La Vie Désespérée d'une Empotée

Chapitre 5

Lucia et Philippe se levèrent pour les accueillir.

« Ah, vous voilà ! On vient juste d'arriver nous aussi ! »

Lucia attira sa fille dans un câlin maternel dont elle avait le secret, alors que Philippe et Rayan se serraient la main.

Lucia invita sa fille à s'asseoir à côté d'elle, et Rayan à côté de Philippe. Rayan et elle s'étaient retrouvé assis l'un en face de l'autre. Prune prit une grande respiration, en essayant de ne pas croiser son regard. Décidément, elle mériterait une médaille à la fin de cette soirée si elle n'avait toujours pas craqué.

« Oh, ma petite chérie, tout va bien ? Tu es toute rouge ? s'enquit sa mère en prenant ses mains dans les siennes.

- Maman, oui, tout va bien, juste, la température ici est plus élevée que dehors, c'est pour ça. »

Prune trouvait son excuse presque crédible.

Philippe se tourna vers son ami : « Alors Rayan, enfin on arrive à trouver un créneau pour se revoir. Comment vas-tu ?

- Bien, bien.

- Je vois que vous vous êtes fait avoir par la pluie, remarqua-t-il en pointant la chemise de son ami. On a réussi à se glisser dans le restaurant juste avant que ça n'arrive.

- Oh oui. Et toi ma chérie, tu avais un parapluie ? Tu ne l'as pas partagé avec Rayan ?

- Euh... tangua la voix de Prune.

Rayan indiqua sa veste sur le dossier de sa chaise : « Je lui ai prêté ma veste. »

Les yeux de Philippe allèrent de la veste, à son ami, à sa fille.

« Et certaines disent que la galanterie se perd. »

Il lança un regard appuyé à sa femme qui leva les yeux au ciel. Cela fit rire leur fille. Ils avaient toujours été taquins l'un envers l'autre, et elle était heureuse de voir que ça continuait.

« Changeons de sujet, plutôt. Comment tu vas, ma chérie ! »

Lucia prit sa fille dans ses bras et déposa un baiser sur sa tempe. Elle essuya la trace de rouge à lèvre qu'elle y avait laissé.

« Tes cours, ça va ? Et ton mémoire, ça avance ? »

Philippe se tourna vers son ami : « Nous pouvons demander directement à son professeur : tout se passe bien ?

- Papa, c'est pas une réunion parent-professeur, le gronda sa fille à voix basse.

- Ton père a raison, tu veux jamais rien nous dire, là au moins on peut demander à Rayan.

Le sus-nommé sourit : « Et bien, c'est censé être confidentiel, mais si Prune, vous êtes d'accord...

- Allez-y, de toute façon ils ne vous lâcheront pas avant que vous n'avez pas craché le morceau. »

Lucia fronça les sourcils : « Vous vous vouvoyez ?

- Maman, c'est mon professeur.

- Te, te, te ! Pas de ça ici ! C'est trop bizarre, vous allez pas vous vouvoyez alors qu'on vous tutoie tous les deux ! »

Le professeur et l'élève échangèrent un regard incertain, une seconde de trop qui les mit mal à l'aise. Prune coupa court au charme quand elle se rappela que ses parents, et en particulier son père, les observaient. Elle fit un geste de la main pour signifier qu'elle cédait.

« D'accord, très bien, je t'en prie.

- Appelle-le par son prénom, la foudre ne va pas te frapper si tu le fais » la houspilla sa mère.