Chapitre 24 PDV de Florian

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Il est huit heures trente et Ambre s'installe sur le siège passager tandis que j'allume le moteur. Ambre à souhaité partir tôt pour je cite "rester le moins de temps possible là-bas." Je la sens vraiment stressée, je lui jette un regard en coin alors que je sors de l'allée ; elle à la tête posée contre la vitre, ses mains sont rentrées dans les manches de son pull et des frissons lèvent le duvet de ses bras.

Moi: Tu as froid ?

Ambre: Non, ne t'inquiète pas. Tout va bien.

J'attrape sa main que j'enlace avec la mienne et pose nos paumes sur le levier de vitesse. Je devine un léger sourire étirant les lèvres de Ambre, nous restons comme ça tandis que l'autoradio diffuse de la musique. Au bout d'une demi-heure, la station NRJ passe un morceau qui me fait sourire et en même temps qui serre mes entrailles. Alors que les premiers accords de Comme d'hab retentissent dans l'habitacle, je vois Ambre faire en mouvement de tête en direction de l'autoradio et et me regarde ensuite les sourcils levés.

Ambre: Ce ne serait pas toi qui chante par hasard ?

Je me risque à tourner la tête vers elle et sens le nœud qui serrait mon ventre, se détendre en voyant sa mine amusée.

Moi: Si, c'est notre tout premier tube, ça fait bizarre, hein ?

Ambre: Mmmh, j'aime bien, c'est la première fois que je t'entends rapper pour quelqu'un d'autre que ma personne.

Elle réussit à caler sa tête contre mon épaule sans me déranger pour conduire et fredonne le refrain. Je ne lui fait jamais écouté mes morceaux, même si je sais qu'elle a La cour des Grands dans sa playlist, moi-même je n'aime pas écouté mes propres morceaux. Le GPS m'indique que dans un quart d'heure nous serons arrivés et la route à suivre, moi qui était serein en partant, je commence à stresser. Je ne connais rien de ses parents et le fait qu'elle ai coupé les ponts avec eux ne facilite pas la tâche, l'ambiance sera tendue je le sais, encore plus s'ils apprennent que leur fille s'est éprise d'un gars comme moi. De plus Ambre refuse catégoriquement d'aller prendre rendez-vous chez un médecin, ce qui m'attriste au plus au point, elle me dit que tout ira pour le mieux qu'il faut pas que je m'en fasse pour elle, mais elle le sait mieux que moi : à force de ne pas vouloir se soigner, elle va mourir. Elle refuse de me parler de la période de sa vie où elle traitait son cancer, de son combat, dès que j'y fais allusion et se referme comme une huître et fuis mon regard, c'est pourquoi j'ai cessé d'insister, je préfère prier pour qu'elle ouvre enfin les yeux et réagisse. 

Je m'engage dans l'allée de graviers clairs qui conduit à la maison de ses parents, une bâtisse en pierres sombres avec de grandes fenêtres et des arbres massifs qui bordent l'allée menant au perron. La situation financière des parents d'Ambre m'apparaît très clairement différente de celle que j'ai connue étant enfant. Je me gare à côté d'une voiture flamboyante à l'ombre,  Ambre se recroqueville sur son siège et murmure :

Ambre : Je veux pas y aller Florian, je ne peux pas. 

Elle regarde la maison comme apeurée, je dépose un baiser sur son front et mes mains sur ses joues. 

Mo : Ne t'inquiète pas, je suis là, tout va bien se passer. 

Elle hoche la tête et ouvre la portière doucement, je fais de même et plisse les yeux sous le soleil ardent, des oiseaux chantent dans un arbre et la caresse du vent vient glisser sur ma peau. L'endroit à l'air désert et Ambre à l'air de le remarquer aussi. 

Ambre : Ils sont peut être en sortie, bon tant pis, on rentre ? 

À peine dit-elle ça, que la porte s'ouvre et une femme aux cheveux roux grisonnants apparaît et, en voyant Ambre, court vers elle pour la prendre dans ses bras. Sa fille, désemparée n'a pas bougé et garde les bras le long du corps. Je reste à l'écart mais entend tout de même les sanglots de sa mère et un fort accent du sud. 

Sa mère : Mon dieu, mon dieu, mon dieu ! C'est toi, si tu savais comme tu m'as manqué ma chérie, oh mon dieu ! 

Ambre : Maman, oui, maman c'est bon lâche-moi. J'étouffe ! 

Ambre se dégage, gênée, elle s'attendait apparemment pas à un tel accueil. Sa mère caresse son visage comme pour s'assurer que sa fille est bien devant elle, en chair et en os. 

Sa mère : Comment vas-tu ? Est-ce que tu manges bien ? On s'est fait du souci avec ton père, tu aurais pu au moins prévenir enfin Ambre ! Tu ne... 

Ambre : Maman, calme-toi deux secondes, j'ai quelqu'un à te présenter. 

Sa mère : Ah bon qui est-ce ? 

Ambre me désigne du menton et sa mère se retourne vers moi, je me racle la gorge et me sens soudain gêné. 

Sa mère : Oh ! Excusez-moi je ne vous avait pas vu... Vous êtes ? 

Elle s'approche de moi et me prend la main, ses yeux bleus sont brillants de larmes et des pattes d'oies les bordent.

Moi : Florian Ordonez, madame. 

Sa mère : Laissez tomber le madame voyons et appelez-moi Viviane ! 

J'esquisse un sourire gêné et me tourne vers Ambre qui s'est rapproché de moi. Sa mère nous dévisage et semble comprendre, elle sourit malicieusement et nous dit : 

Viviane : Mais venez, rentrez, nous serons mieux assis avec une boisson qu'ici. 

Elle se détourne et s'empresse de rentrer dans la maison, je jette un regard à Ambre qui se mord la lèvre, je passe un bras autour de sa taille et l'entraîne vers le perron. 


Elle s'appelait AmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant