Reincarnation

Chapitre 14

Quatre jours plus tard, le jour tant attendu par les deux jeunes gens était enfin arrivé. Drago avait réussi à trouver une petite église toute simple dans un quartier tranquille, peu surveillée par les allemands, et où personne ne viendrait les déranger. Un endroit où la cérémonie pourrait avoir lieu sans aucun danger.

Il avait conduit Ron et Harry à l'église et s'était occupé lui-même de la décoration. Narcissa s'était chargée, dans le plus grand secret bien évidemment, des robes et costumes pour son fils -ce dernier ayant refusé de porter son uniforme depuis sa dispute avec son père- et d'Hermione, qui n'avait pas les moyens, en ces temps difficiles, de se procurer du tissu pour coudre une nouvelle robe. La mère de Drago l'avait faite faire sur mesure par une très gentille coutière qu'elle avait connu quand elle avait passée son enfance en France et qu'elle savait digne de confiance.

La cérémonie était sur le point de commencer. Drago était en costume devant l'autel. En face de lui se tenait Harry, qui attendait impatiemment l'arrivée de son amie. Narcissa et Ginny étaient toujours dans la pièce contiguë à la chapelle, aidant Hermione à se préparer tandis que Ron attendant devant la porte que la fiancée sorte pour la conduire devant l'autel.

Dans la chapelle, Drago traînait des pieds. Harry s'était assis sur un banc et attendait, le visage fermé. Tout d'un coup, il dit d'une voix glaciale :

- Je ne te ferais pas le coup de te prévenir que si jamais tu lui fait du mal je te le ferais payer Malefoy. Je crois que tu le sais déjà.

- Je sais Potter, mais je ne lui ferais jamais de mal, tu devrais le savoir.

- Ce n'est pas toi qui m'inquiètes, murmura Harry presque pour lui-même.

- Tu penses à mon père, n'est-ce pas ? demanda Drago en s'asseyant à ses côtés.

- Ce n'est pas difficile à deviner, répondit abruptement le jeune français.

- Il n'a pas toujours été comme ça tu sais, dit Drago d'un ton las. Il était différent avant cette guerre, avant la montée d'Hitler.

- La guerre révèle souvent la vraie nature des gens, déclara Harry.

- Non, ce que je veux dire, c'est qu'il n'a pas eu vraiment le choix. Je ne cherche pas à lui trouver des excuses. Son comportement me répugne. Mais je voulais juste que tu comprennes qu'il était différent avant. Hitler et ses idées ont changé beaucoup de choses dans notre vie. Nous étions heureux avant. Mon père avait un bon métier, et nous faisions partis de la bonne société de Berlin. Et puis le nazisme est arrivé. Et ma mère a été considérée comme une paria pendant des mois à cause de ses relations. Elle travaillait pour une galerie d'art. Elle adorait ça et fréquentait énormément d'artistes. Plusieurs d'entre eux étaient juifs. Quand les persécutions envers ce peuple ont commencé, elle a essayé de s'interposer. Les gens n'ont jamais comprit pourquoi elle avait fait cela. Des rumeurs circulaient selon lesquelles elle avait une liaison avec un peintre juif. Mon père ne les a jamais cru, bien sur, mais l'honneur de notre famille était entachée, et si il y a une chose que mon père ne pouvait pas supporter c'était celle-ci. Il s'est engagé dans la gestapo uniquement dans ce but, retrouver l'honneur de notre famille perdu. Peu à peu, il s'est laissé entraîner par la doctrine anti-juifs et les propos d'Hitler. Il n'a jamais comprit que nous avions plus besoin de lui que de ce satané honneur pour lequel il se battait, expliqua Drago.

Harry ne répondit rien. Que pouvait-il y avoir à répondre à cela de toute façon ? Drago continua en soupirant :

- Tu sais, je t'admire beaucoup. J'aimerais avoir le courage de m'opposer à mon père, surtout en ce moment.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Harry en fronçant les sourcils.

Drago garda le silence et s'apprêtait à tout expliquer quand il entendit une voix familière l'appeler. Il se retourna et se trouva nez à nez avec son ami Blaise.