ellE T4 : La Chanson Du Corbeau (En Rééctiture)

24 Octobre 2018, 02:41

— Je t'avais manqué ? demande N souriant nonchalamment à l'entrée de ma chambre. Comment vas-tu depuis le temps ? Tu n'es toujours pas assez poli pour me dire bonjour ou me répondre à ce que je vois.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? affirmé-je furieuse en cherchant un objet que je pourrais utiliser contrôle lui, mais elle est entièrement vide.

Je suis seule face à un monstre sans rien pour me défendre.

— Je passais chercher Ayoe, ça ne se fait pas d'abandonner une femme enceinte comme ça. Et je me suis dit que je pourrais te faire un petit coup en souvenir du bon vieux temps; déclare-t-il en s'approchant, faisant claquer son fouet.

— Non, hurlé-je en me précipitant sur lui.

Je me redresse dans la panique et me retrouve sur mon lis dans le noir, seule. Un foutu cauchemar. Soudain, Happy se met à hurler, paniquée à son tour. Encore plus inquiète qu'avec mon rêve, j'allume ma lampe de chevet et me précipite vers le petit singe qui est sur le rebord de la fenêtre ouverte. C'est seulement avec Happy dans mes bras que je vérifie qu'il n'y a pas de traces de N et que c'était bien qu'un cauchemar. Mais non, rien n'est anormal, la fenêtre est ouverte comme hier soir, les cartons contenant mes affaires sont entassés dans un coin de la pièce et nous sommes entièrement seuls. Malgré tout, mon cœur bat, toujours la chamade, encore choqué par mon cauchemar. Le pire c'est que c'est parfaitement stupide, N n'est pas là. N n'est plus là, il a peut-être vécu à quelques dizaines de mètres seulement de ma chambre, mais il n'est plus là. Et fondamentalement, je n'ai aucune raison de faire ce genre de cauchemar, je n'en ai jamais fait avant aujourd'hui, ça fait des mois que ça s'est passés, il n'y a pas de raison que ça ressurgissent d'un coup sans prévenir. Malgré tout, j'ai tellement peur.Tellement tellement peur.

Soudain, Eyia rentre dans ma chambre précipitamment et inquiète.

— Ça va ? me demande-t-elle à moitié paniquée comme tout à l'heure quand elle m'a retrouvée seule sur le toit. Je t'ai entendu crier. Il y a un problème.

— C'est rien, c'était qu'un cauchemar, pas de quoi s'inquiéter. Retourne te coucher, ça va aller.

— Tu veux en parler ? Je suis là au besoin.

— Non, ce n'est pas la peine, c'est du passé, ça n'a aucune importance.

Moi-même, je crois, à peine en mes paroles. C'est peut-être du passé, mais les traces sont bien visibles et fragrantes. Et les conséquences sur le futur le sont d'autant plus. Qu'est-ce que j'aimerais échapper à cet enfer comme c'était le cas dans la jungle.