29. Descente aux Enfers

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"Je suis désolée mais au vu des derniers événements je ne peux prendre aucun risque pour mon poney
- Qu'est ce que ça veut dire ?
- Phoenix va partir des écuries, tu ne le monteras plus, je ne veux pas que tu gâche ce poney comme tu as gâcher le cheval de ton coach"

J'ai l'impression que tout mon monde s'écroule autour de moi. Je m'en veux suffisamment, mais en plus je perds Phoenix ? Après tout je la comprends... Elle a peut être raison, je devrais peut être abandonner l'équitation. Si je gâche tous les chevaux qui passent sous ma selle je devrais peut être tout arrêter.

Je m'empresse d'aller seller Phoenix. Je vais partir en trotting. Il mérite des adieux comme il se doit. La propriétaire est en train de récupérer les papiers avec Aurélien donc je vais partir sans qu'elle me voit.

Le poney bai prêt. J'enfile mes bottes, mes éperons et mon casque et je me mets en selle. Je traverse la cour au pas quand mon coach et la propriétaire du poney sortent.

"Typhaine ! Où est ce que tu t'en vas ?
- Si elle blesse mon cheval vous aurez affaire à moi !"

Je ne les écoute pas et pars au petit trot. Plus le temps passe, plus ma vie devient une véritable catastrophe. La vie me file entre les doigts et je perds le contrôle de tous les évènements.

Je mets le poney au boulot. Je lui demande des allures de qualité, il doit utiliser son arrière main pour se déplacer. Je continue avec quelques déplacements latéraux puisque le chemin est bon. Après, je lui demande d'allonger. J'ai l'impression de voler. Quand je repasse au pas je sens les larmes rouler sur mes joues. Il va me manquer ce poney. C'est un grand fou, mais il est si talentueux. Je savais que je ne l'avais que pour de la valorisation mais je ne l'imaginais pas partir si tôt. Notre histoire commençait à peine. Je suis certaine qu'il aurait pu aller loin.

Mais je le perds, lui aussi, a cause d'une foutue erreur. Erreur que j'ai faite. Pourquoi j'ai continué ? Pourquoi je n'ai pas abandonner ? Je hais mes décisions. Je me hais.

****

Le poney bai est attaché dans le van. Quand le van a quitté mon champ de vision je ne peux empêcher mes larmes de couler. Je m'empresse d'aller dans le box de mon Élixir.

Raphael me rejoint et pose sa main sur ma joue.

"Comment tu vas ?"

Je le regarde les larmes aux yeux et il me sert dans ses bras.

"J'en peux plus... J'ai l'impression de tout perdre... C'est l'horreur Raphael, qu'est ce que j'aimerai ne plus être là pour vivre ça... Mes parents, mes poneys... Je brise la vie d'un autre cheval ... Je fais n'importe quoi...
- Je t'interdis de dire ça je sais que c'est dur, mais je te promets que la roue tournera.
- J'espère"

Il se rapprocha de moi et déposa doucement ses lèvres sur les miennes. Mes bras viennent s'enrouler autour de son coup et mes mains jouent avec ses cheveux. Il entoure ma taille de ses bras et me pousse contre le mur. Il délaissa mes lèvres pour embrasser mon cou. Il finit par s'éloigner de moi a contre cœur.

"Je dois monter Prima, tu montes avec moi ?"

J'hoche la tête mais je n'ai pas envie de monter. J'ai peur d'abîmer mon poney. Peut être que cette dame avait finalement raison... Qui sait ?

Je prends mon temps pour brosser. Je graisse les sabots du poney noir et je démêle ses crins. Je pose finalement mon éternel tapis rose sur son dos, j'ajoute un amortisseur en gel et ma selle de dressage. Je lui mets des guêtres de dressages roses qui sont parfaitement assorties à mon tapis. Je lui mets son filet au frontal a strass rose et l'amène près de la sellerie où je le lâche le temps d'enfiler mes bottes et mes éperons rose gold, assortis a mon casque et mes étriers. Je sais que mon poney ne bougera pas.

Je me mets en selle et rejoins ensuite la carrière. Raphael est déjà à cheval en train de marcher. Il a dû en avoir marre de m'attendre.

Je commence ma détente aux trois allures rênes longues, Lixir étend son encolure vers le bas, je suis certaine que ça lui fait beaucoup de bien au dos.
Quand je remonte sur mes rênes j'ai l'agréable sensation de connaître tous les boutons. Juste un peu d'éperon à l'intérieur, une rêne extérieure tendue et le poney vient se tendre et s'incurver autour de ma jambe. Je fais beaucoup de déplacements latéraux, je commence par les hanches en dedans, j'enchaîne avec les cessions à la jambe et je termine par quelques épaules en dedans.
Finalement c'était une bonne idée de monter. Élixir me fait toujours cet effet. Il me permet de laisser mes problèmes loin derrière moi, il me permet de décompresser, de tout oublier. Quand je suis sur ce poney je ne suis qu'avec lui. J'ai presque l'impression de ne rien lui ordonner, juste de lui proposer, et il a tellement bon cœur qu'il ne me refuse rien.
S'il devait lui arriver malheur je ne m'en remettrais pas, il est ce qu'il y a de plus important dans ma vie. Il est tout ce qu'il me reste de mes parents, tout ce qu'il me reste de mon passé. Ce poney représente mon passé, mais il est aussi mon présent, et il sera toujours mon futur. Je n'oublierai jamais un tel poney. Il ne cessera jamais de m'apprendre à vivre, il ne cessera jamais de m'apprendre à me battre, il ne cessera jamais de me rendre heureuse.
Poney de ma vie, mon Élixir.

****

Le réveil sonne. Nous sommes samedi. D'habitude j'aurais eu deux poneys a sortir. Désormais je n'en ai plus qu'un. Je n'aimais pas Phoenix comme j'aime Élixir mais ce poney bai me manque déjà. Malheureusement je n'ai plus qu'à tourner la page, je commençais à peine à l'écrire que je dois déjà l'arracher. Non, je ne l'arracherai jamais, je compte bien me rappeler de ce que ce poney de talent m'aura appris.

Quand je récupère mon téléphone je vois que j'ai pleins de notifications Instagram. Une petite dizaine de comptes sur les grand prix poneys m'ont envoyé un message me demandant si un article publié cette nuit dit vrai. Quel article ? Ça doit être une rumeur stupide, il y en a beaucoup qui courent.

À peine arrivée aux écuries, Lilou vient me voir en courant.

"Si tu vois trainer le magazine d'actualités de l'équitation qu'il y a toujours dans la sellerie surtout ne le lis pas.
- Pourquoi ? C'est quoi cette histoire d'article ? Je ne comprends rien Lilou !
- Oh euh c'est rien juste ne lis pas !"

C'était la seule phrase à dire pour que je meurs d'envie de lire ce foutu article. Je rentre en vitesse dans la sellerie et récupère le fameux magazine. Je l'ouvre sous le regard coupable de Lilou. A peine ai-je lu la première ligne que je regrette déjà de ne pas avoir écouté ma meilleure amie.

Poney d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant