Je suis malade, vous êtes malade
Et nous sommes tous malades.
J'ai un mal, un mal très généreux
Qui me rend beau et heureux
Un mal qui me fait paraître
Au monde un fou qu'il rêve d'être.
Un fou libre et lucide en balade
Avec le bonheur ! Une promenade
D'un temps, puis d'une éternité.
Je suis malade ! Une folie de félicité
Qui me fait tourner le dos à ce monde
Et aux eaux ténébreuses qui l'inondent.
Je suis malade, vous êtes malade
Et nous sommes tous malade.
Je vois partout dans le noir marin
Des piranhas, des requins
Affamés et assoiffés, immondes,
Remplis d'une haine très profonde.
Ils s'efforcent à rendre blafarde
Leur mer noire et cafarde
Comme une veuve en deuil
En qui la douleur a atteint son seuil,
Et rendent cocu l'innocence
Et salissent la sagesse.
Je suis malade, vous êtes malade
Et nous sommes tous malades.
J'ai un mal, un mal très généreux
Qui me rend beau et heureux
Un mal qui me fait paraître
Au monde un fou qu'il rêve d'être.
Une folie pour moi, pour vous une noyade.
Les eaux sortis de l'abîme, fades,
Montent comme une marré.
La folie m'a muté et j'ai des ailes.
Je vole dans le ciel et dans le noir vous nagez.
De la haut je peux vous dire la vie est belle.
La mort vous offre des aubades,
Et a moi la vie me joue des sérénades.
C'est si simple et bon de vivre comme roi!
Mais il vous est encore plus simple
D'être un esclave, une marionnette en bois.
Je ne vous envie point. Mon bonheur est ample.
Je suis joyeux, joyeux et heureux camarades!
Aujourd'hui je suis rebelle. Demain ma bravade
Sera comprise peut être tardivement,
Mais j'aurai connu le goût du gâteau de la vie,
La vie que vous désirez en vain, cette folie
Que vous condamnée avec tant d'acharnement.
