteurs à l'égard de leur aîné, mais ils semblent être prêts à tous pour le préserver actuellement.

— S'il vous plaît, les supplie-t-il les larmes aux yeux. Essayez de la retrouver une nouvelle fois... Peut-être que vos visions seront différentes.

Eyia et Oyau échangent un regard ne semblant pas savoir quoi faire.

— Je veux juste savoir si elle est vraiment morte. J'ai besoin de savoir... dit-il totalement désespéré.

Je reste silencieuse, ne sachant pas comment réagir alors que j'ai clairement provoqué la situation... Au fond, je n'avais pas pensé à la réaction de Yiao, je suis juste arrivée avec pour seule idée de retrouver Pandora, je n'ai pas pensé aux conséquences d'un faux espoir.

Oyau et Eyia hésitent, se concertant muettement, ne sachant pas encore quoi faire. Puis, soupirant de manière synchronisés, ils annoncent :

— On va essayer.

— Mais on ne promet rien.

— Merci... affirme Yiao soulagé.

Le frère et la sœur se concentrant alors sur un seul et même bute, trouver Pandora et savoir si elle est morte ou en vie. Pendant ce temps qui semble une éternité, Yiao retient son souffle et moi je suis à deux doigts de prier pour Pandora, espérant plus que tout une bonne nouvelle. Et avant même d'avoir la réponse, Yiao et moi commençons à nous détendre en voyant clairement la surprise sur le visage d'Eyia et Oyau et espérant que ce soit bon signe.

— Elle est vivante, soupire Oyau.

— Mais je n'arrive pas à savoir où elle est, ça change beaucoup.

Yiao semble sur le point de pleurer de joie. Rigel quant à lui est visiblement soulagé et moi je viens de perdre un poids monstrueux.

— Merci, murmure Yiao même si j'ai l'impression qu'il s'adresse plus à moi qu'à ses frère et sœur.

Le silence s'installe entre nous, une partie de la tension étant retombée même si je sens qu'il y a toujours quelque chose au fond.

— Je vais installer mon campement, annoncé-je.

— On t'a prévu une tente, propose Eyia.

— Je préfère me construire un abri.

Je ne sais pas pourquoi, mais je ne me sens pas bien à l'idée de dormir dans une tente, je préfère largement me construire un abri de fortune comme lorsque j'étais seule dans cette forêt.

— On t'a aussi pris des vêtements, remarque Oyau.

— J'ai tout ce qu'il me faut.

Ça ne me semble même pas vraiment concevable de remettre des vêtements normaux, je suis mieux avec mes pagnes, du moins dans la jungle, ensuite j'aviserais.

— Si tu veux, on peut te préparer un truc à manger, essaye à son tour Yiao.

— J'ai des provisions, affirmé-je en commençant à réunir les branches pour mon abri.

— Si tu as besoin de quoi que ce soit, on est là, conclut Rigel

Je leur lance un regard reconnaissant en hochant la tête et je continue de préparer mon futur abri. Ça ne me prend même pas dix minutes, me prouvant que je n'ai pas perdu la main en vivant au village. Une fois que j'ai terminé, je rejoins le petit groupe au coin du feu pour me préparer à manger dans le silence le plus complet.

Eyia se racle la gorge hésitante.

— On doit te dire une dernière chose, hésite-t-elle. Les Áídios sont morts et les Akra ont pris le pouvoir... Pour l'instant, rien n'a vraiment changé, mais on s'est dit que tu devais le savoir...

Je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas totalement choquée par cette information... C'était le plan des Akra après tout et ils avaient réussi à infiltrer au moins un de leur membre dans la Phylakḗ, ça semble presque la suite logique des choses. Le plus inquiétant, c'est sûrement que ce soit N qui soit au pouvoir maintenant et que les conséquences peuvent être funestes. Et maintenant, j'ai enfin compris ce qui m'avait permis de sortir de prison, je suis sûre qu'il y a un lien entre la prise du pouvoir des Akra et mon évasion de prison.

— Ça va ? s'inquiète Oyau face à mon absence de réaction.

— Fallait bien que ça arrive un jour.

Je ne suis même pas plus effrayée que ça a cette idée, je sais que je devrais, mais là tout de suite, je suis juste fatiguée de tout ça. Fatiguée d'apprendre des nouvelles de N alors que j'aurais voulu ne plus jamais en entendre parler. Apparemment, je ne suis pas près d'avoir la paix.