38. Coupe des nations (1/2)

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Après la remise des prix nous sommes rentrés à l'hôtel, Lilou est aussi retournée au sien. Je ne sais pas comment je vais pouvoir passer la soirée seule avec Raphael. Et non je ne dramatise pas.

Je suis assise sur le lit avec la musique à fond dans mes écouteurs. Quelle bonne idée pour me détruire le moral encore plus que d'écouter des musiques tristes. Je sens les larmes rouler sur mes joues, quelques sanglots m'échappent. J'espère que Raphael n'entends rien depuis la salle de bain. Je crois que ma prière n'est pas entendue puisqu'il prend la parole :

"Typhaine ça va ?

- Je vais bien."

Ma réponse se voulait convaincante mais ma voix en a décider autrement, elle est chevrotante et a décidé de me lâcher sur le mot bien. Un autre sanglot m'échappe, mes yeux commencent à rougir, ma tête me fait énormément mal et mes joues sont inondées.

Raphael ressort de la salle de bain, le visage soucieux. Il s'assoit derrière moi et commence à caresser doucement mes épaules et ma nuque. Il y dépose aussi de doux baisers.

"Qu'est ce qu'il t'arrive ?"

Je ne sais pas quoi faire. Rien dire et me laisser aller ou résister et tout lui raconter. Ma peau frissonne sous ses baisers. Tant pis. Je ne peux plus ou je vais exploser. Je me lève un coup sec.

"Ce qu'il m'arrive ? Je n'en peux plus de tes sautes d'humeur ! Hier tu étais attentionné, aujourd'hui tu m'ignores, qu'est ce que ça sera demain ? Tu me regardes d'une façon si détachée, si vide, ça me brise le cœur. Oui tu me brises le cœur Raphael, en mille morceaux. Et rien que pour ça je peut te jurer que je te déteste ! Je déteste ce pouvoir que tu as sur moi. Je te déteste, je te déteste pour m'avoir fait t'aimer !"

Plus j'avance dans mes paroles plus le ton monte et plus ma voix se brise. Je me déchire. Il se lève et s'approche de moi. Je recule à mesure qu'il avance jusqu'à me retrouver dos au mur. Je suis coincée.

"Je te fais tant de mal que ça ? Si c'est vraiment le cas je préfère partir, partir et te laisser être heureuse. Je suis perdu, j'ai énormément de choses en tête et je perds un peu le bout, je me retrouve enseveli sous tout ce tas de problèmes, je ne sais plus comment réagir à rien. Je ne veux pas rester avec toi si je ne te suis plus supportable, je ne veux pas que tu perdes ce sourire que j'aime tant par ma faute.

- Ne pars pas. Reste. Je t'en prie."

Il me regarde sans comprendre et s'approche doucement. Il m'interroge dans son regard. Oui. Oui il peut. Ses lèvres se posent sur les miennes et je crois que je commence à comprendre ce qu'il a tant de mal à m'expliquer. Je peux lire en lui comme dans un livre ouvert. Je crois que nous ne cesserons jamais d'avoir des problèmes, mais c'est peut être ça l'amour ? Plus tu aimes plus tu souffres. Je choisis de souffrir, c'est le prix à payer. La douleur, quelle qu'elle soit ne m'empêchera jamais de quoique ce soit, je refuse.

****

Je me lève nourrir les poneys. Raphael me rejoint plus d'un quart d'heure plus tard, je ne sais absolument pas ce qu'il a encore fait et je ne veux pas savoir. Je ne veux plus savoir. Il me rejoint un immense sourire aux lèvres. Je ne sais pas ce qu'il a mais ça doit être une bonne nouvelle pour le mettre dans un tel état. Il s'approche de moi jusqu'à ce que nos souffles se mélangent. Je me retient de lui sauter dessus.

"Devine qui va représenter la France pour la coupe des nations !

- Toi ?"

Il hésite quelques secondes avant de reprendre la parole.

"Nous"

Je me recule d'un coup, sous le choc. Je peine à y croire. Ca va réellement se produire. Un sourire prend place sur mes lèvres tandis qu'une larme solitaire roule sur ma joue gauche. J'embrasse furtivement mon copain avant de sauter à l'encolure de mon poney. Je lui raconte tout. Il a la tête tournée vers moi et ses oreilles inclinées de telle sorte que j'ai l'impression qu'il m'écoute et me comprends.

Je l'emmène à la douche pour enlever son argile et le promener en main. J'ai besoin de me centrer avec lui. La coupe commence à 16 heures. L'équipe se retrouve à 14 heures pour un débrief. Je pionterai juste avant d'y aller.

****

"Bien Amélie tu prendras le premier tour, on enchaîne sur Raphael après, Alexi numéro 3, Typhaine on termine avec toi. Il y aura deux tours grand prix et libre. Vous garderez le même ordre en deuxième manche. Donnez tout, vous êtes une excellente équipe, je sais que c'est osé de mettre deux nouveaux membres de l'équipe pour la coupe mais je crois en vous, en vous 8."

C'est sur ces mots que notre entraîneur et sélectionneur clôture la réunion. Je retourne auprès de mon poney, la main dans celle de mon copain. Il rentre avec moi dans le box de Lixir qui nous regarde intrigué. Raphael me pousse contre la paroi et m'embrasse. Ses mains passent sous mon sweat et ma veste pour s'infiltrer sur la peau de mon dos. Mes mains parcourent ses cheveux dans les moindres recoins et l'on passe d'un baiser doux et langoureux à un baiser sensuel et intense.

Lilou choisi ce moment pour rappliquer et s'annonce en toussant. Nous nous séparons rapidement même si Raphael attrape tout de même ma main. Je crois qu'il a vraiment besoin de contact. Ca tombe bien, moi aussi.

Je finis par préparer, seule, mon poney noir de jais. Sa crinière est piontée, sa queue est nattée, ses sabots sont graissés et son poil lustré. Un dernier coup de lingettes sur les yeux et les naseaux et le tour est joué. Il est 15 h 30, je sais qu'Amélie est déjà à la détente. Raphael ne devrait pas tarder à la rejoindre. Moi, j'ai davantage de temps je passe dernière, et comme la France passe la dernière, après l'Allemagne, L'italie, la Belgique et l'Irlande. 5 pays, 5 nations, mais une seule coupe.

Je selle mon magnifique poney de son tapis aux couleurs de mon pays. Une fois prêt, je me prépare. Rien n'est laissé au hasard. Je me mets à cheval et c'est le moment de tout donner. 

Poney d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant