Chapitre VINGT-DEUX

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Il y a encore une semaine, Keissy ne se serait jamais doutée que sa vie aurait prit un tel tournant. Si on lui avait posé la question « Où te vois-tu la semaine prochaine, à la même heure ?» elle aurait répondu sans hésiter « Avec mes deux meilleures amies, autour de la table d'Ana de Rose ou de la mienne, à prendre un bon petit déjeuner ». Maintenant, elle n'était plus sûre de rien.

En une semaine, sa vie avait basculé du tout au tout. Comme si tout ce qui se passait en ce moment ressemblait à un mouvement de foule lors des soldes. Chacun bousculant son voisin pour être en tête, jouant du coude pour atteindre son objectif en premier.

Le schéma est le même dans la vie de Keissy Williams. À la différence qu'elle, le résultat final, ce qui aboutira de ces événements la fera probablement plus souffrir qu'une paire d'escarpins à moins cinquante pour-cent.

Le trajet du retour se fit dans un silence de plomb. Keissy réfléchissait à toute allure. Comment était-ce possible ? Pourquoi Jason, revenait-il ? Que lui voulait-il ? Elle ferma les yeux et souffla un bon coup.


Tout ça allait trop vite. Elle osa relever le regard sur Jake, assis à ses côtés. Mâchoire crispée, yeux rivés droit devant, elle pouvait deviner ses muscles tendus sous sa chemise. Elle détailla son visage harmonieux, cette silhouette à ses côtés qu'elle aimait tant, mais que pourtant elle devrait quitter. Pour son bien à lui.

Si elle disparaissait, ses proches seraient saufs et c'est tout ce qui comptait pour elle. Sans crier gare, Jake lui attrapa la main et la serra au creux de sa paume.

Il ne cilla pas d'un iota et pourtant Keissy pouvait deviner que son sang chaud courait à pleine vitesse dans ses veines. Elle pouvait sentir son rythme cardiaque sous la pulpe de ses doigts et instinctivement son cœur se serra.

Il avait très bien compris que ce Jason Lence était une mauvaise nouvelle, une très mauvaise nouvelle. Pourtant, il avait l'élégance d'attendre qu'il soit en privé, malgré la vitre qui les séparait d'Edward, pour demander ce qu'il en était.


***


La tension était à son comble. Les portes de l'ascenseur se refermèrent derrière les deux jeunes gens et Keissy resta en retrait dans le hall. Jake ôta sa veste de costume, défit sa cravate et s'avança d'un pas déterminé vers le bar du salon où il se servit un scotch.

Elle le regarda faire avant de poser son sac à main sur le guéridon et d'enlever ses chaussures.
Silencieuse, abattue, comme si elle venait de commettre une grosse bêtise. Jake serait l'adulte la réprimandant, elle, l'enfant fautif.

Elle ne bougea pas d'un cil, et regarda Jake évoluer. Il se retourna finalement vers elle et ne reconnut pas l'expression de son visage. Il lui fit signe de s'avancer et de le rejoindre sur le canapé. Elle s'avança lentement et prit soin de s'asseoir à une extrémité du sofa.

Le regard de Jake la frappa de plein fouet. Ses prunelles, qui d'ordinaire arborées une couleur bleu clair et magnifique, étaient cette fois-ci totalement noire. Pas le même noir lorsqu'il l'avait désiré au point de lui faire l'amour plusieurs fois dans la même nuit, non cette couleur-là révélait une part d'ombre sur lui-même, terrifiante et pourtant si envoûtante. Elle déglutit et il attendit qu'elle prenne la parole en première.








- Que veux-tu savoir ? Commençais-je, peu certaine de moi.

- Tout, absolument tout. Répliqua Jake aussitôt.

- Et bien... Jason est mon ex. Commençais-je sans affronter le regard de Jake. Notre histoire a duré quelque temps. On peut dire que tout allait bien au début, il était charmant, intéressant, intelligent. Il me prenait en considération et m'écoutait lorsque j'en avais besoin. Il avait de petites attentions à mon égard et je suis rapidement tombée sous le charme. On vivait presque ensemble à vrai dire, je marque une pause, remarque les poings serrés de Jake à l'évocation de ces souvenirs. J'étais tout le temps chez lui, on faisait beaucoup de sorties et je m'étais vite intégrée à son groupe d'amis. Et puis un soir, alors que je ne voulais pas sortir, on n'a eu une grosse dispute. Il est parti en claquant la porte. Quelques heures plus tard, il est revenu, soûl. Et la dispute a reprit de plus belle. Alors il en a eu assez, et il m'a frappé. Au début, je me suis dit que c'était parce qu'il avait trop bu et qu'il était en colère. Mais il a recommencé, plusieurs fois. Et puis lorsque j'ai dit que je le quittais, il m'a menacé, il a menacé ma famille, mes amis, alors je suis restée. Jusqu'à ce qu'il aille trop loin..








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