Poney d'une vie

49. Fin d'année

Plus que 15 jours avant le bac de français. Je commence sérieusement à paniquer. J'ai complètement décroché scolairement après mes 6 mois d'hôpital. Le pire c'est que je n'ai rien fait pour tout rattraper, c'est maintenant que je le paye parcequ'il est désormais trop tard pour rattraper tout ce que j'ai manqué. J'espère avoir entre les mains suffisamment de choses pour avoir au moins la moyenne. J'espère, vraiment.

Côté cheval la saison de concours est terminée pour nous, que ce soit avec Lixir et Pomme. Ils ont eu droit à leur semaine de vacances et je reprends doucement le travail en vue des championnats avec les deux. Je commence aussi à paniquer pour ça d'ailleurs.

J'avoue que je suis actuellement perdue. Trop de sentiments plus négatifs les uns que les autres. Trop de peur. La peur d'échouer, la peur de décevoir, la peur de me ridiculiser. Trop de honte. La honte de celle que je suis, la honte de celle que j'étais et de celle que je serais. Etre à bout. Ne plus rien supporter, ne plus rigoler à rien, ne plus comprendre personne. Se haïr. Se détester de tout prendre mal, s'en vouloir de ne plus rien comprendre, culpabiliser d'embêter tout le monde. Vouloir que tout s'arrête, craquer, pleurer. Mais résister. Parceque je n'ai pas le choix de me battre, pas le choix de survivre, pas le choix de supporter, pas le choix d'encaisser, pas le choix de remonter, pas le choix de réussir.

Par moments je ne sais plus ce que je fais là, pourquoi je suis là ? Ne devrais-je pas partir ? Tout quitter, tout abandonner ? Mais il y a quelque chose, quelqu'un qui me retiens. Il devient ma raison de vivre, il est ce qui me donne le courage de tout affronter. Je pourrai tout faire pour lui, grimper au sommet des plus hautes montagnes, décrocher la lune et atteindre le soleil. Il me donne la force que je n'ai plus, quand je baisse les yeux il est celui pour qui je les relève. C'est celui qui porte toutes mes peines et toutes mes joies. C'est celui qui me donne la rage de vaincre, il m'accompagnerait au bout du monde si je le lui demandais. Il a toujours été là pour moi et il le sera jusqu'à la fin. Il est le seul. Il est mon tout. Il est ma fiole magique. Il est mon élixir. Il est mon Elixir. Il est le poney de ma vie et bien plus encore. Il est celui qui m'a sauvée une fois, deux fois, trois fois. Et il est celui qui me sauvera de nouveau, une fois, deux fois, trois fois, pour toujours et à jamais.

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Le bac de français commence demain. Je suis vraiment très mal, je commence a avoir réellement peur.

Je suis en train de préparer Lixir pour une petite balade en espérant que je décompresse un peu. Je brosse sa robe soyeuse, démêle sa queue et sa crinière brillante, graisse ses sabots et passe un coup de lingette sur ses yeux et son nez.

Je lui met son magnifique ensemble rose, enfile mes bottes, mes éperons, mon casque et mes gants, puis je me mets en selle. Je suis sur le dos de celui qui me fera tout oublier. Je suis sur le dos de celui qui me fera me sentir bien. Le seul, l'unique.

Je marche un moment avant de commencer a trotter. Tout de suite je cherche a lui faire baisser la tête et étendre l'encolure. Ça va soulager son dos. Après 5 minutes je remonte sur mes rênes et viens l'arrondir. Il m'execute tout ce que je lui demande a la perfection. Quand je repasse au pas je travaille quelques déplacements latéraux comme le chemin est bon.

Et viens ensuite le moment que nous aimons tous les deux : le galop. Je me redresse remonte sur mes rênes et place mes aides. Et là, c'est magique. Nous avons semé tous mes problèmes loin derrière nous. Lixir m'a offert une pause. Il m'a offert la liberté. Il m'a offert le bonheur. Plus nous galopons, plus j'oublie tout ce qu'il y a autour de moi. Je ne me rappelle plus de rien, je ne contrôle plus rien. Il n'y a plus que lui et moi.

Un magnifique poney noir de jais et sa cavaliere.

Seuls, pour vivre un moment magique, pour juste 5 minutes, vivre hors du temps. Comme dans un monde parallèle.

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De retour aux écuries je donne une petite douche à mon super poney avant de le faire brouter le temps qu'il sèche.

Une fois son poil intégralement sec, je le rentre dans son box.
Je prépare ensuite la magnifique jument isabelle pour une petite longe.

Je la détends aux trois allures avant de mettre les élastiques. Elle vient tout de suite s'arrondir au contact avec ceux ci. Aussi bien au pas qu'au trot et au galop ainsi que durant toutes les transitions.

Après cette demie heure de travail. Je lui douche l'encolure et la fais brouter a son tour.

Une fois sèche, elle rentre au box ou l'attends son foin.

C'est désormais à mon tour de rentrer chez moi et de retrouver la réalité singlante.

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Raphael doit venir chez moi pour dormir d'ailleurs. Juste pour éviter que je panique.

En parlant de lui il vient de toquer à la porte. Je lui ouvre et il m'embrasse. Je lui sourit et prend sa main avant de remonter dans ma chambre. Je m'assois sur mon lit et il fait de même.

"Ça va ?
- Si je panique pas cette nuit ça ira."

Il pose sa main sur ma cuisse et reprend la parole.

"Je serai là d'accord ? Je serai là pour toi.
- Je ne veux pas, j'en ai marre d'avoir toujours besoin de toi... J'aimerai que ce soit moi qui t'aide un jour, toi aussi tu as besoin de quelqu'un...
- Tu es là pour moi et tu sais pourquoi ?
- Non...
- C'est ta seule présence qui me fait du bien. C'est toi. Juste toi, c'est ça dont j'ai besoin. Et donc j'ai besoin que tu ailles bien d'accord ?"

Je ne réponds pas et me contente de me jeter sur ses lèvres. Lui aussi me capture et m'hypnotise. Lui aussi m'ensorcèle.
Quand il repasse au dessus de moi je ne réponds plus de rien. Ses baisers passent de mes lèvres à mes épaules en passant par mon cou. Les tee shirt volent.
J'oublie, je lâche prise, et je vous jure que ça fait du bien de ne plus tout contrôler, pour une fois.