Chapitre 20 PDV de Florian

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Voilà depuis bientôt une heure que j'attends, adossé à un lampadaire, les yeux fixés sur la porte en bois. Je n'arrive pas à faire le pas, à monter le perron et à ouvrir cette satanée porte. La peur me cloue sur place, je me sens si honteux par rapport à hier, j'ai peut être fait tout foirer. Quand nos lèvres se sont séparées, Ambre s'est levé, secouant la tête et s'est enfuie, je n'ai même pas eu le courage de la retenir. Je ne suis qu'un lâche. Soudain une voiture se gare le long du trottoir et une femme aux cheveux bruns en sort, elle se dirige vers la porte de l'appartement de Ambre sans me prêter attention, elle semble hésiter et se dirige soudain vers moi. "Qu'est-ce qu'elle me veut ?"

Elle: Excusez-moi, est-ce que vous savez si une certaine Ambre Martin vit ici ? 

Je fronce les sourcils, déstabilise par sa question. Je regarde un peu plus en détails son visage et remarque des petites tâches de rousseur sur ses joues, à peine visibles, la forme de ses yeux et la courbe de son nez m'est étrangement familière. 

Moi: Euh... Oui, elle habite là, je la connais, vous êtes ? 

Elle: Oh vous la connaissez tant mieux, est-ce que vous pouvez lui transmettre une message, je crois ne pas avoir la cran de monter. 

"Attendez quoi ?" C'est bien la première fois qu'une inconnue me demande en pleine rue de transmettre un message à quelqu'un et me fait part de ses états d'âme. Je bégaie un "oui" et elle soupire presque de soulagement. 

Elle: Ok, dites-lui que ses parents ont trouvé un oncologue et que sa sœur se fait beaucoup de souci pour elle... 

À ces mots elle me remercie encore une fois et saute dans sa voiture avant que je ne puisse bouger. Ses mots tournent dans ma tête à une vitesse fulgurante et je fais les liens. "Oncologue" "parents" "sœur".  Cette femme serait la sœur de Ambre, mais c'est impossible, elle m'a certifié qu'elle était fille unique ! Je ne sais pas si c'est vrai mais je n'ai qu'un seul moyen de le savoir : c'est de monter voir la concernée. Je regarde le numéro de son appartement sur les boites au lettres et monte les escaliers jusqu'au troisième étage. Mon poing reste figé devant sa porte mais je prends mon courage à deux mains et toque. La porte ne tarde pas à s'ouvrir et quand mon regard croise celui de Ambre une tension est palpable entre nous. 

Ambre: Euh.... salut. Comment... 

Moi: Tu as le bonjour de ta sœur.

   Elle se mord la lèvre et baisse la tête, honteuse. Elle ne s'attendait pas à ça visiblement. 

Ambre: Entre... 

Elle se place à côté de la porte et je rentre dans le petit appartement. Il est assez neutre, nous nous dirigeons vers le salon où Ambre m'invite à s'asseoir. Sa réaction à la mention de sa sœur me fait comprendre qu'elle n'est pas fille unique et qu'elle m'a donc menti. Celle-ci reste debout, serrant un bras autour de sa poitrine, la visage tendu. 

Ambre: Je peux tout t'expliquer... 

Moi: Bien explique-moi alors ?! Combien de mensonges m'as-tu servi ? 

  Ma colère commence à se réveiller. 

Ambre: Je n'avais pas l'intention de te mentir, mais... 

Moi: Mais quoi alors ? Tu t'es servi de moi c'est ça ? 

   Je me lève brusquement et Ambre recule. Malgré la tension que je sens dans sa voix, son visage reste de marbre, elle est calme, ce qui n'est pas mon cas. 

Ambre: Non, je t'ai menti parce que je voulais te protéger du mal que je pouvais te faire, pour ne pas trop m'attacher à toi. 

Moi: Pourquoi avoir essayer d'attirer mon attention alors ? Pourquoi m'avoir donné ce foutu papier ?!

Ambre: Mais parce que j'avais besoin de toi ! J'ai besoin de toi...

Moi: Je veux savoir la vérité.

Elle ouvre la bouche mais se ravise, je me rapproche d'elle et perçoit l'éclat d'une larme dans ses yeux.

Ambre: J'ai une sœur aînée. Oui.

Moi: Et pour cet oncologue ?
 
C'est comme si ces mots étaient la poignée qui retenait les vannes. Des larmes dévalent ses joues à une vitesse folle. Elle se met à murmurer mais c'est comme si elle m'avait hurlé dans l'oreille la vérité. Je chancèle.

Ambre: Je t'ai dis qu'il y a quelque années j'étais malade, c'est vrai. Mais le truc c'est que je le suis toujours. J'ai un anévrisme à l'aorte..
 
J'ai l'impression que du coton bouche mes oreilles. "Un cancer, elle a un cancer." Et elle a réussi à me le cacher. Je comprends maintenant toutes ces allusions à la mort. Elle va mourir.

Moi: Pourquoi ? Pourquoi tu ne me l'a pas dit ?!

  Ses larmes se reflètent au soleil et continues de couler.

Ambre: Parce tu aurais eu pitié de moi, et ça n'aurait servi à rien à part te faire du mal.

Moi: Tu vas y aller ? Le voir cet oncologue.

Mon cœur tambourine dans la poitrine. "Je t'en pris, je t'en pris."

Ambre: Non.

Elle s'appelait AmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant