J’ai, comme l’acide sur la peau,
Une faim dans mon existence.
Une faim qui me rempli d’angoisse,
D’un feu de brousse, de tous les maux.Je marche sur le bord de la vilaine bête
Dévoreuse d’âme qui médite déjà
Dans ce fossé, les cros aiguisés, ma chute.
Mon amour pensez-vous encore a moi ?J’ai si faim que je me demande
Si mon amour m’a oublié,
Oublié et délaissé pour une amande
Plus que moi belle, fraiche et velouté.Mais pourtant vous m’avez promis de belles
Roses éparpillées sur notre matelas
Portant notre amour, par des chandelles
Illuminé comme notre doux repas.Pourtant vous m’avez promis des promenades
Dans les villes du ciel. Je suis triste ! Pourtant
Votre amour est plus puissant qu’une tornade,
Fort qu’un rocher, est au-delà du temps.Pourtant vous êtes si beau, attentionné et fidèle !
Qu’ai-je fait de travers pour avoir si faim ?
J’ai si faim que je vois venir telle
Un père qui vient chercher sa fille, ma fin.Que vous aiez trouvé une autre plus jolie
Que moi ne me fais point de mal.
La fièvre qui fore sur moi avec son pal
Des portes par lesquelles s’enfuit ma vie,Cette fièvre qui nait de ma violente faim,
Violente et vilaine faim, trouve existence
Dans votre toute présence dans l’absence
Et ne pas vous voir me ronge, m’éteint.Qu’il ait trouvé une autre épouse
Prête et faite pour lui, je n’en suis pas jalouse.
Et comment pourrai-je l’être si son bonheur,
Il le trouve auprès de cette autre fleur.Je n’ai aucune joie autre que la sienne.
Et si pour sa joie je dois souffrir,
Je fais volontiers toutes souffrances mienne.
C’est toute ma vie je veux lui offrir.Vous etes le sel qui donne gout, l’arôme
Qui parfume, vous donnez à ma vie une saveur.
Sans vous je serais bon pour les filles de la Rome
De Ponce Pilate qui dévoreront mon cœur,Ou celles du peuple à la suite de Moise
Dans le désert qui souilleront
Mon âme, et mes désirs iront
Vers des vaux d’or dont je serais épouse.Quoi qu’il arrive, si je ne trépasse de ma faim,
Et même si, je me couvre de l’espérance
Que vous vous montrez à moi, que vos caresses
Me couvrent dans votre amour sans fin.Comme dans un deuil éternel une veuve,
Je coule mon si petit amour dans le grand fleuve
De votre amour qui telles des abeilles m’envahit,
Sans rien vouloir. Dans votre vie je vis.Si le roi de sa couronne, est digne
Le laquais que je suis n’en est pas digne
Pourquoi moi ? je me le demande bien
Trop souvent. Moi qui ne voulais rien.Bien aimé je comble chaque vide
Qui se crée en moi par vous
Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que vous.
Bien aimé, de vous je suis avide.Comme un pauvre affamé
J'ai faim de votre toute présence
Et comme un pauvre assoiffé
J'ai soif de votre amour, toute puissance.Bien aimé quand viendrez-vous
Me chercher afin que je loge
Tout enflammé avec vous,
Brûlant d'une fièvre dans votre loge,D'une fièvre de votre amour
M'embrassant, élevant de Hautes
Flammes de passion nuit et jour
Dans mon cœur ? Ô toutePuissance ! Je ne vis plus déjà
Dans ce pays où je ne vous vois pas
Car voyez vous, je vis le rêve
De ce temps ou vos yeux d'une vive