34. Sélections

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Ça fait trois jours, trois jours depuis le retour de Pomme, trois jours depuis que j'ai créé ma reprise, que j'ai d'ailleurs déroulée à l'instant, mais ça fait aussi trois jours que Raphael ne m'a pas adressé un seul mot. Il faut vraiment que j'arrive à lui parler. En parlant de lui, il traverse les écuries. Bon aller je me lance, depuis quand j'ai peur de parler à mon copain ? C'est n'importe quoi.  Je trottine et lui attrape la main pour le retenir. Il me regarde comme s'il avait vu un fantôme. J'essaye de l'embrasser mais il se recule. Ok, qu'est ce qu'il a là.

"Raphael qu'est ce qu'il t'arrive ? Tu es bizarre ces derniers jours, j'ai fait quelque chose ?
- Non.. oui.. non.. euh...
- Qu'est ce que j'ai fait ?
- C'est juste que je veux que tu saches que je ne te suis pas dû, ce n'est pas à moi de m'adapter à tes humeurs, j'ai mes problèmes aussi, pas la peine de me repousser, a ce que je sache je ne le fais jamais, j'aimerai que tu arrête de ne voir que ton poney et tes erreurs et que tu te concentre sur d'autres choses, j'ai aussi besoin de toi et j'ai l'impression que si je te touche je te casserai et que si je te parle je te dérangerait, alors je ne dis rien."

J'avoue que je tombe sur le cul, je ne me suis rendu compte de rien. Vraiment rien.

"Je suis tellement désolée... Je n'ai rien vu... Rien... J'ai été égoïste ces derniers temps excuse moi, mais Phoenix, Pomme, le lycée, la douleur qui ne s'estompe quasiment plus, je ne voyais que par ça. Mais je t'en prie, parle moi, la prochaine fois parle moi. Et regarde, bien sûr que tu peux me toucher, je dirai même que tu dois, j'ai aussi besoin de toi. Je vais changer je te le jure."

Je vais surtout arrêter de parler, je vais écouter ça oui, mais je ne me plaindrai plus, j'irai toujours bien. C'est mieux pour tout le monde.

Un sourire prends place sur son visage et il pose ses lèvres sur les miennes. Je lui donne d'avance l'accès qu'il me demandera. Je passe mes mains dans ses cheveux et les siennes se posent sur mes hanches.

Trois jours sans se toucher et j'en peux déjà plus, je n'ose même pas imaginer ce que ça serait si on se séparait. Je ne préfère pas y penser, on dit toujours que l'on provoque les choses. Alors je préfère penser au positif, je provoquerait peut être du positif qui sait ?

****

Je viens de rentrer chez moi accompagnée de mon copain et un hurlement strident m'échappe.

"Il t'arrive quoi Typhaine bordel ?!
-  Je suis sélectionnée en équipe de France et je pars en Belgique ! Si ça se trouve je pourrais représenter la France en coupe des nations ! Et tu es sûrement qualifié aussi !"

Il me sert dans ses bras.

"Bien sûr que je suis qualifié, je le sais depuis hier soir grosse patate. On est tous les deux en équipe de France et on part tous les deux en Belgique !"

Un nouveau hurlement m'échappe et je lui saute dessus. Ses mains passent sous mes cuisses. Je ne pourrai être plus heureuse qu'à ce moment, mes rêves semblent se réaliser. Un tapis aux couleurs de la France ! Waouh.

"Raphael pince moi je crois que je rêve !"

Il me mords doucement la lèvre. Ok je ne rêve pas.

"J'avais dit pince roo !"

Je l'embrasse avant de rejoindre la terre ferme et de m'affaler dans le canapé, chose que je ne fais presque jamais. Il s'assoit à côté de moi et pose sa main sur ma cuisse. Une légère grimace m'échappe à ce toucher, c'est ma jambe gauche.

"Tu vas bien ?
Non.
- Oui bien sûr
- Tu as si mal que ça ? 
Je soupire, il me connait par cœur, il passe doucement sa main sur ma cuisse.
- Ça va, c'est juste que je n'ai pas avaler de comprimés depuis longtemps."

Tout a fait faux, ils datent d'une heure. Il me regarde l'air soucieux et je change de sujet. On part en Belgique dans 15 jours. Aurélien nous engagera demain, maintenant, un entraînement intensif nous attends. 

****

"Je veux une meilleure position que ça les deux, je veux une position PARFAITE. Ouvre tes épaules bordel Typhaine et Raphael mon dieu descends sur tes jambes. Vous êtes des cavaliers qui partent à l'international ! Je m'en fou que ça soit dur, je m'en fou que vous aillez mal ! Vous devez vous battre pour ce que vous voulez !"

Il a raison, mais dire que j'ai mal est un euphémisme. Je m'efforce de suivre les conseils de mon coach. Mon poney est vraiment rond, tendu, enroulé autour de ma jambe sans pour autant s'appuyer dessus. On enchaine les difficultés des reprises une par une.

Raphael et Primavera sont au top de la forme, j'espère qu'ils seront aussi bons lors du cdiop. Bon, par contre en tant que cavalière ça risque de me poser problème mais bon. C'est le jeu.

****

Ça doit bien faire une semaine et demie qu'on s'entraîne tous les jours. Aurélien nous coach comme il ne l'avais jamais fait. Il ne laisse rien passer, honnêtement, je pense que nous sommes prêts pour le départ, nos poneys ont deux jours de repos et nous prenons la route mercredi pour la Belgique. Le jeudi matin a lieu la visite vétérinaire, l'après midi je déroule l'imposée. Le vendredi c'est la libre, le samedi c'est la coupe des nations, si je suis sélectionnée bien sûr, et le dimanche c'est le grand prix.
Il y aura les équipes de Belgique, d'Allemagne, d'Italie, d'Irlande et de France.

Raphael et moi avons reçu les tapis aux couleurs de la France, les les vestes ainsi qu'un sweat. Les poneys ont eux aussi leurs polaires France. J'en ai eu les larmes aux yeux quand j'ai déposé la polaire sur le dos d'Elixir. En fait, j'ai vraiment pleurer, je n'ai pas honte de le dire. Raphael était mort de rire en me voyant. Mais j'en ai toujours rêvé, j'ai toujours rêvé de ce jour, et il se réalise. Mes rêves prennent vie sous mes yeux.
Je crois que c'est ce qui me permet d'oublier toutes les douleurs du monde.

Mon poney, mon Lixir, le poney de ma vie, mon Élixir.

Poney d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant