Chapitre 19 PDV de Ambre

248 24 5
                                    

L'alcool me monte à la tête, j'ai chaud, très chaud. Les amis de Florian sont sympas, peut être un peu collants mais sympas. Ils ont l'air bien alcoolisé pour certains et je crois l'être moi aussi. Je repense à leurs têtes quand j'ai bu cul sec mon verre de mojito, il doit maintenant être plus de deux heures du matin et j'ai arrêté de compter les verres d'alcool que j'ai ingurgité. Florian joue le Sam de la soirée et empêche ses amis de divaguer au milieu de la foule qui ne désemplie pas. Des dizaines de personnes continues de danser sur la piste, leurs corps ruisselants de sueur, leurs vêtements collants à leurs peau. Je reste assise sur une des banquettes regardant les autres danser et s'amuser un sourire béat sur les lèvres. Mon cœur bat à la chamade dans ma poitrine, je lui dirai bien de se taire mais je préfère savourer chaque battement, comme si c'était le dernier. Soudain j'aperçois la casquette de Florian au loin et celui-ci ne tarde pas à s'approcher de moi. 

Florian: Alors tu t'amuses ? 

Moi: Oui, beaucoup ! Tes amis sont très sympas. 

Il s'assoit à côté de moi sur la banquette, je me décale un peu et pose mes mains refermées en poing sur mes genoux, nerveuse. Un silence s'installe, comblé par les conversations et la musique qui me martèle les tympans. Soudain Florian se lève et me tend la main. 

Florian: Ça te dirait de danser ?   

   Sa question me déstabilise et je ne sais quoi répondre. Je regarde ses doigts tendus, illuminés par les néons colorés. Je finis par inspirer grandement et à prendre sa main. Sa paume est chaude et un peu moite, je resserre mes doigts  autour des siens et ne les lâche pas lorsque nous traversons la foule. Nous arrivons finalement sur la piste de danse et soudain, coïncidence improbable, la musique devient plus douce, plus lente. Tout deux gênés, aucun de nous ne sait quoi faire, je décide de faire le premier pas, et me rapproche de Florian, ma respiration accélère et mes mains tremblent un peu. Florian me jette un regard comme pour me demander la permission de pose sa main au creux de mon dos. Je m'humidifie les lèvres, soudain à bout de souffle et hoche la tête, ses doigts survolent ma colonne vertébrale et je pose alors ma main sur son épaule et l'autre est toujours solidement enlacée à la sienne. Nos regards se croisent et s'attachent, parfait mélange d'alchimie et de stress qui nous paralyse tout les deux. Dans ma tête une petite voix s'affole, comme une alarme : "Ne pas s'attacher, ne pas s'attacher !" J'essaye de ne pas l'écouter même si je devrai sûrement le faire et me laisse guider par Florian qui commence doucement à se balancer de droite à gauche un peu maladroitement. Je décide de briser ce silence un instant. 

Moi: Je crois qu'aucun de nous n'est très bon danseur... 

Florian: Je crois que tu as raison, mais ça ne peut pas nous empêcher de danser. 

Je souris un peu et me laisse de nouveau bercer, Florian presse un peu sa main dans mon dos et me rapproche un peu plus de lui, si je me penchais encore, nos fronts se rencontreraient sûrement, je ferme les yeux, me sentant un peu déboussolée. La voix dans ma tête continue de hurler la même phrase se qui me rends un peu nauséeuse, mes sens s'emmêlent et je manque de m'affaler sur Florian qui me rattrape. Me front heurte le sien et nos nez se frôlent dangereusement, une sensation de chaleur insupportable entoure mon visage, comme la dernière fois. Mon souffle est haletant, j'ai la tête qui tourne et j'ai l'impression que mes vêtements sont trop petits, imbibés d'un mélange de sueur et d'alcool qui me colle à la peau. 

Moi: Florian, j'ai juste besoin de... 

Il comprend mon état et m'aide à sortir de la piste, nous nous asseyons dans un canapé, loin du brouhaha. Mon malaise se dissipe un peu, mais bien trop lentement à mon goût, Florian passe son pouce sur ma main, décrivant des petites cercles sur lesquelles je me concentre. 

Florian: Tu veux que t'apportes un verre d'eau ? Ou même que l'on s'en aille ? 

Moi: Non non, ne t'inquiète pas, j'ai juste... 

   Ma tête dodeline et je vois un peu trouble. Mon cœur veut s'échapper de ma poitrine, je lui ordonne de se calmer. Ce n'est pas le moment de faire une crise. Pas devant lui, surtout pas devant lui. Nos visages sont proches, trop proches, je peux presque sentir son souffle sur mon visage. 

Moi: J'ai juste besoin que tu restes près de moi, s'il te plais. 

Florian: Bien sûr. 

Moi: Merci, merci... 

  Son visage est de plus en plus proche, je me sens bien trop faible pour m'écarter et je ne suis même pas sûre de vouloir le faire. Pourtant je devrai, je devrai me protéger ainsi que le protéger lui, pour ne pas avoir le cœur brisé, au sens propre comme au figuré. Nos lèvres ne sont séparées que par quelques centimètres et j'ai peur de ne pas tenir, de commettre une erreur, de faire voler en éclat le mur que je construis à chaque fois que je suis en sa compagnie. J'aimerai lâcher prise, me dire que je m'en fous. Mais c'est faux, j'ai besoin de lui, il devient un peu l'oxygène dont j'ai besoin ces derniers temps, pourtant, je m'en prive, car même si j'ai besoin de lui, il ne faut en aucun cas qu'il est besoin de moi dans sa vie. Je ne veux pas y entrer trop, par peur de faire tomber quelque chose. Je suis une météorite, qui s'éteint comme une bougie. Alors que mon cœur menace de s'arrêter à vouloir trop battre, mes lèvres se posent sur les siennes. J'ai été vaincue.  

Elle s'appelait AmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant