ellE T4 : La Chanson Du Corbeau (En Rééctiture)

21 décembre 2018, 21:39 (4)

Alors que les combats continuent à faire rage, deux nouveaux Akra qui avaient été électrocutés se redressent à leur tour. Maintenant, ça va vraiment être compliqué pour nous. Et j'ai beau réfléchir, je ne vois pas de solution pour arrêter l'enflure qui nous fait léviter. Mais alors que je n'y croyais plus, la gravité revient d'un coup et nous atterrissons lourdement sur le sol, le souffle coupé. La glace sous moi est tellement dure que je me demande si je ne me suis pas cassé quelque chose, mais le froid anesthésie totalement mon corps. Avant même de me redresser, je cherche à tâtons mon arc, terrifiée à l'idée qu'il soit abîmé. Par chance, il est intact, mais j'ai l'impression étrange qu'il me manque des flèches. Je réunis mes armes et je me relève difficilement. Définitivement je crois que j'ai mal. Sydney de son côté va apparemment bien, il est déjà debout en tout cas.

Sans attendre, j'arme une nouvelle flèche et au moment de viser, je découvre pourquoi la gravité est redevenue normale. Le Dýnamai qui nous mettait hors jeu pisse le sang abondamment. La flèche que je lui avais tirée dessus a disparu et apparemment elle avait touché une artère ou un vaisseau sanguin important. En disparaissant, elle a déclenché une hémorragie. Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse que le Dō̂ron de Sydney fasse apparaître des objets que provisoirement. L'homme est peut-être mal en point en perdant son sang comme ça, mais au moins, il ne nous emmerde plus. Me détournant de lui, j'élimine un clone bien placé et je reprends ma place d'archère en réclamant de nouvelles flèches à Sydney.

Avec des clones en moins, les combats sont déjà un peu plus équitables, surtout qu'un des Akra a été à la rescousse de leur blessé grave, lui faisant un garrot. Je suis à deux doigts de tirer sur lui aussi, mais je me retiens, je n'ai pas l'intention de tuer quelqu'un en l'ayant blessé mortellement involontairement et en le privant de soin volontairement. Je reste donc concentrée sur mes clones. Tant que le gars de la gravité ne m'emmerde pas, je ne l'emmerde pas.

Alors que je tire une énième flèche, une lumière attire mon attention. Des phares. Une nouvelle voiture. Effrayée, je me demande si je pourrais répéter mon action d'électrocution, mais avant que j'ai pu prendre ma décision, je me rends compte que la voiture fonce droit sur Sydney et moi. Dans la panique, je me précipite hors de sa trajectoire dans la direction opposée de Sydney. La voiture s'arrête alors entre nous deux, nous séparant visuellement. Moi côté rocher, Sydney côté combat. Le conducteur de la voiture sort alors et je découvre pétrifiée N.

— Eirene ça va ? s'inquiète Sydney.

— Oui, c'est bon, continu de t'occuper des autres, je m'occupe de celui-là, affirmé-je en armant mon arc.

— S'il te plaît, ne tire pas, je ne suis pas là en ennemi, affirme N les mains au-dessus de la tête.

Je suis un instant déstabilisé par ce N si vulnérable, très loin du N sarcastique et provocateur que j'ai côtoyé en prison et qui habite encore mes peurs.

— Donne-moi une seule bonne raison de ne pas te tuer, menacé-je décidant de ne pas me laisser berner par ce salop manipulateur.

— Tue-moi si ça t'amuse, je veux juste savoir avant pourquoi Ayoe n'est pas là, me supplie-t-il les yeux brillants.

— Pourquoi je ferais une chose pareille ? demandé-je en bandant mon arc, prêt à tirer.

— Je te dirais tout ce que tu veux. S'il te plaît, dis-moi qu'Ayoe va bien.

Je le regarde surprise. Tout ce que je veux. Bulle. Mon cœur s'emballe, j'ai besoin de savoir ce qui lui est arrivé. Mais j'hésite, sa proposition est aussi intéressante qu'effrayante.

— S'il te plaît, j'ai peur pour elle, insiste-t-il en sentant bien mon hésitation. J'ai besoin de savoir pourquoi elle n'est pas là. Je t'en supplie.